LGV Montpellier-Perpignan : Castex et Delga appuient sur l’accélérateur

Carole Delga, Jean Castex à Narbonne. Photo : Région Occitanie/Antoine Darnaud.

À moins de trois mois de la présidentielle, Jean Castex, le Premier ministre et ex-maire de Prades (P.-O.), était à Narbonne et Gruissan ce samedi pour signer un protocole financier sur la LGV, distribuer une autre enveloppe financière pour les petites lignes et une troisième, en présence de Didier Codorniou, à Gruissan, sur le plan Littoral 21.

C’était une Arlésienne. “Nous avons donné un coup d’accélérateur s’agissant de la ligne à grande vitesse Montpellier-Perpignan comme nous l’avons fait pour celle entre Bordeaux et Toulouse et en Paca” : présent à Narbonne, ville-carrefour depuis les Romains, le Premier ministre n’est pas seulement un habitant de notre région ni qu’un passionné de trains. Jean Castex a joué les Père Noël un mois après le passage de l’homme en rouge.

“On a repris la marche en avant”

Photo : Région Occitanie/Antoine Darnaud.

“Regardez la carte de la grande vitesse en France : on voit les manques.” Le financement du Toulouse-Bordeaux a du mal à être bouclé. En revanche entre Montpellier et Toulouse, “on a repris la marche en avant”, a dit Jean Castex. C’est vrai. Alors que la ligne Barcelone-Perpignan existe depuis 2010, le reste du parcours ne se fait pas à grande vitesse.. Ce chainon manquant est désormais sur les bons rails. Ce samedi, le chef du gouvernement et la présidente de région ont signé un protocole de financement pour une LGV entre Montpellier et Béziers dans un premier temps (il est censé entrer en fonction en 2037). Viendra plus tard le tronçon Béziers-Perpignan.

Montpellier-Béziers : plus de deux milliards d’euros

Pour le tronçon Montpellier-Béziers le coût estimé est de plus de deux milliards d’euros. L’Etat d’engage sur 40 % de cette somme. Et on espère 20 % de l’Europe. Les collectivités locales concernées apporteront 41 % (816 M€) dont 334 M€ seront assurés par la Région Occitanie. A terme, la LGV Montpellier-Perpignan coûterait au moins six milliards d’euros.

“Vrai coup de booster”

Le Premier ministre a donné, dit-il, “un vrai coup de booster” à un chainon manquant essentiel pour désenclaver la région, développer les trains du quotidiens et le fret, synonyme de développement économique à l’heure du plan de relance. Et qui libèrerait un peu plus le trafic à grande vitesse sur la carte européenne. Et ferait passer une vitesse supérieure aux relations touristiques avec l’Espagne, comme Dis-Leur vous l’expliquait.

“Urgence économique et urgence territoriale”

En mai puis en septembre dernier, Carole Delga annonçait que le tour de table financier était bouclé, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI.Depuis, l’enquête publique a été lancée qui agrège de nombreuses oppositions notamment autour du Bassin de Thau où le tracé obligerait notamment les 110 000 habitants dont 45 000 Sétois et à prendre leur voiture pour aller prendre un TGV à Montpellier… Jean Castex a rappelé “l’urgence économique et l’urgence territoriale d’un tel projet.” C’est une évidence depuis des lustres ; déjà, en 1852, les frères Péreire avaient eu la bonne idée de créer la Compagnie des chemins de fer du Midi avec une ligne emblématique : Bordeaux-Sète qui a désenclavé tout le Sud. Et au-delà relierait l’Europe du Nord et l’Europe du Sud.

“Les habitants se sentaient oubliés du progrès”

Photo : Région Occitanie/Antoine Darnaud.

La problématique reste d’actualité : “L’Occitanie est la région la enclavée de France et la moins développée de France (…) J’ai voulu donner un coup d’accélérateur”, a-t-il dit, se justifiant pour défendre “l’égalité des territoires”. “C’était indispensable (…) Et les habitants se sentaient oubliés de ce progrès”, a-t-il jugé. Jean Castex a expliqué que ce projet devrait voir le jour en 2037 mais que “tout serait fait pour que la ligne entre en fonction en 2033”.

Une enquête publique qui “suscite des questions…”

“Je sais que l’enquête publique suscite des questions ; le maître d’ouvrage en tiendra le plus grand compte. M’enfin, le tracé existe depuis l’an 2 000. On peut tout feindre sauf la surprise…” Pour autant, le Premier ministre a assuré que le tracé définitif “tangenterait au maximum l’autoroute pour éviter les nuisances mais il est impératif d’avancer et de montrer à nos concitoyens que nous sommes efficaces”.

