Santé : Chez Harmonie Mutuelle, le reste à charge zéro avec deux ans d’avance

Une agence d'Harmonie Mutuelle à Toulouse. "C'est notre volonté de rendre les contrats plus lisibles, affirme Thierry Maurette. C'est pour cela que nous allons mettre en place un simulateur." Photos : DR.

Dans un secteur opaque dont les offres sont souvent chères et illisibles, la première complémentaire santé de France, société à but non lucratif, s’est engagée à permettre à ses 1,8 millions de particuliers assurés de ne pas mettre la main à la poche. Sans augmenter ses tarifs en 2020, sous réserve que l’Etat ne transfère pas d’autres charges vers les mutuelles.

“Ce n’est pas un coup de com. Le coût financier est important. C’est dans l’ADN de notre entreprise qui fait partie de l’économie sociale et solidaire, à but non lucratif : 20 % des bénéficiaires de la CMU sont assurés chez nous ; nous avons mis en place un fonds d’action sociale pour les plus en difficulté ; nous faisons beaucoup de prévention, etc.”

Directeur du développement d’Harmonie Mutuelle Sud Ouest, située à Albi, dans le Tarn (1), Thierry Maurette souligne que mettre en place de façon anticipée, depuis le 1er juillet, le reste à charge zéro “coûte d’ici 2021 entre 50 millions et 60 millions d’euros à notre mutuelle.” Comment le financer ? Nous économisons sur nos frais de gestion, d’un point par an, entre autres, confie Thierry Maurette, qui ajoute : “Je ne sais pas si ça va nous ramener de nouveaux adhérents mais nous voulions le faire. Cela correspond à nos valeurs”. Et ce n’est pas roupie de sansonnet. Au total, pour l’ensemble des acteurs, la réforme coûtera près de 500 millions d’euros aux mutuelles du secteur.

60 % des Français ont repoussé ou renoncé à se faire soigner durant ces cinq dernières années à cause de ce reste à charge”

Thierry Maurette, directeur du développement Harmonie Mutuelle Sud ouest.

Le reste à charge zéro est voulu par Emmanuel Macron. En ouverture du 42e congrès de la Mutualité française, en juin 2018, le président de la République avait levé le voile sur le financement de ce que les Français doivent payer pour leur santé une fois le remboursement de la “Sécu” effectué dans les domaines dentaire, de l’optique et de l’audition, selon une offre “100 % remboursée” de base. La veille, l’UFC-Que Choisir avait dit toutes ses réserves sur l’impossibilité de comparer les offres des 450 mutuelles aux attitudes commerciales souvent opaque et parfois “malsaines”.

Les complémentaires santé ce sont 40 milliards de cotisations par an, soit 13 % des dépenses de santé. “Nous sommes partenaires de cette réforme baptisée 100 % Santé parce qu’il y a certains chiffres qui montrent de flagrantes inégalités, notamment un : 60 % des Français ont repoussé ou renoncé à se faire soigner durant ces cinq dernières années à cause de ce reste à charge”, explique Thierry Maurette.

Trois-quarts des Français se disent mal remboursés.

Actuellement, sur 100 euros de frais dentaires, le reste à charge représente 35 euros à sortir de sa poche ; 24 euros pour les lunettes et 57 euros pour les prothèses auditives. “Trois-quarts des Français jugent qu’ils sont mal remboursés”, précise Thierry Maurette. La loi va dans le bon sens : “Le panier accessible au zéro reste à charge permettra à l’assuré, par exemple, de choisir entre 17 modèles de lunettes pour les adultes et 10 paires pour les enfants et le tout en plusieurs coloris.”

Harmonie Mutuelle met en place ce reste à charge zéro pour 1,8 million de contrats individuels. Les 2,9 millions de contrats collectifs qu’elle détient seront, eux, à renégocier par les sociétés qui les ont signés au nom de leurs salariés. Pour bénéficier de ce reste à charge zéro, les assurés devront se rendre dans le réseau de la mutuelle, Kalivia, qui comprend 5 200 opticiens, 3 500 audioprothésistes et 3 200 dentistes. “Ils peuvent s’informer par l’application smartphone qui géolocalise ces spécialistes. Il y a aussi des affichettes apposées chez nos partenaires“, ajoute le directeur du développement. “Nous avons aussi un service de télé-consultation gratuit et inclus dans le contrat.”

Nous ne répercuterons pas le coût du reste à charge zéro sur les cotisations (…) Le gouvernement ne doit pas transférer de nouvelles dépenses vers les mutuelles.”

Harmonie Mutuelle, qui appartient au groupe VYV, premier acteur mutualiste de santé et de protection sociale en France, juge cette “loi juste” et s’est engagée à ne “pas augmenter le coût des cotisations depuis deux ans pour les plus de 55 ans, en contrat individuel et hors effet d’âge. Nous ne répercuterons pas le coût du reste à charge zéro sur les cotisations.” Même si une incertitude pèse sur cette promesse en raison de “l’inflation médicale (hospitalisations, médicaments…) qui repart à la hausse et qui doit être mieux maîtrisée. Le gouvernement ne doit pas transférer de nouvelles dépenses vers les mutuelles. Nous devrons tenir compte de ces deux derniers paramètres dans notre décision d’augmentation en 2020″, argumente Thierry Maurette.

En tout état de cause, le responsable du développement de Harmonie Mutuelle a bien conscience de la difficulté pour les particuliers de choisir une mutuelle en toute connaissance de cause car ils ont face à eux un maquis d’offres difficilement comparables d’une mutuelle à une autre. “C’est notre volonté de rendre les contrats plus lisibles, affirme Thierry Maurette. C’est pour cela que nous allons mettre en place un simulateur. Encore une fois, nous ne sommes pas dans un simple remboursement de soins. Nous oeuvrons dans la prévention, nous avons des centres d’appel et nous disposons d’un réseau de 39 agences.” Et d’ajouter : “Notre grande force, c’est justement notre réseau. Le gros enjeu maintenant, ce sont les contrats collectifs. Quelque 60 000 entreprises sont clientes chez nous.”

Olivier SCHLAMA

(1) Harmonie Mutuelle, c’est la première mutuelle santé de l’Hexagone avec 4,7 millions d’assurés.

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