Mobilités actives : À Montpellier, le covoiturage subventionné, ça roule !

Accessible à tous, cette solution complémentaire, imaginée par la start-up Klaxit, s’adresse aux habitants des 31 communes de la Métropole qui n’ont pas forcément accès aux transports en commun pour aller au travail. Avec déjà 8 000 inscrits !

À l’aire de Les Plaines-Baronnes, sur l’A 50, en direction de Toulon, la lune n’est plus très haute ; les phares des voitures engagées sur l’autoroute en ce vendredi projettent encore leur lumière sur le panneau tarifaire de la station Total. Yves et Geneviève “profitent” de la Mégane de leur voisin qui va au port de Toulon. “Trop cher ; l’essence c’est le prix du Guerlain !”, lâche Yves, yeux encore ensommeillés. Encore davantage pour aller bosser.

16 millions de Français vont au travail, seuls, en voiture

Chaque jour, plus de 23 millions de Français se rendent au travail par différents moyens de transport et 70 % d’entre eux utilisent leur voiture personnelle qu’ils occupent seuls, selon une étude de l’Insee de 2019. Cet autosolisme atteint 75 % dans la métropole de Montpellier, par exemple. Mais les temps changent doucement.

Depuis la hausse vertigineuse du prix des carburants, le covoiturage reprend du galon. Pourtant, malgré les aires dédiées et les incitations, cette façon de se déplacer n’a jamais vraiment pris. Cette idée était même celles de pionniers missionnaires. Depuis octobre 2021, on a enregistré plus de 250 000 trajets covoiturés par mois dans un registre de preuve où 20 opérateurs sont recensés et 93 territoires qui l’utilisent.  

Klaxit annonce un quadruplement des trajets covoiturés

Blablacar Daily – covoiturages du quotidien, courtes distances – revendique un bond de 30 % des trajets réalisés à partir de son application depuis janvier par rapport à septembre 2021. Klaxit, créée en 2012, annonce un doublement de ses trajets covoiturés et même un quadruplement dans certaines agglomérations. Idem chez Karos, autre start-up spécialisée. Jusqu’alors, les conducteurs qui se rendaient au travail en voiture étaient peu sensibles au covoiturage, question d’indépendance et de dépendance à la voiture, surtout dans les zones rurales.

Conducteur payé de 2 € à 4 € par trajet et par passager

La botte secrète à même de favoriser un changement de comportement, c’est l’incitation financière. C’est la marque de fabrique de Klaxit, leader de ce marché avec 45 % des covoiturages recensés. C’est la Métropole de Montpellier qui subventionne les conducteurs et qui a réservé une enveloppe de 500 000 € pour cela pour rémunérer les conducteurs. Mais n’a besoin de recourir à aucun investissement pour une infrastructure. De plus, pour la collectivité, cette solution apparaît comme un succès. Ce n’est pas comme ajouter une ligne de bus au remplissage hypothétique et qui coûte beaucoup plus d’argent.

C’est un système très vertueux, une solution idéale dans les endroits où il n’y a pas de bus…”

Julie Frêche, vice-présidente de la Métropole

Le covoiturage est une alternative de plus en plus crédible. “C’est un système très vertueux”, juge Julie Frêche. Lavice-présidente de la Métropole de Montpellier déléguée aux transports et aux mobilités actives confie : “Ce que nous apprend l’année de test, c’est qu’il y a des trajets très performants. Par exemple, entre Grabels et le CHU de Montpellier, on a 75 % de chance de trouver un conducteur qui va où vous désirez aller. Ce réseau permet un maximum de destinations et maximise les chances de trouver un conducteur.”

“Un gros potentiel de développement”

Julie Frêche, vice-présidente de la Métropole de Montpellier. DR.

Toujours en prenant l’exemple de Grabels vers le CHU, Julie Frêche souligne que “l’application identifie et géolocalise les points de pose et de dépose. Et on n’a besoin de faire que 500 mètres maximum pour cela. Cette solution est idéale dans des endroits où il n’y a pas de bus ou de ligne régulière. Et ça marche : sans campagne de communication, il y a déjà 8 000 inscrits. Et 500 trajets sont déjà effectués chaque jour. Il y a un gros potentiel de développement : on compte 1,8 million de déplacements par jour dans la Métropole. Actuellement, 39 grands employeurs ont décidé de proposer cette solution à leurs salariés.”

