(Avec vidéos). L’Association pour la sauvegarde du patrimoine d’Ariège-Pyrénées a lancé 9 G, un réseau de bénévoles qui signalent la présence de l’ours. Pas plus tard que mardi, un plantigrade s’est attaqué à une ruche en présence d’un agent de l’OFB ! Magali Lacube, qui faisait aussi partie de la délégation d’études de l’ours en Italie, réclame, après Christine Téqui, une régulation de l’animal.
Mieux qu’une carte d’état-major ! Jeudi 23 mai “signalement gros ours à proximité du sentier GRP Tour du Biros, entre la cabane d’Illau et l’étang d’Arain. En ce week end d’ouverture de la pêche en lac, randonneurs et pêcheurs, soyez prudents !” C’est le message digne de la précision d’un GPS que relaie sur les réseaux sociaux Magali Lacube qui a fait partie de la délégation dans le Trentin dont Dis-Leur vous a parlé ICI. Le message émane de Aspap Ô montagnard Garde ta Liberté. Ajoutant : “Au moins sept ours sont identifiés officiellement sur la seule commune de Sentein en 2023. Les neuf mentions “indéterminé” correspondent aux ours dont l’ADN n’a pas été identifié.” S’ensuit une liste d’ours identifiés, dont les noms sont connus de tous les habitants : mâle Boet, mâle Bonabé, femelle Gaïa…
9 G, réseau de bénévoles qui détecte l’ours dans les neuf vallées
Administratrice de l’Aspap, Magali Lacube, est aussi l’épouse de Philippe Lacube qui préside aux destinées de la chambre d’agriculture. Aspap (Association pour la sauvegarde du patrimoine d’Ariège-Pyrénées), c’est une association “canal historique” définit-elle, des opposants à la réintroduction de l’ours et 9 G, c’est un “réseau bénévoles dans les Pyrénées-Ariégeoises qui depuis 2023 détecte la présence de l’ours dans chacune des neuf vallées du département et qui signale la présence de plantigrades près de l’homme” pour se sentir un peu plus en sécurité : un parking, un chemin de randonnée fréquenté, une maison…
Un agent de l’OFB jette des pierres sur l’ours !
C’était le cas mardi dernier, au hameau de Ranet, sur la commune d’Auzat, où un ours a fait fi de la présence humaine pour attaquer une ruche ! En témoigne une vidéo prise par la voisine du propriétaire et dont le conjoint élève des chèvres. “Ce qui est cocasse, commente Magali Lacube, c’est que cela s’est passé en présence du propritéaire et d’un agent de l’OFB. Ce dernier a même, de peur, lancé des pierres en direction de l’ours ! On voit que sur une papier, c’est une chose ; sur le terrain, c’en est une autre…”
Ces détracteurs de la réintroduction de l’ours sont sur la même longueur d’ondes que la présidente du conseil départemental de l’Ariège, Christine Téqui, qui s’alarmait dans Dis-Leur il y a quelques jours : “Si l’Etat ne veut pas parler de régulation, il y aura des morts”.
Depuis sa réintroduction en 1995, la population d’ours a fortement augmenté dans le massif des Pyrénées, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI. Sur une centaine de prédateurs, environ 80 sont répertoriés en Ariège, et plus particulièrement dans le Couserans. La prédation exercée par les ours en estive met à mal les activités humaines, pastorales, touristiques ou encore économiques en montagne.
L’OFB dénombre 76 individus
Plus précisément : avec 76 individus dénombrés par l’Office français de la biodiversité, on assiste à une vraie dynamique dans le massif. Mais la population de plantigrades n’est pas encore viable, selon le directeur de l’association Pays de l’Ours-Adet. Alors que l’ours est responsable, en 2022, de 331 attaques pour 590 animaux tués ou blessés sur le cheptel domestique, l’État met davantage de moyens pour mieux protéger les troupeaux et former les bergers.
“Un juste équilibre”
“Il faut un plus juste équilibre, reprend Magali Lacube, autre vidéo à l’appui ICI. L’ours est super protégé et l’homme est abandonné. Certes, en France, le Code du travail est lourd et sévère mais quand il s’agit de l’ours, on n’hésite pas à envoyer des bergers travailler au milieu des ours et ils n’ont même pas le droit de porter une arme. Cela dit, dès cet été, il devrait y avoir des changements : sans doute que “la bombe à poivre” pourrait être introduite, comme en ont les rangers, au Canada dans les parcs nationaux, même si ceux-ci ne sont pas habités. C’est une espèce de petit extincteur rempli avec une forte concentration de piment de Cayenne auquel l’ours est très sensible…”
Quant à la première des deux réunions publiques, vendredi 24 mai, à Trein d’Ustou que Dis-Leur avait annoncé, Magali Lacube explique qu’elle a fait le plein. “Les gens – une bonne centaine de personnes – étaient, relate-t-elle, surtout intéressés pour savoir quel comportement il faut adopter face à l’ours si on en rencontre un. Les gens ont exprimé leur peur et ils avaient une attente en matière de sécurité. Marcher avec des clochettes, se coucher au sol… Même si ce n’est pas à nous de le faire ! Mais comme l’OFB – qui a refusé de nous répondre…, Ndlr – ne le fait pas, nous le faisons. C’est l’une des raisons d’être du réseau 9 G. C’est aussi pour cela qu’a été créé le Parlement avenir montagne.”
Olivier SCHLAMA
(1) Prochaine réunion : vendredi 7 juin à Auzat à 18h30
À lire également sur Dis-Leur !
Ours/Ariège : Christine Téqui : “Si l’État ne veut pas parler de régulation, il y aura des morts”
Ours : 4 M€ pour protéger les troupeaux et 350 000 € pour indemniser les éleveurs