Nature : Une journée, c’est bien le moins, pour entendre l’appel de la forêt

Image d'illustration. Photo Kamaji OGINO - Pexels

Les forêts sont une source d’innovation, que ce soit via le matériau bois et ses différentes composantes ou grâce aux progrès technologiques qui se développent autour de la forêt. En effet, la Recherche et la Science repoussent les limites de ce qu’il est possible de faire avec le bois et les produits forestiers. Voilà pour le thème de la Journée internationale des forêts, le 21 mars 2024. Et pourtant, le botaniste et biologiste Francis Hallé, installé à Montpellier (où il a enseigné de 1971 à 1999), alerte : “nos forêts méritent mieux que les traitements que notre société leur inflige.”

La région Occitanie couvre 7 350 000 hectares, dont 2 640 000 boisés : c’est la deuxième région forestière de France. Si son taux de boisement est de 36%, celui-ci varie beaucoup selon les départements : l’Ariège est le plus boisé (53%) suivi par les Pyrénées-Orientales (48%) et la Lozère (45%) alors qu’à l’inverse, dans le Tarn-et-Garonne et le Gers, la forêt est moins présente (respectivement 19% et 13% du territoire).

La forêt d’Occitanie, état des lieux

Selon le Centre national de la propriété forestière (CNPF, l’établissement public en charge du développement de la gestion durable des forêts privées), la forêt occitane est majoritairement composée d’essences feuillues (77% de la surface), dont certaines essences sont communes à l’ensemble de la région : le chêne pubescent, le hêtre et le châtaignier.

D’autres, au contraire, marquent les différences de conditions naturelles, notamment climatiques, entre les deux anciennes régions : c’est le cas du chêne pédonculé, présent presque uniquement dans l’ex-Midi-Pyrénées, mais aussi celui du chêne vert et du chêne-liège, presque exclusivement sur le pourtour méditerranéen. Parmi les essences résineuses, les plus représentées sont le sapin pectiné, notamment dans la chaîne pyrénéenne (Aude, Ariège, Hautes-Pyrénées)
et le pin sylvestre, très répandu dans le Massif Central (Lozère, Aveyron) mais également présent dans les Pyrénées.

Image d’illustration. Photo Monika BALCIUNIENE – Pexels

Déforestation : chaque année, 10 millions d’hectares de forêts disparaissent

En France, les forêts contribuent à réduire les émissions de gaz carbonique à hauteur de 14 à 17% de nos émissions nationales de gaz à effet de serre. Les forêts sont donc vitales pour la vie sur Terre. Mais cet environnement est fragile. Les deux dernières années ont été marquées par les grands feux, et le dépérissement des grands arbres est une réalité. Un phénomène qui est inquiétant pour l’avenir.

En plus de subir les effets du changement climatique, les forêts sont aussi menacées par la déforestation induite par les hommes. Selon la FAO, chaque année, 10 millions d’hectares de forêts disparaissent à cause de la déforestation et environ 70 millions d’hectares partent en fumée. Pourtant, dans certains pays, la mise en place de systèmes d’alertes rapides et de technologies innovantes permettraient de surveiller l’état des forêts, de lutter contre le risque incendie et de mettre un terme à la déforestation, tout en assurant une production durable de produits de base…

Faire renaître une forêt primaire en Europe de l’Ouest

Face à cette situation, un homme est au centre d’un grand projet :  “la création d’un vaste espace de dimension européenne et de grande superficie – environ 70 000 hectares – dans lequel une forêt évoluera de façon autonome, renouvelant et développant sa faune et sa flore sans aucune intervention humaine, et cela sur une période de plusieurs siècles.” (*)

“Je suis né le 15 avril 1938 à Seine-Port (Seine-et-Marne), en France et j’ai fait mes études universitaires à Paris-La Sorbonne. J’ai deux spécialités scientifiques : l’écologie des forêts tropicales et l’architecture de leurs arbres”, explique Francis Hallé qui a notamment enseigné la botanique à l’université de Montpellier de 1971 à 1999.

Ensuite les choses s’emballent pour cet ardent défenseur des forêts primaires, c’est-à-dire les forêts jamais exploitées par l’homme, qui ne représentent plus aujourd’hui que 5 à 10 % des forêts terrestres, mais constituent, selon lui, plus des trois quarts des réserves de biodiversité de la planète. On ne compte plus ses interventions aux quatre coins de la planète, ses missions d’exploration, les ouvrages dont il est l’auteur ou le co-auteur…

Lire “Qui est Francis Hallé” : https://www.foretprimaire-francishalle.org/qui-est-francis-halle/
Image générée par IA – Vecstock sur Freepik

Sensibilisés à la disparition des grandes forêts tropicales et aux attaques extrêmement graves portées à la dernière forêt primaire d’Europe, en Pologne, un groupe de passionnés (scientifiques, naturalistes, artistes, cinéastes et photographes de nature, simples citoyens) ont décidé de créer en 2019 l’association Francis Hallé pour la forêt primairehttps://www.foretprimaire-francishalle.org/

Retour à la Journée internationale des forêts, un programme d’éducation au développement durable et à la forêt coordonné en France par Teragir. Une trentaine de rendez-vous sont prévus en Occitanie. Voir la liste complète en allant sur le site officiel ICI.

Philippe MOURET

(*) Une forêt primaire est une forêt qui n’a été ni défrichée, ni exploitée, ni modifiée de façon quelconque par l’homme. C’est un joyau de la nature, un véritable sommet de biodiversité et d’esthétisme. Captation du CO2, régulation du climat, réserve de biodiversité, reconstitution des ressources hydriques… ses bénéfices sont inestimables. Une forêt primaire est beaucoup plus belle et beaucoup plus riche en formes de vie qu’une forêt secondaire, dégradée, appauvrie. En Europe de l’Ouest, ces forêts “gérées” ont progressivement remplacé les forêts primaires. Pour obtenir une forêt primaire on estime qu’il faut 1000 ans à partir d’un sol nu, environ 800 ans à partir d’une forêt secondaire.
Photo Nelly Blaya/Département du Lot

Forêts et agriculture : des liens à retisser

Parmi les diverses découvertes à faire, le département du Lot et ses partenaires (Pôle d’équilibre territorial et rural Figeac-Quercy-Vallée de la Dordogne) proposeront une conférence sur le thème “Forêts et agriculture : des liens à retisser”, le vendredi 22 mars à 18h30, à L’Astrolabe à Figeac dans le cadre des Rencontres Plantes et Cie 2024.

Elle sera animée par Marc Deconchat, écologue des paysages, directeur de recherche à l’INRAE. “Face aux changements globaux en cours, les nombreux liens entre les forêts et l’agriculture vont tenir des rôles importants et complexes, qui nécessiteront des ajustements locaux dans leur gestion. La présentation vise à expliquer ces enjeux pour contribuer aux débats de société qu’ils suscitent.”

Les Rencontres Plantes et Ciehttps://lot.fr/actualites/les-rencontres-plantes-et-cie-senracinent

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