Chronique : Macron exalte le français sans un mot pour l’occitan et les langues régionales…

Emmanuel Macron inaugurant la Cité internationale de la langue française. Ph. P. Baudrier

Avètz dich Villers-Cotterêts ? Le 30 octobre le président a inauguré la Cité internationale de la langue française comme si Occitan, Corse, Basque, Catalan, Alsacien, etc., n’existaient pas, explique dans sa chronique occitane Miquelà Stenta, ex-professeure d’occitan à l’université Paul-Valéry et présidente du Cercle occitan de Sète…

Abans lo varralh [tumulte] mediatic e una estrena [inauguration] presidenciala, quau sabiá onte es aquesta vilòta ? A quau aqueste nom podiá dire quicòm ? Saique [certes], as statjants [habitants] e lors vesins d’un departament de la França prigonda. Saique tanben a d’Occitans, Bretons, Catalans, Basques, Còrses, Alsacians assabentats [au courant] de l’istòria de lor lenga pròpria. Maintenant personne ne peut ignorer ce nom, cette ville, son château qui abrite désormais la Cité internationale de la langue française (1).

Cité internationale de la langue française. Photo: Didier Plowy – CMN

Au prix de quelque deux bonnes centaines de millions d’euros pour la rénovation. La langue française le vaut bien… Et puis, il fallait marquer le séjour à l’Elysée : l’un par l’Institut du monde arabe, l’autre par le Quai Branly, celui-ci par Villers-Cotterêts. À chacun selon sa volonté de marquer l’Histoire.

“Langage maternel françois et non autrement”

Villers-Cotterêts, un nom emblematic, car es aicí qu’en 1539 François premier signèt l’ordonança que l’article 111 estipula. “Et pour ce que telles choses sont souvent advenues sur l’intelligence des mots latins contenus esdits arrests, nous voulons d’oresnavant que tous arrests, ensemble toutes autres procédures, soient de nos cours souveraines et autres subalternes et inférieures, soient de registres, enquestes, contrats, commissions, sentences, testaments, et autres quelconques, actes et exploicts de justice, ou qui en dépendent, soient prononcés, enregistrés et délivrés aux parties en langage maternel françois et non autrement.”

Cité internationale de la langue française. Photo: Didier Plowy – CMN

Òc-ben, se ditz que la volontat reiala èra de permetre a tota la populacion de compréner los actes administratius redigits en latin, lenga das sabents. Los redigir en “langage maternel françois et non autrement” los deviá rendre de bon legir.
Òc-ben, l’intencion es de reténer. Mas, quau parlava e legissiá lo “langage maternel françois” dins lo reiaume ?

Peu de gens, sinon les habitants de l’Île-de-France et encore pas tous, loin s’en faut ! Le résultat c’est que la compréhension des textes administratifs restait le privilège de certains, que le “langage maternel françois” devenait le seul officiel à l’encontre du latin mais aussi de toutes les autres langues parlées et écrites dans le royaume qui se retrouvaient de ce fait interdites d’écriture.

La langue de la République est le français” Circulez, Occitans, Basques, Catalans, Corses, Alsaciens et Créoles, il n’y a rien à entendre…”

La lenga coma otís de la centralizacion etatica. Entau nais lo sentiment d’illegitimitat dins las populacions que parlavan e escrivián d’autras lenga istoricas. Et croyez-vous que cette ordonnance de 1539 est tombée aux oubliettes de l’Histoire ? Que nenni ! Elle resurgit en 1992 avec la loi Toubon et l’article 2 de la Constitution, cette fois-ci encore plus laconique : “La langue de la République est le français.” Circulez, Occitans, Basques, Catalans, Corses, Alsaciens et Créoles, il n’y a rien à entendre. E pasmens, aquestas lengas s’ausisson [s’entendent] dins las populacions, s’aprenon, s’illustran per de creators en literatura, musica, teatre, son vivas totjorn, participan a la riquesa plurilengüa das países concernits…
Circulez… article 2 de la Constitution…

Miquelà STENTA

  • (2) Près de sept ans après en avoir formulé le projet, plus de trois ans après le début des travaux, et après moult reports, Emmanuel Macron a inauguré, lundi 30 octobre, son grand œuvre, la Cité internationale de la langue française, dans le château restauré de Villers-Cotterêts (Aisne). Un moment qu’il a “longtemps attendu”, a glissé le président de la République à son arrivée. et c’est dans ce château, à 80 kilomètres de Paris, que François Ier a signé, en 1539, l’ordonnance imposant le français dans les textes juridiques. Pour le président de la République, la langue française,“langue de liberté et d’universalisme”, est “un ciment”.

Dis-Leur ! en langue d’Oc… !

 

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