Chronique occitane : Ah ! Joli mois de mai et ses chants d’amour d’autrefois !

Ah ! La coutume du mois fleuri ! Qui est au coeur de la chronique de la Sétoise Miquelà Stenta, ex-prof d’occitan à l’université de Montpellier, et présidente du Cercle Occitan de Sète.

Les jeunes gens iront-ils “planter le mai”, l’arbre fleuri, devant la porte des demoiselles ? Peu probable… Car la coutume a changé. Risca pas res, qu’aquò se fai pas mai

Mât orné de feuillage et de fleurs…

Il en reste pourtant une survivance : les petites communes honorent leur élu(e), le maire souvent, en plantant devant sa maison un mât orné de feuillage et de fleurs et du drapeau français. Encara que siaga pas sistematic… Siam passats de l’omenatge a la joinessa e a l’amor a la celebracion de la fonccion administrativa.

Les jeunes femmes iront-elles chanter et danser sur les places et dans les rues ? Peu probable… On ne les entendra pas rire en chantant : “A la via, a la via, gelós, laissatz-nos balar entre nos” – “Ouste, ouste, jaloux, laissez-nous danser entre nous”

“Quand le jaloux sera dehors…”

Ou encore : “Quand le jaloux sera dehors, bel ami, venez auprès de moi.”
Quand lo gelós èr fòra, bèl amic, venètz-vos a mi.”

Le jaloux étant l’époux, bien sûr ! Vertat es que siam pas mai a l’edat mejana. Peut-être faudrait-il voir si les réseaux sociaux se font l’écho de cette euphorie populaire si revivifiante…

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Vertat es que la religion catolica a recuperat aqueste mes de las femnas en ne fasent lo mes de Maria… De qu’i auràn pas perdut, las femnas … !

Les trobadors d’aujourd’hui iront-ils sur les podiums lancer des chants d’amour aux thèmes printaniers ? A, lo temps novèl… Le temps nouveau, le renouveau de la nature et de la puissance de vie, ce novelum/novèl lum (renouveau/nouvelle lumière) qui nous fait tant besoin après deux années sombres…

Les oiseaux chantent chacun en son langage, selon la façon du chant nouveau”

Il l’avait bien dit, écrit, chanté, le premier des  trobadors, Guilhem IX, comte de Poitiers et duc d’Aquitaine (1071-1126) : Avec la douceur de la prime saison, les arbres mettent leurs feuilles et les oiseaux chantent chacun en son langage, selon la façon du chant nouveau…
Amb la doçor del temps novèl fòlhan li bòscs e li ausèl chantan chascun en lor latin,segon lo vèr del novèl chant…

La sagesse populaire lui fait écho, dans un registre plus terre à terre : à la pâquerette, on marie la belle. A la pimparèla, maridan la bèla.

Et encore : “À la saison du coucou, aussitôt mouillé (plu), aussitôt séché.”
“A la sason del cocuttan lèu plogut, tan lèu eissut.”

Miquèla STENTA (Setòria)

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