Un an de test avec de grandes entreprises

Forte de partenariats avec de grandes entreprises et des collectivités, Klaxit, commence à décoller. Son système est simple : les conducteurs inscrits reçoivent de 2 € (jusqu’à 20 km et ensuite + 10 centimes de plus par kilomètre) à 4 € par trajet et par personne, quelle que soit la distance. Pour les passagers, c’est gratuit. Depuis un an Klaxit a expérimenté depuis un an, en avril 2021, avec succès son offre sur la métropole de Montpellier et ses 31 communes, la seule d’Occitanie, auprès des salariés de grandes sociétés et d’établissements publics (1). Principalement pour ce que l’on appelle le péri-urbain, en dehors des centres-villes.

Montpellier : déjà 8 000 inscrits et 2 300 utilisateurs

Entre la première semaine de février et la semaine dernière, la croissance de la solution Klaxit est, d’ailleurs, exponentielle, remarque François Fantin : “Nous enregistrons une hausse de 83% au niveau national et 125% à Montpellier que nous avons accompagnée dans le développement de cette solution en interne auprès des salariés des entreprises adhérentes et de la collectivité. Nous comptions 7 200 inscrits sur l’application vendredi Parmi eux, 2 100 ont réellement covoiturés – et dans le week-end nous avons déjà atteint les 8 000 inscrits et 2 300 covoitureurs. Et nous avons comptabilisé plus de 500 trajets par jour avec notre application avec au moins deux personnes à bord”, relate François Fantin. Le directeur régional de Klaxit souligne que le dispositif est désormais “ouvert à tous les publics”.

Des lieux de pose et de dépose préétablies

L’application se télécharge sur les stores. Si on est conducteur, on poste ses trajets. Il faut aussi indiquer ses coordonnées bancaires pour être payé. L’application propose aussi les “lieux de pose et de dépose prédéterminés pour ne pas gonfler les bouchons, ne pas perdre de temps…” Ces hubs sont de tout type : parkings publics, arrêts de bus, supermarchés, etc. Avant de partir, le conducteur les validera. Les passagers, eux, peuvent marcher au maximum sept minutes pour rejoindre leur conducteur.

François Fantin, directeur régional de Klaxit. DR.

On peut être conducteur et/ou passager. On peut par exemple imaginer un trajet en train de Sète à Montpellier puis, ensuite un covoiturage jusqu’aux portes de son travail. “L’application fonctionne partout en France. Le conducteur qui ferait tout le trajet Sète-Montpellier en covoiturage serait subventionné 2,70 €, et le passager n’aurait toujours rien à payer. Et cela fonctionne dès lors que votre départ ou votre arrivée se situent dans une ville partenaire”, précise François Fantin.

“Nous discutons avec d’autres collectivités en Occitanie…”

CHU, CAF, CPAM, Ville et Métropole de Montpellier, CNRS, etc. Plus de 40 grands employeurs ont été sensibilisés et communiquent actuellement sur cette démarche auprès de leurs collaborateurs. Klaxit (55 salariés) se rémunère via une commission payée par l’entreprise ou la collectivité adhérente. À l’inverse de BlaBlaCar, Klaxit ne se positionne, elle que sur le court trajet, principalement le domicile-travail.

“C’est une solution complémentaire à d’autres modes de transports, bus, tram, vélo…” C’est aussi une solution permettant de combler un manque dans certaines parties de la ville peu équipées de transports en commun. “Nous discutons avec d’autres collectivités d’Occitanie, notamment dans l’Hérault et dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales. Toulouse ne souhaite pas avoir d’opérateur domicile-travail dédié. Ils sont sur politique différente.” Avec l’expérience réussie de Montpellier et la hausse du carburant qui ne se démentira pas, certaines devraient franchir le pas.

Olivier SCHLAMA

(1) Établissements publics : Ville, Métropole, CPAM, CAF, Carsat, DDFIP34, CNRS, Crous… Employeurs privés : EDF, Engie Green, Schneider Electric, GE Grid Solutions, Valeco, Horiba, ICM, MGEN, Caisse d’Epargne…
(2) Klaxit travaille avec une trentaine de collectivités partout en France : Ile-de-France, Rouen, Metz, Angers, Nantes, Mulhouse…

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