Solidarité / Mutuelles : Harmonie déploie un plan de 150 millions

Soutien aux entreprises et aux particuliers : le plan de la complémentaire santé basée à Albi (Tarn) est un bon exemple de l’engagement du mouvement mutualiste dans la lutte contre le covid-19.

La première complémentaire santé de France, Harmonie Mutuelle, s’est placée en situation de crise, tournée tout entière vers ses 4,6 millions d’adhérents. Son directeur régional Sud-Ouest de cette mutuelle, basée à Albi (Tarn), Stéphane Kergourlay abonde : “Nous nous organisons face à la pandémie ; presque 100 % de nos collaborateurs sont en télétravail. On constate que la demande de soins a baissé. Les gens consultent visiblement moins leur généraliste et les spécialistes également. Nous faisons en sorte que chacun de nos adhérent ait une réponse, de traiter les dossiers dans les délais.”

Soutien à 60 000 entreprises

Harmonie Mutuelle, qui appartient au groupe VYV, premier acteur mutualiste de santé et de protection sociale en France, a mis en place un plan de solidarité inédit de 150 millions d’euros contre le coronavirus. Il se situe à deux niveaux. Le premier volet concerne “le soutien aux 60 000 entreprises que nous suivons en France avec des reports de cotisations, entre autres. Et qui sont à l’arrêt. Ce sont notamment des TPE/PME”. Pour ne pas altérer davantage les niveaux de trésorerie. Idem pour les contrats de prévoyance, suspendus le temps de la crise.

Fonds de soutien d’urgence de 2 millions d’euros

Stéphane Kergourlay, directeur région Sud-Ouest Harmonie Mutuelle. Ph. StudioTchiz

Plus précisément : “Le paiement des cotisations santé du deuxième trimestre et ce, pendant le temps de cette crise. Cela représente quelque 100 millions d’euros à ce jour.” Stéphane Kergourlay ajoute qu’un “fonds de soutien d’une première tranche de 2 millions d’euros là aussi en faveur des TPE en situation difficile a été mis en place notamment pour couvrir le report de cotisations. Cela concerne “les petites structures, les travailleurs non salariés, les commerçants, auto-entrepreneurs. Ce n’est pas une aide de trésorerie. Nous pouvons leur octroyer de aides exceptionnelles, des exonérations, au cas par cas”.

Six fois plus de téléconsultations

Ce plan de soutien est bien plus vaste. “Nous avons mis en place, précise Stéphane Kergourlay, un plan de soutien à tous les adhérents, salariés, retraités. Il se traduit notamment par un service de téléconsultation ouvert à tous baptisé Mes Docteurs. Cela peut se faire par Skype, mais aussi par téléphone ou chat, en fonction de la pathologie. sept jours sur sept, 24 heures sur 24 heures. Ce qui permet d’avoir un avis médical d’un généraliste ou d’un spécialiste. Sans avance d’argent et remboursé à 100 % même si la Sécurité sociale ne rembourse pas tout.” Et ça marche : “Nous avons constaté six fois plus de demandes de téléconsultations”, confie-t-il.

À ce sujet, le dirigeant d’Harmonie Mutuelle pense que la téléconsultation, pratique déjà amorcée il y a environ deux ans, “va prendre de l’ampleur à l’avenir. On parle beaucoup des déserts médicaux dans les campagnes. Mais il y en a aussi dans les grandes villes avec notamment la difficulté de pouvoir consulter des spécialistes. La crise va accélérer ce processus et renforcer cette solution”, prévoit Stéphane Kergourlay.

Campagnes d’appels pour seniors

Ce n’est pas tout. Harmonie Mutuelle a lancé également un “plan de contact et d’accompagnement de ses adhérents”. Il dit : “Nous avons lancé des campagnes d’appels vers les plus de 60 ans, les premières victimes de l’isolement, plus de 25 000 quotidiennement”. Plus de 54 000 personnes. “Nous les appelons un par un ; nous prenons de leurs nouvelles ; nous mettons à cette occasion-là la possibilité de téléconsultation. On peut les conseiller, les orienter, vers les services d’action sociale, par exemple, si certains ont des problèmes d’argent.” Vers une structure de soutien psychologique ou une assistante sociale pour ceux qui ont besoin d’une aide plus importante.

Plus largement, Stéphane Kergourlay assure qu’il y aura un après avec davantage de solidarité. “Face à une crise qui creuse davantage les inégalités, nous apporterons sans nul doute des nouveaux services dans les hôpitaux, les cliniques, les Ehpad, crèches, etc. Cette question sera au centre du futur plan santé qui visera également à accompagner les plus fragiles d’entre nous. On ne pourra pas faire comme si rien ne s’était passé”.

2 800 établissements s’engagent en France

De son côté, Thierry Beaudet, président de la Mutualité Française – qui représente 540 mutuelles – a déclaré que le mouvement mutualiste avait déployé des solidarités jamais vues : “Dans cette crise sans précédent, nos 2 800 établissements et services mutualistes s’engagent pour soigner les malades du coronavirus, mais aussi pour maintenir l’accès aux soins des plus fragiles et les accompagner à domicile. Des milliers de salariés mutualistes sont sur le terrain chaque jour en première ligne auprès des Français, dans nos hôpitaux, ou centres de soins, nos Ehpad, ou à domicile auprès des personnes en perte d’autonomie ou encore dans nos crèches.”

Les complémentaires santé qui couvrent 35 millions de Français ont mis en place un socle commun de dispositifs, comme la prise en charge des arrêts de travail et le maintien des garanties et des prestations en cas de chômage partiel. Et sont au rendez-vous de la lutte contre cette crise. Avec, par exemple, des initiatives remarquables comme celui de la clinique Beau Soleil à Montpellier qui a déployé des postes pour assurer plus de 90 % de ses consultations à distance. Certains ont également réorganisé leurs Ehpad en maintenant le lien entre personnes âgées et familles. Ainsi la Mutualité française Puy de Dôme a-t-elle lancé une hotline pour les résidants et leurs familles et une autre hotline pour les soignants. De la même manière, la MNH (Mutuelle des hospitaliers) propose une solution de garde avec la start-up Gens de confiance, en dehors des heures classiques d’accueil.

Olivier SCHLAMA

En février dernier, L’UFC-Que Choisir dénonçait une flambée des tarifs des mutuelles et des complémentaires santé. Une “hausse massive médiane de 5 %”, après avoir étudié 500 contrats émanant de 86 organismes différents. Cette hausse correspondrait à environ 80 euros de plus par an et par contrat.