L’enjeu des dessertes fines du territoire

“En Occitanie, notre ambition est simple : atteindre un objectif de 100 000 voyageurs par jour d’ici 10 ans, soit 30 000 voyageurs quotidiens supplémentaires, avait auparavant dit Carole Delga . C’est ambitieux, mais réalisable grâce à une action volontaire et incitative.”

La présidente de Région a ajouté : “Notre volonté se traduit par des actes concrets : un nouveau Plan rail de près de 1,6 Md€, dont 800 M€ de la Région Occitanie, destiné à rouvrir ou pérenniser les lignes de desserte fines du territoire. Comme je le souhaitais et pour la première fois en France, nous avons obtenu le transfert des lignes Montréjeau- Luchon et Alès-Bessèges afin que la Région accélère les travaux en les menant elle-même, avec un objectif de réouverture en 2023 pour la première et 2026 pour la seconde.”

“Après des années de combat, cette ligne renforcera l’attractivité du territoire”

Carole Delga

Sur le fond, sur la grande vitesse, Carole Delga a pointé : “Nous pouvons également être fiers, collectivement, de la victoire qui a été remportée pour la ligne à grande vitesse entre Montpellier et Perpignan. Après des années de combat, mené avec les Départements de l’Hérault, de l’Aude et des Pyrénées-Orientales, de la Métropole de Montpellier ainsi que les agglomérations de Sète, Agde, Béziers, Narbonne et Perpignan, cette ligne renforcera l’attractivité économique de notre territoire (…) Grâce au doublement des voies, la LGV libérera des sillons pour développer les trains du quotidien et du fret sur le littoral.”

L’Etat donne 257 M€ pour les petites lignes SNCF

Enfin, le Premier ministre a aussi distribué une jolie enveloppe pour le développement des petites lignes ferroviaires, elles aussi indispensables. Grâce au plan de relance de 100 milliards d’euros, la part financière de l’Etat initialement prévue est passée de 194 M€ à 257 M€. Ainsi 9 200 km de lignes fines seront sauvées ou rouvertes”, a-t-il promis. Il a cité le “train des primeurs entre Perpignan et Rungis (qui s’insère dans un Le Boulou-Gennevilliers), un temps interrompu, comme Dis-Leur vous l’a expliqué. Jean Castex a aussi évoqué deux autres autoroutes pour le fret ferroviaires, dont Sète-Calais et Cherbourg-Bayonne “après des années de déclin”. Sans oublier les trains de nuit qui ont repris ou qui doivent reprendre du service : Paris-Nice, Paris-Tarbes, Paris-Port-Bou et bien sûr les trains Aubrac et Cévenols. “Et puis le projet de train à hydrogène !”

Olivier SCHLAMA

Les chiffres clés du réseau ferroviaire en Occitanie

  • Au total, 2 636 kms de lignes sont exploités en Occitanie, dont :
    • 95 kms dédiés au fret
    • 955 kms de réseau principal
    • 1 430 kms de réseau régional essentiel au trafic ferroviaire quotidien
  •  74 TGV
    42 Intercités
  • 560 trains liO par jour
    66 000 voyageurs quotidiens en train régional, avec pour objectif 100 000 voyageurs par jour d’ici 2030
    100 trains de fret quotidiens

Dates clés de la LGV :

  • Années 90 : émergence du projet
  •  2009 : débat public ayant validé son opportunité
  • Entre 2010 et 2020 : processus de concertation continue, études de conception et acquisitions foncières anticipées
  • Janvier 2018 : rapport du Conseil d’Orientation des Infrastructures (rapport Duron) qui retient le projet parmi les priorités d’investissement
  • Décembre 2019 : la loi d’orientation des mobilités définit le projet comme prioritaire
  • Décembre 2021 : ouverture de l’enquête publique
    22 janvier 2022 : signature du protocole d’intention de financement pour la réalisation
  • Avant avril 2022 : création de la société de projet (EPL)
  • Premier semestre 2023 : déclaration d’utilité publique
  • Avant 2030 : travaux du tronçon Montpellier-Béziers

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De l’argent aussi pour “la transformation du littoral d’Occitanie”

Ce samedi 22 janvier 2022 à Gruissan, le Premier ministre, Jean Castex, la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, et la directrice régionale Occitanie de la Banque des Territoires, Annabelle Viollet, ont signé une convention qui confirme leur engagement financier pour la période 2021-2027 du plan Littoral 21.

