Territoires : Montpellier, Sète, Agde partenaires pour mieux répondre aux besoins des habitants

Michaël Delafosse comme François Commeinhes ont listé des besoins pour les habitants autour de sept thèmes, comme celui des moobilités, pointant le fait qu'il n'est pas normal qu'il n'y ait plus de TER après 20 heures pour revenir chez soi après un concert, à Sète comme à Montpellier. Ici, le très fréquenté théâtre de la Mer, à Sète, Août 2023. Ph. Olivier SCHLAMA

Pour un “développement harmonieux du territoire”, le législateur a inventé des “contrats de réciprocité”. Leur but : coopérer puissamment pour relever les nombreux défis ensemble : culture, logement, gestion de l’eau, déchets, économie, tourisme, mobilités, sport, espaces et risques naturels… C’est sur ce territoire qu’il y a presque 20 ans échouait la Super Agglo imaginée par Georges Frêche.

Les temps changent. Désormais, les territoires “coopèrent” davantage qu’ils ne s’ignorent ou, pire, se concurrencent, a ainsi exprimé Michaël Delafosse, maire PS de Montpellier. “Quelque chose a changé, a-t-il ajouté. Le modèle de compétition territoriale est obsolète ; il faut aller vers un modèle de coopération ; les défis sont trop nombreux.” Et, comme autre précepte : “Il faut qu’on nous voie ; faut être cohérent : ici, nous sommes dans un territoire avec la plus forte croissance démographique du pays. Il y a Toulouse et nous. Il faut maîtriser, accompagner ce boom démographique de l’Hérault.”

700 000 habitants : moitié de la population de l’Hérault

Lors de la présentation ce mardi de ce contrat de réciprocité entre les trois intercommunalités. Ph. Olivier SCHLAMA

Cette coopération qui “formalise des habitudes de travail”, cela s’appelle dans le jargon administratif un “contrat de réciprocité” qui, aux dires du maire de Montpellier est la première initiative du genre depuis la Mission Racine qui a organisé nos stations littorales. C’est un engagement qui, sur en l’occurence sept axes forts vise à trouver des solutions communes et concrètes pour les administrés. Il a été signé ce mardi pour cinq ans entre la Métropole de Montpellier, l’Agglopôle de Sète et Hérault Méditerranée, autour de Agde. Soit quelque 700 000 habitants, la moitié de la population de l’Hérault, sur 200 communes. Cet engagement précèderait-il un possible engagement plus fort entre ces trois intercommunalités voisines ?

Super Agglo ? “On avance step by step et plus si affinités”

Il intervient, en tout cas, presque vingt ans après que la “Super Agglo” voulue par Georges Frêche, de Lunel à Sète, eut échoué. Pour le président de l’Agglopôle, “on avance step by step et plus si affinités”, a dit mardi François Commeinhes, maire de Sète, qui en a vu d’autres et qui avait subi les avanies, y compris dans son camp, quand le préfet avait repoussé, le 21 septembre 2005, le projet de fusion entre Sète et Montpellier.

À l’époque, Georges Frêche, président (PS) de Languedoc-Roussillon, François Commeinhes, maire (UMP) de Sète, et le président (Verts) de la communauté de communes du nord du bassin de Thau, Yves Pietrasanta, rêvaient de fusionner leurs trois “agglos”. De quoi servir de base pour quelques années plus tard créer une Super Agglo jusqu’à Lunel et peser économiquement dans l’Hexagone, en devenant la 8e communauté urbaine du pays. Las…

Accélérateur pour les uns, menace d’une perte d’identité pour d’autres

Michel Arrouy, Michaël Delafosse, François Commeinhes, lors de la présentation ce mardi de ce contrat de réciprocité entre les trois intercommunalités. Ph. Olivier SCHLAMA

Leurs partis respectifs se méfiaient des appétits d’ogre de l’ancien maire de Montpellier. Pour les uns, il s’agissait d’un projet porteur d’avenir, d’accélérateur pour le développement du bassin de Thau, pour les autres, d’une menace et d’une perte d’identité… Il y a donc presque 20 ans, sous l’impulsion de l’ex-maire UMP de Balaruc-les-Bains, Didier Sauvaire, le bataillon des opposants n’avait cessé de grossir, le plus souvent formé d’élus de petites communes, inquiets à l’idée de perdre du pouvoir, notamment en matière d’urbanisme et de délivrance des permis de construire.

Anormal qu’un Montpelliérain qui veuille venir voir un spectacle au Théâtre de la Mer – et vice-versa pour un Sétois à Montpellier – ne puisse pas revenir chez lui en TER parce qu’il n’y en a plus après une certaine heure…”

Le but de ce contrat de réciprocité avait auparavant entamé, en substance, François Commeinhes, c’est afficher “un meilleur dynamisme et une meilleure attractivité du territoire (…) Comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, nous cela fait longtemps que nous avons des liens de coopération avec la Métropole et Hérault Méditerranée. Ce document, c’est un “référentiel commun” pour apporter des solutions concrètes”, citant les agences d’attractivité : Blue associant Sète et Agde ou l’agence d’Attraction (Montpellier). Pour prolonger intelligemment des pistes cyclables dans ce vaste territoire ; y améliorer les mobilités douces et les mobilités tout court. “Il est anormal, diront les maires de Sète et de Montpellier de concert, qu’un Montpelliérain qui veuille venir voir un spectacle au Théâtre de la Mer – et vice-versa pour un Sétois à Montpellier – ne puisse pas revenir chez lui en TER parce qu’il n’y en a plus après une certaine heure…”

