Hérault/Gard : Le “RER métropolitain” de Montpellier veut démultiplier les offres de transports

Ce jeudi tous les acteurs politiques de l’Hérault ont signé un engagement : candidater au Serm (Services express régionaux métropolitains). Il s’agit de renforcer et de densifier comme jamais tous les moyens de transports existants dans une partie de la région Occitanie : Montpellier, Sète, les Hauts-Cantons de l’Hérault et le Gard en favorisant les intermodalités. Près d’un million de personnes sont concernées. Un panel d’offres pour aussi inciter les habitants à moins utiliser la voiture. Reste le feu vert de l’État et le financement…

Après Toulouse, Montpellier. Aux Premières rencontres de Mobilités urbaines et territoires, à Toulouse, le 24 janvier, les responsables politiques avaient défendu l’idée d’un “RER métropolitain” dans la Ville Rose, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI. Pour libérer l’aire urbaine d eToulouse de ses satanés bouchons en offrant un panel de transports alternatifs à la voiture. Ce ne sera pas un train de banlieue mais un plan pour une meilleure accessibilité à la métropole, améliorer les interconnexions et, pour cela, créer de nouvelles infrastructures.

Le dossier a été déposé en mars pour une décision dans l’été. Reste l’épineuse question du financement qui se monte à au moins plusieurs centaines de millions d’euros… Jean-Luc Moudenc, en mars dernier, avait précisé que, selon “les élus spécialistes de la question, le coût serait davantage autour de 15 milliards d’euros voire 30 milliards d’euros…”

Toulouse et Montpellier : “Deux projets à égalité”

Les élus à l’unisson. Photo : Gilles Lefrancq, Région Occitanie

À Montpellier, même combat : faire sauter les bouchons dans des agglomérations parmi les plus embouteillées de France. “Il n’y aura pas de guerre de territoire ; il nous faut les deux Serm, à Toulouse et Montpellier”, a formulé Jean-Luc Gibelin. Ce jeudi, là aussi, des rencontres ont été organisées pour montrer la force de frappe de tout ce que le bassin montpelliérain et son aire d’attraction comptent d’élus convergeant vers “un consensus politique”, comme l’ont dit Michaël Delafosse, maire de Montpellier, et Jean-Luc Gibelin, vice-président de la la Région Occitanie. Sur ce territoire de bientôt un million d’habitants (+ 1,7 % par an) comprenant les hauts cantons de l’Hérault, l’est de ce département et une bonne partie du Gard et qui frôle les 170 000 déplacements quotidiens, “il faut une labellisation de l’État au même titre que le projet en étoile de Toulouse. Ce sont deux projets à égalité. Il faut aussi qu’ils soient financés…”, a expliqué Jean-Luc Gibelin rappelant que toutes les communautés de communes, tous les acteurs politiques de ce territoire ont signé des deux mains.

Trains, bus, métro, tram, vélo…

Photo : DR.

C’est là que le bât blesse. Le gouvernement – la loi a donné corps au futurs Services express régionaux métropolitains (Serm) le 18 décembre 2023 – explique qu’il y aura, grosso modo, un projet validé pour chacune des treize régions françaises. Et ne prévoit de débloquer que roupie de sansonnet : à peine 767 M€ pour l’ensemble des projets alors que chacun se chiffre en milliard d’euros… Il s’agit de densifier le réseau de transports en communs.

Trains, bus, métro, tram, vélo mais aussi par des voies dédiées aux vélos et aux bus. C’est aussi bénéficier de davantage de fréquences de trains (on évoque 10 minutes à 15 minutes aux heures de pointe) ; plus tôt et plus tard dans la journée ; optimiser les intermodalités et surtout investir fortement dans des infrastructures et du matériel roulant…

Un projet pour les dix ans à venir. Et dont la réponse définitive sera donnée d’ici la fin de l’année. Par ailleurs, vice-président de France Urbaine, chargé des mobilités, Michaël Delafosse s’est doit très rassuré par les échos du gouvernement, y compris parce que l’actuel ministre des Transports, Patrice Vergriete, qui fut maire de Dunkerque, a montré le chemin de la gratuité des transports en commun que Montpellier a suivi.  Et qu’il “sait qu’il faut accompagner les territoires sur ce sujet. Ce Serm ne peut pas nous échapper”.

