Toulouse : Delga, Moudenc et Vincini candidatent ensemble pour un “RER” métropolitain

Usager des transports en commun LIO sur le quai de la gare de Toulouse (31).Région Occitanie

Réunis aux Premières rencontres de Mobilités urbaines et territoires, à Toulouse, les responsables politiques veulent une meilleure accessibilité à la métropole, améliorer les interconnexions et, pour cela, créer de nouvelles infrastructures. Le dossier sera déposé en mars. Reste la question du financement qui se monte sans doute à plusieurs milliards d’euros…

La proposition de loi sur les Services express régionaux métropolitains (Serm) a été votée à l’unanimité par le Sénat le 18 décembre 2023, quelques jours après son adoption à l’Assemblée nationale. Elle donne un cadre juridique à ces grands projets, l’équivalent en régions des RER en Île-de-France. “Ce seront dès 2024 des investissements concrets pour plus de transports publics partout en France !”, avait salué sur X (ex-Twitter) le ministre des Transports, Clément Beaune, désormais pris au mot par les responsables politiques de la Région Occitanie.

Obtenir l’un des douze RER métropolitains de l’Hexagone, rebaptisés Serm

Dans Dis-Leur !, le vice-président chargé des transports, Jean-Luc Gibelin, affirmait le jour de Noël 2023 : “Les RER Métropolitains, c’est une nécessité, un besoin en Occitanie.L’objectif ? Ce ne seront pas des RER comme en région parisienne avec lignes dédiées. Ce principe édicté par Macron pour faciliter l’accès aux grandes villes et convaincre les gens d’utiliser les transports plus propres pourrait améliorer sensiblement l’interconnexion de tous les moyens de transports dans la Région.

Carole Delga aux Rencontres de la gauche, Bram, le 1er octobre 2023. Photo : Olivier SCHLAMA

C’est dans ce contexte que Carole Delga organisait ce mercredi 24 janvier les Premières rencontres de Mobilités urbaines et territoires, à Toulouse. Dans un point presse avec Jean-Luc Moudenc, qui préside la métropole, et Sébastien Vincini, qui préside, lui, le département de la Haute-Garonne. L’occasion de lancer solennellement la candidature d’ici le mois de mars de Toulouse pour obtenir l’un des douze « RER » métropolitains dans l’Hexagone, rebaptisés Serm (Service express régional métropolitain). Le dossier devra être déposé en mai pour une conférence de financement en juin.

Densifier le réseau de transports en communs, davantage de fréquences de trains, LGV…

Tous les indicateurs concourent à un feu vert du gouvernement. La présidente de la Région Occitanie, Carole Delga a rappelé que “la Région Occitanie connaît la plus forte croissance démographique de France et ce, depuis des années, et c’est la région dans laquelle l’Etat a le moins investi en matière de transport.” Par cette candidature, il s’agit de “bien faire comprendre les enjeux, le bon dimensionnement du projet et son financement”. S’appuyant sur un sondage Ifop pour la Région Occitanie stipulant que 42 % des habitants sont prêts à renoncer à utiliser leur véhicule personnel pour les trajets du quotidien. Et 91 % de la grande aire urbaine  toulousaine plébiscitent la création d”un tel Service express régional métropolitain.

Métro Tisseo, à Toulouse. Ph. Tisseo

Qu’est-ce sera donc ce Serm ? En clair, il s’agit de densifier le réseau de transports en communs. Trains, bus, métro, tram mais aussi par des voies dédiées au vélo. Cela comprend aussi la création de la LGV et “je ne parle pas des aménagements ferroviaires du Nord toulousain sur 17 km ; il pourrait y avoir le renforcement des lignes ferrées existantes. C’est aussi bénéficier de davantage de fréquences de trains (on évoque 10 minutes à 15 minutes aux heures de pointe) ; plus tôt et plus tard dans la journée ; optimiser les intermodalités et surtout investir fortement dans des infrastructures et du matériel roulant…” Un projet pour les dix ans à venir.

