Démographie : L’Occitanie bientôt peuplée de 6 millions d’habitants, mais…

Entre 2013 et 2019, notre région a accueilli, en moyenne, 41 600 habitants (l’équivalent de Castres ou Albi), avec un fort tropisme pour Montpellier et Toulouse. Ce qui compense un solde naturel -différence entre décès et naissances – parmi les plus faibles de France. Et quatre des treize villes de plus de 40 000 habitants perdent de la population : Sète, Nîmes, Perpignan et Albi.

L’Occitanie compte près de six millions d’habitants (59 33185, exactement), soit un peu moins de 10 % de la population française qui s’établit officiellement à 66 988 millions d’habitants (1) répartis dans 34 970 communes. Cela place notre région au 5e rang derrière l’Ile-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine et Haut-de-France et avant la région Grand-Est. Ce sont les derniers chiffres connus de l’Insee qui a étudié nos mouvements de population entre 2013 et 2019, juste avant que ne se déclare la pandémie de covid-19.

Fort taux de croissance

Dans cette période, son dynamisme est toujours aussi exemplaire : l’Occitanie a gagné, en moyenne, 41 600 habitants par an de 2013 à 2019. Soit  l’équivalent d’une ville comme Castres (Tarn) ou Alès (Gard). Ce n’est pas rien. C’est aussi une région qui affiche un fort taux de croissance qui la place au 3e rang après la Guyanne et la Corse à + 0,7 % par an contre + 0,4 % de moyenne nationale.

Naissances moins nombreuses, décès en hausse

Gros bémol : l’Occitanie, c’est six millions d’habitants avec un solde positif mais avec toujours plus de décès et moins de naissances, comme Dis-Leur ! vous l’a expliqué ICI. “L’accroissement naturel, qui se mesure par la différence entre le nombre de décès et de naissances, demeure en Occitanie un des plus faibles des régions de France (+ 0,1 % par an)”, confirme la dernière publication de l’institut de la statistique. “Les naissances sont moins nombreuses, avec une baisse du taux de fécondité, et une hausse des décès en partie liés aux arrivés de retraités dans notre région, les baby boomer. C’est un effet ciseau. C’est un phénomène observé au niveau national. Nous avons la chance, en Occitanie, d’avoir un solde migratoire entre régions qui compense.”  Et : “On atteindra officiellement le chiffre de six millions d’habitants sans doute en 2022”, confie Christophe Péalaprat.

Ile-de-France, Paca, Nouvelle-Aquitaine

Le chef de projet de l’action régionale complète : “Le solde naturel – la différence entre le nombre de décès et de naissances – est faible en Occitanie, l’un des plus faibles de France. La croissance démographique est essentiellement portée par le solde migratoire : des arrivées plus nombreuses que les départs de cette région parce que l’Occitanie est attractive économiquement ; parce que l’héliotropisme, etc.” D’où viennent les nouveaux arrivants ? “On n’a pas le détail mais on peut dire que les arrivées les plus nombreuses arrivent d’Ile-de-France, de Paca et Nouvelle-Aquitaine.” 

Baisses de population à Sète, Nîmes, Perpignan et Albi

Il y a même des villes moyennes d’au moins de 40 000 habitants qui voient leur population baisser, toujours entre 2013 et 2019, avant le retour supposé à des villes moyennes plus humaines d’habitants de grandes métropoles, suite aux confinements, qui n’est pas avéré dans la période étudiée. “Il existe treize villes de 40 000 habitants ou plus dans la région, rappelle Christophe Péalaprat. Parmi lesquelles, on note des baisses significatives à Perpignan (- 1 600 habitants) ; Nîmes (- 2 000 habitants) ; Sète (- 412) et Albi (- 440 habitants).”

Un parallèle avec les résidences secondaires

Ce constat est en partie à mettre en parallèle avec le taux de résidences secondaires, dont Dis-Leur ! vous a récemment parlé ICI et qui fait de l’Occitanie le leader français. “Oui on peut faire un lien avec les résidences secondaires et les logements occasionnels. Dans les population légales, on ne tient pas compte des habitants qui vivent, non pas de temps en temps dans une région donnée, mais le plus clair de leur temps”, note Christophe Péalaprat.