Huit trains de plus par jour entre Montpellier et Nîmes, douze de plus entre Sète et Nîmes

La Région considère le train – mode de transport le moins polluant -comme une vraie chance pour la mobilité en Occitanie. Photo Gilles Lefrancq-Région Occitanie

Jean-Luc Gibelin encore : “Le projet montpelliérain est très original puisqu’il relie des communes, des agglos, etc.” Il s’agit d’ajouter huit trains de plus par jour entre Montpellier et Nîmes, ligne sursaturée, et douze supplémentaires entre Sète et Nîmes aux heures de pointe ; d’en profiter pour augmenter l’amplitude, de 5 heures à 23 heures (Carole Delga évoque plus de 100 trains par jour). De la même façon, de permettre à des “cars express” de circuler si possible sur des voies dédiées, entre 6 heures et 22 heures, etc.

Michaël Delafosse : “Un engagement historique”

Google street view à Sète. Ph. Olivier SCHLAMA

Président de la métropole, Michaël Delafosse a parlé d’un “engagement historique : pour la première fois nous sommes tous ensemble, tous les élus, ici pour parler mobilités”. De quoi dire à l’État que le chemin est à demi-parcouru : “La gouvernance est unie. C’est un défi qu’il faut prendre à bras-le-corps (…) Les gens se moquent des limites administratives ; ce qu’ils veulent ce sont des solutions à leurs déplacements : une meilleure offre de transport, de la performance. C’est de l’aménagement du territoire.”

Le maire de Montpellier a redit qu’un “titre de transport unique, simple, lisible, sur smartphone, sera indispensable.” Et d’ajouter : “Nous avons la plus grande croissance démographique du pays ; pendant longtemps ce sont les acteurs locaux qui ont financé les infrastructures. Alors, oui, la LGV, c’est enfin engagée mais si Macron veut répondre à l’urgence écologique et sociale, il faut que ce dossier soit retenu, labellisé et financé par l’État.” Il dépend aussi de l’avancement de la LGV censée libérer des sillons.

Lancer des “cars express”, récupérer l’ex-A 9

Michaël Delafosse a pris plusieurs exemples comme des “cars express” qui pourraient se concrétiser en site propre à l’ouest de Montpellier et qui est très intéressant : “Nous avons demandé que sur cette nouvelle route soit réservée une voie pour les bus qui pourraient se raccorder aux lignes 3, 5 et 1 du tramway jusqu’à la gare SNCF Sud de France. Il a aussi évoqué le devenir de l’ex-A 9, devenue boulevard urbain mais qui a gardé son statut d’autoroute… L’idée, c’est que l’Etat rétrocède ce ruban de bitume à la métropole ou à la région pour pouvoir y faire des travaux et la dimensionner, par exemple au rond-point du Zénith, comme à Lyon ou Grenoble, avec une voie d’insertion à Odysséum.”

Olivier SCHLAMA

Le “RER” plébiscité par les habitants

Selon un sondage Ifop sur les transports et habitudes de déplacement des habitants de l’aire urbaine de Montpellier, les usagers disent “oui” au Serm Montpellier Méditerranée !
– 46 minutes, c’est le temps de trajet quotidien moyen exprimé par les répondants ;
– 69 % des répondants utilisent majoritairement leur voiture individuelle pour leurs trajets du quotidien vers Montpellier ou autour de Montpellier ;
– 71 % des habitants sont satisfaits des transports en commun en Occitanie, contre une moyenne nationale de 64 % ;
– 49 % sont prêts à se séparer de leur véhicule individuel pour les trajets du quotidien ;
– 49 % des habitants ont renoncé à prendre les transports en commun en raison des horaires non adaptés et 40% en raison d’une mauvaise desserte ;
– Le temps, le coût et l’accessibilité sont les 3 critères primordiaux dans leur choix de transport au quotidien ;
– 85 % sont favorables au développement de RER métropolitains en Occitanie.

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