Capitaliser sur les projets déjà imaginés

Train Regiolis TER Occitanie en gare de l’Isle-Jourdain (32)

Il s’agit aussi de capitaliser sur les réflexions déjà menées et de mettre en oeuvre des projets communs qui n’ont pas pu voir le jour, comme ceux imaginés dans le cadre de la candidature de Montpellier-Sète, capitale européenne de la Culture. Ne pas s’arrêter à cet échec mais au contraire positiver et se servir de cette expérience pour “accélérer” ces projets ; proposer des circuits culturels et touristiques comme des expos ; des peintres en résidence ; porter des idées communes pour répondre à la demande de l’industrie des séries TV et des films réalisés in situ ; réfléchir ensemble à la chance d’un futur RER métropolitain et à “l’épine dorsale” que constitue la future LGV ; un meilleur cadencement du TER, donc. Il y a aussi les questions “du siècle” : l’eau, les déchets, dont “les coûts explosent et les technologies qui évoluent”. Sans oublier le tourisme (Gérard Canovas, maire de Balaruc-les-Bains, a fait remarquer que “l’on connaît mieux sa première station thermale de France eu niveau national qu’à Montpellier”), avec des trésors cachés comme le Canal du Rhône à Sète. Sans parler de l’emploi et du logement.

J’ai une conviction : il ne faut rien imposer. Il faut construire. C’est le préambule à toute chose”

Michaël Delafosse, maire de Montpellier

Alors, cette coopération renforcée sera-t-elle la dernière étape avant une éventuelle Super Agglo dans quelques années…? Marqué par son “compagnonnage” avec l’Imperator, le maire de Montpellier avance sur des oeufs et pèse ses mots : “J’ai une grande dette envers Georges Frêche. Mais j’ai une conviction : il ne faut rien imposer. Il faut construire. C’est le préambule à toute chose.” Et de ramener à ce contrat de réciprocité : “Ce que je peux dire, c’est que lorsque j’étais prof au lycée Paul-Valéry, à Sète, salle 43, c’était déjà compliqué à l’époque d’y venir en train. C’est ça qu’il faut faire : régler les problèmes des gens.” Et de rappeler que “l’état d’esprit, aujourd’hui, encouragé en coulisses par l’Etat, c’est d’avoir un territoire “harmonieux”.

Notre ville est pleinement ancrée dans le bassin de Thau mais aussi très tournée vers Montpellier. Cette coopération va nous permettre de répondre aux attentes de notre population”

Michel Arrouy, maire PS de Frontignan

Revenant à l’idée d’une Super Agglo, il formule : “Il faut peut-être se poser la question pourquoi cela n’a pas marché. Je ne dis pas qu’il faut la faire, hein.” François Commeinhes : “C’était une fusion imposée, sans tenir compte des attentes de la population. J’ai cette expérience…” Vice-président de l’Agglopôle de Sète, le Frontignanais Loïc Linarès a cité l’exemple du golfe d’Aigues-Mortes.

Salins de Frontignan de nuit. Photo : @EID Méditerranée.

“L’objectif, explique-t-il, était de travailler sur la question du littoral, des usages maritimes et des enjeux de biodiversité. Nous l’avons fait à l’échelle sédimentaire, qui va de Frontignan à Port-Camargue. Pour cela, nous avons ouvert un dialogue entre quatre territoires. C’est l’Agence de l’eau et la région Occitanie qui avaient financé une étude qui a pu, justement, parler des enjeux. Ensuite, on a évoqué le sujet de la gouvernance. Ce qui est remonté de manière unanime, c’est que l’on n’avait pas besoin d’inventer une nouvelle super-structure. Et que l’on pouvait travailler ensemble par une entente intercommunale. C’est ce que l’on a fait.” Le même Loïc Linarès a aussi souligné l’importance de la question de l’accès au logement. Reprenant le propos du président de Habitat social en Occitanie, Michel Calvo, “c’est une bombe à retardement…”

“Des mouvements de coopération qui en appellent d’autres”

Le maire PS de Frontignan, Michel Arrouy, a ajouté : “Notre ville est évidemment pleinement ancrée dans le bassin de Thau mais aussi très tournée vers Montpellier. Cette coopération va nous permettre de répondre aux attentes de notre population. Ce qui est à l’oeuvre, c’est du travail commun et de l’intelligence collective.” Pour clore le sujet – en tout cas provisoirement – le maire de Montpellier a fait remarquer qu’au niveau national, le paysage des agglomérations “ne bouge pas”. “Encore une fois, ce qui nous intéresse, c’est de répondre aux demandes de nos concitoyens. Regardez la solution Klaxit – dont Dis-Leur vous a parlé ICI – qui permet de limiter l’autosolisme, le fait d’être seul dans sa voiture. Eh bien, elle a permis à 31 000 voitures de ne pas être sur la route. Et cela grâce à des aides au covoiturage. C’est du très très très concret. Ce sont des mouvement de coopération qui en appellent d’autres…”

Olivier SCHLAMA

  • Accessible à tous, cette solution complémentaire, imaginée par la start-up Klaxit, s’adresse aux habitants des 31 communes de la Métropole qui n’ont pas forcément accès aux transports en commun pour aller au travail.

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