“L’apport migratoire compense le déficit naturel dans neuf départements sur treize”

Une fois cela dit, l’Insee indique que “l’apport migratoire compense le déficit naturel dans neuf départements sur treize”. Parmi les treize départements d’Occitanie, la Haute-Garonne ( +1,3 % ) et l’Hérault (+ 1,2 %) se distinguent par une forte croissance de leur population avec respectivement 1,4 million et 1,17 million d’habitants, ce qui les place dans le peloton de tête des départements de métropole. “La Haute-Garonne occupe la première place avec la Gironde et l’Hérault est à égalité avec la Haute-Savoie et la Loire-Atlantique”, ajoute l’Insee.

Image d’illustration. Photo D.-R.

Dans ces départements, par ailleurs très peuplés, l’excès des naissances sur les décès s’ajoute à un excédent migratoire particulièrement élevé (+ 0,7 % en Haute-Garonne et + 1,0 % dans l’Hérault). Seuls le Tarn-et-Garonne et le Gard bénéficient également d’un accroissement naturel (+ 0,1 % par an). Dans les neuf autres départements, les décès sont plus nombreux que les naissances. Le déficit naturel est très marqué dans le Lot et le Gers (- 0,5 % par an), soit un déficit parmi les plus importants de France métropolitaine.

Hautes-Pyrénées, Lozère, Aveyron, Ariège en queue de classement

Les Hautes-Pyrénées, la Lozère, l’Aveyron et l’Ariège, avec des soldes naturels compris entre – 0,4 % à – 0,3 % par an, se situent également en queue de classement des départements français. Dans ces territoires, l’apport migratoire permet juste de conserver une population stable. Enfin, l’Aude, le Tarn et les Pyrénées-Orientales connaissent également des déficits naturels, mais moins prononcés (- 0,2 % par an). Dans ces trois départements, l’apport migratoire fait plus que compenser ces déficits et leur permet de gagner des habitants.

L’agglomération de Toulouse, au 5e rang français.

Toulouse, avec les 14 communes de sa banlieue , site de forte densité de population. Photo Dominique VIET – CRT Occitanie

Enfin, si l’on prend les agglomérations, celles de Montpellier et Toulouse sont parmi les plus dynamiques de leur taille de France. Ce n’est pas une surprise. Au sein de la région, “l’armature urbaine concentre l’essentiel de l’accroissement de la population. Montpellier est l’agglomération (unité urbaine) de plus de 100 000 habitants de France métropolitaine où la croissance démographique est la plus forte entre 2013 et 2019 avec + 1,7 % par an”, précise encore l’Insee Occitanie. Celle de Toulouse, avec une population qui augmente de 1,4 % par an, se situe à la cinquième place nationale, derrière les agglomérations de Genève-Annemasse (partie française), Bordeaux et Nantes. Les agglomérations de Toulouse et Montpellier combinent de forts excédents migratoire et naturel.

Olivier SCHLAMA

  • (1) Au niveau de l’Hexagone, la dégradation du solde naturel affaiblit le dynamisme démographique entre 2013 et 2019. Au 1ᵉʳ janvier 2019, 66 988 000 personnes vivent en France hors Mayotte, soit une croissance moyenne de 0,4 % par an depuis 2013. Le dynamisme démographique faiblit un peu car la contribution du solde naturel se réduit dans presque toutes les régions. Entre 2013 et 2019, la population baisse en Martinique et en Guadeloupe ; elle est relativement stable en Hauts-de-France, Grand Est, Normandie, Centre-Val de Loire et Bourgogne-Franche-Comté et continue de croître dans les autres régions de France métropolitaine. De plus en plus de départements enregistrent des baisses de population. Les communes rurales sous forte influence des villes sont les plus dynamiques. Elles cumulent dans leur ensemble excédents naturel et migratoire. À l’opposé, les communes rurales autonomes connaissent un déficit démographique dû à un solde naturel négatif.

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