Vers un titre de transport unique

“Et, a ajouté Carole Delga, nous voulons aller vers un titre de transport unique sur ce territoire, a avancé Carole Delga. Ce qui réunit ces responsables politiques “c’est cette volonté commune” (…) et la nécessité absolue de ces investissements. Car avec les 700 M € annoncés par le gouvernement pour l’ensemble des SERM du territoires, on est très loin du compte…” Jean-Luc Moudenc a précisé que, selon “les élus spécialistes de la question, le coût serait davantage autour de 15 milliards d’euros voire 30 milliards d’euros…”

Cinq points de connection entre train et métro avec des “gares-stations

Le maire de Toulouse a rappelé qu’en Occitanie, “on n’a pas attendu cette loi. Que la question des mobilités a déjà fait l’objet d’une étude multimodale pour améliorer la situation dans l’Agglo toulousaine” tant pour résorber les bouchons que pour des questions environnementales. “Cela fait neuf ans déjà que l’on s’y penche.” Il a évoqué la création de cinq points de connection entre le train et le métro dans l’agglomération toulousaine, avec des “gares-stations“.

Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de la Métropole. Photo d’archive : Olivier SCHLAMA

En substance, Jean-Luc Moudenc a expliqué qu’actuellement les bus de Tisséo, sa régie de transports, embarque “davantage de personnes que tous les TER d’Occitanie {mais moins loin, Ndlr}. Avec cette Serm, il faut aller capter des personnes qui viennent à Toulouse pour des raisons professionnelles de 30 km, 40 km ou 50 km. Et nous devons répondre à plusieurs questions : quel en sera le bénéfice pour réduire la congestion auto ? Quel en sera le bénéfice environnemental ?”

“Ce n’est pas qu’une question de RER. Il faut regarder plus loin”

Bus Tisseo, à Toulouse. Ph. Tisseo

De son côté, Sébastien Vincini, président du conseil départemental de Haute-Garonne, s’est dit “heureux. Je serai un allié solide sur ce dossier. Il y a un an, j’avais dit que la question des mobilités est centrale.” Sa collectivité, comme les autres départements, n’a plus la compétence transport mais “il sera pleinement aux côtés” de la région et de Toulouse. Il y a urgence, note-t-il également. “Et même si on réalisait tout ce qui a été prévu, on sait qu’en 2035 on aurait quand même + 12 % de gaz à effet de serre…” Il a ajouté : “Ce n’est pas qu’une question de RER. Il faut regarder plus loin.” Transports interurbains. Multimodalité généralisée.

“D’ici 2027, a-t-il encore confié, notre but c’est de créer 3 000 places de plus dans des aires de covoiturage pour que les Haut-Garonnais soient à moins d’un quart d’heure d’une aire.” Ce serait contre-productif en effet d’aller plus vite à son travail en voiture – malgré les bouchons – que de se rendre dans une gare pour attraper un train pour Toulouse… “Il y a besoin de densifier les transports urbains”, a-t-il résumé.

“Le Grand Paris Express. Remarquable. Un modèle à suivre”

Les socialistes Sébastien Vincini, président du département de Haute-Garonne, et Nicolas Mayer-Rossignol, secrétaire national délégué du PS aux Rencontres de Bram. Ph. Olivier SCHLAMA

Sébastien Vincini a ajouté : “Les solutions, nous les avons, peut-être pas toutes. Il y a deux ans, les mobilités, je n’y connaissais rien, seulement ce que peut en connaître quelqu’un comme moi qui habite à 40 km de Toulouse et perd une heure dans les bouchons le matin et une heure le soir. Depuis un an, j’ai appris. J’ai vu le Grand Paris Express. Remarquable. Il y a 20 ans, il n’existait pas. Là, il y a deux lignes supplémentaires, quatre lignes de métro prolongées ; une nouvelle ligne de RER avec des moyens considérables. Ce sont des modèles à suivre. Je suis heureux mais vigilant.” 

“Notre combat, la fiscalité, le portage et le financement”

Car le financement est loin d’être acquis. Jean-Luc Moudenc a rappelé, à ce titre, qu’il y a toujours Paris et la province… Que l’Ile-de-France a bénéficié, par exemple, d’un meilleur forfait mobilité,déplafonné alors qu’ils y avaient des taux supérieurs. Dès lors que l’on a créé des Métropoles, il y a dix ans, qu’on leur demandé d’investir dans les transports du quotidien, il faut leur donner des moyens en plus. Le nerf de la guerre… “Notre combat, a renchéri Carole Delga, c’est la fiscalité, le portage et le financement” du projet.

Olivier SCHLAMA