Programme d’investissement unique

Un demi-siècle après la mission Racine, qui a façonné les 200 kilomètres du littoral Occitanie depuis la Petite Camargue jusqu’à la côte catalane, l’État, la Région et la Banque des territoires se sont engagés dès 2017 dans un programme d’investissement unique en France pour accélérer la transformation du littoral vers un nouveau modèle de développement : le Plan Littoral 21.

58 M€ de l’Etat, 76 M€ de la région Occitanie

L’ambition du Plan littoral 21 est de concilier la résilience écologique, le développement économique et la cohésion territoriale, en réponse aux multiples défis auxquels est confronté le littoral (érosion côtière et submersion marine, montée en gamme du tourisme, cohésion et attractivité).

Après des résultats très satisfaisants pour la période 2017-2020, cette convention donne les moyens financiers pour poursuivre le plan sur la période 2021-2027 :
l’Etat mobilise 70 M€ sur 2021-2027, dont une dotation de 58 M€ sur 2023-2027 qui a été annoncée ce samedi par le Premier ministre. La Région Occitanie quant à elle s’engage à hauteur de 76 M€ sur 2021-2027. “Grâce au 100 milliards mobilisés dans le cadre du plan de relance, a précisé Jean Castex, la part financière de l’Etat a pu passer de 22 M€M€ à 58 M€. Il s’agit d’adapter les territoires littoraux à (…) l’érosion. A ce sujet, une consultation est en cours en vue d’établir une liste des communes qui devront engager des actions pour lutter contre l’érosion. L’Association nationale des élus du littoral ont demandé un délai supplémentaire qui sera accordé.”

300 M€ d’investissement au total

Érosion : Vias, Portiragnes, Sérignan... Le littoral pris entre deux vagues
Érosion : Vias, Portiragnes, Sérignan… Le littoral pris entre deux vagues

Ces 146 M € d’investissements de l’État et de la Région au titre du Plan littoral 21 sur la période 2021-2027 permettront de financer au total 300 M€ d’investissements, en tenant compte de l’apport des porteurs de projet. La Banque des Territoires mobilisera, en complément des interventions de l’Etat et de la Région et en fonction des projets, son panel d’expertises et de financements (ingénierie, prêts, investissement).

Ports, énergies renouvelables, hydrogène

Si l’on ajoute les investissements directs de l’État et de la Région, c’est plus d’un milliard d’euros qui sera investi pour la mer et le littoral en Occitanie. La Région a en effet prévu d’investir 400 M€ au titre du développement des ports de commerce, et en particulier des ports de Port-la-Nouvelle et de Sète, des énergies marines renouvelables et du plan hydrogène. L’Etat a, par ailleurs, mené un débat public portant sur la réalisation de deux parcs éoliens flottants commerciaux de 250 MW chacun et de leurs extensions, de 500 MW chacune au large de la Méditerranée. Ce débat venant de s’achever, l’Etat annoncera les suites qu’il décide de donner au cours du premier trimestre 2022, comme Dis-Leur vous l’a expliqué.

Tourisme flottant : les lodge boats de Gruissan

Dans le cadre du volet “transformation des stations littorales et ports de plaisance”, le Plan littoral 21 a permis de soutenir le projet emblématique d’hébergement touristique flottant porté par la Ville de Gruissan. Parmi quatre autres projets retenus en métropole et en outremer, il vise à expérimenter un nouveau modèle de tourisme durable et d’utilisation des plans d’eau des ports de plaisance.

35 habitations en service

Photo : DR.

Depuis juin 2021, Gruissan propose désormais un petit village de maisons flottantes composé de 35 Lodge Boats pour répondre à la demande de clientèles nationales et internationales en quête de nouvelles expériences insolites. Depuis leur mise en service, 3 958 nuitées ont été effectuées et plus de 5 500 clients accueillis à bord.

D’un coût total de 5,6 M€, les infrastructures portuaires nécessaires ont été financées à hauteur de 250 000 € par l’Etat, 1,15 M€ par la Région et 100 000 € par l’Agglomération de Narbonne ; les hébergements ont été financés par Alliance Plaisance à hauteur de 2,9 M€. Ce projet innovant a d’ores et déjà généré plus de 500 000 € de retombées économiques indirectes pour le territoire (Source : CRTL Occitanie).