Depuis Bages (Aude), Carole Delga, les présidentes des départements de l’Aude, Hélène Sandragné et des Pyrénées-Orientales, Hermeline Malherbe et les présidents des intercommunalités ont lancé un appel à l’adresse du gouvernement et à la Commission Européenne pour que des décisions soient prises en urgence afin de répondre à la sécheresse subie par ces territoires.

Selon les estimations établies au 1er octobre, la production viticole française de 2024 est estimée à 37,5 millions d’hectolitres, en baisse de 22 % par rapport à l’année précédente et de 15 % par rapport à la moyenne quinquennale. Cette baisse est due aux conditions météorologiques défavorables qui ont impacté tous les bassins viticoles. Carole Delga est allée à la rencontre des viticulteurs, dans l’Aude.

Face à une ressource en eau devenue parfois incertaine, le département va se doter d’un outil, le Sage, qui servira à mieux en identifier les enjeux et la partager. La concertation préalable de la Commission du débat public révèle de “nécessaires des stratégies d’adaptation face au climat”. Pour Jean-Paul Ferré, vice-président du département, “l’eau est l’un des atouts autour duquel nous avons des projets”. Siegfried Clouseau, de la préfecture, positive : “Tout le monde s’écoute et il y a même de l’échange”.

Après une rentrée majoritairement ensoleillée, la pluie s’invite à nouveau dans certaines régions. Météo-France a placé cette semaine 16 départements en vigilance jaune pluie-inondation, dont le Gers, le Lot, le Tarn-et-Garonne, la Haute-Garonne et le Lot-et-Garonne voisin… Dans l’Aude, l’association “Tourrenc & Orbieu” agit à son niveau pour ne plus revivre la détresse de 1999.

Christophe Béchu est dans les Pyrénées-Orientales pour engager chantiers immédiats et à plus long terme. Un panel de solutions dont la réutilisation des eaux usées traitées, le prolongement d’Aqua Domitia à l’étude, limitation du gaspillage. Pour faire de ce département “un modèle de l’adaptation au changement climatique”. Au passage, c’est chasse ouverte “aux nombreux forages non déclarés”. Alors que 50 communes sont sous surveillance renforcée, EELV dénonce un “manque de courage sur l’urbanisation”.

Bâchage des piscines, baignoire sans bouchon, seaux à glace bannis… UMIH et préfecture ont signé une charte avec des mesures innovantes. “La réutilisation des eaux “grises” reste la plus intéressante”, souligne Brice Sannac, président, qui espère que hôteliers et restaurateurs s’y emploient en misant sur des aides spécifiques à l’État.

Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, s’est rendu le 21 mars dans les Pyrénées-Orientales, département qui traverse une sécheresse intense depuis deux ans. Cette situation relance le débat sur le prolongement d’Aqua Domitia et la réalisation d’une étude de faisabilité a été votée par la région Occitanie. Elle sera en partie financée par l’Etat, a assuré Christophe Béchu.

La situation dans les P.-O., qui subit une sécheresse cumulée historique, est “préoccupante”, juge le BRGM. La collectivité imagine un lieu de confrontation d’idées avec des chercheurs, en lien avec des associations, dont Mare Nostrum. Et pourquoi ne pas aller jusqu’à aider financièrement des communes qui plantent des arbres et désimperméabilisent les sols comme le fait Elne, dont le maire, Nicolas Garcia, est aussi vice-président du département.

Pas moins de 419 projets – dont celui éminent de Montpellier – sont en cours dans l’Hexagone, surtout dans le Midi, sur le millier souhaités par Macron d’ici 2027 pour diminuer les prélèvements de 10 %. En forte hausse depuis la sécheresse de 2022. Selon une mission-flash de spécialistes, “coûteuse économiquement et au niveau environnemental”, la “réut” ne peut faire partie que d’un “bouquet” de solutions. Dont les piscines, au fort potentiel “mobilisable”.

On prélève chaque année, en Occitanie, 1,6 milliard de mètres cubes d’eau. “On a un déficit d’eau annuel de 200 millions de mètres cubes, dit Fabrice Verdier, président de BRL, le concessionnaire de la région Occitanie. Il n’y a pas de solution miracle. BRL en est une mais ce n’est pas LA solution.” Jean-François Blanchet, directeur général de BRL, insiste sur le fait que, certes, “Aqua Domitia est une arme antisécheresse”, mais qu’il est aussi “important d’avoir des champions régionaux qui sachent travailler ensemble”, notamment via le pôle Aqua-Valley et capables de faire émerger des solutions exemplaires.

Un arrêté préfectoral impose de nouvelles mesures de restriction dans les Pyrénées-Orientales placées en “crise sécheresse”, le plus haut niveau d’alerte (qui concerne également certaines zones du Gard), à compter du mercredi 10 mai et jusqu’à mardi 13 juin, Le préfet des P.-O., Rodrigue Furcy, a visité les équipements du Parc des Sports de Perpignan.

Vu le contexte d’urgence – de nouvelles mesures de crise sont attendues – une délégation d’élus a visité la plus grande usine de dessalement d’eau de mer d’Europe. À l’instar des maires de Elne et de Sainte-Marie-la-Mer, c’est l’une des solutions d’avenir mais avec des pré-requis : des études environnementales poussées et la création d’un organisme public de gestion de toutes les sources d’eau potables. Une réflexion pionnière en France.

Le Sud de la France, l'Espagne et le Portugal sont les terrains d'expérimentation de neuf organismes spécialisés, dont un cluster d'Occitanie, Aqua-Valley, réunis dans un projet commun : Aquifer Sudae, financé par l'Europe, visant à mettre au jour outils et pratiques innovants dans un contexte de sécheresse historique.

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Manif contre le débit réservé de la Têt, procession pseudo-religieuse à Perpignan… Et maintenant un plan d’urgence de l’Etat et du département pour des économies, des travaux pour limiter les fuites… On entrevoit des solutions d’avenir comme des retenues d’eau, la réutilisation des eaux usées voire la création d’une… forêt de 10 000 arbres ! Ailleurs, en Occitanie, où la situation commence à se crisper, la Région travaille à la création d’un grand réseau hydrique régional sur les 13 départements. Du côté du bassin Adour-Garonne, là aussi, un plan se met en place pour anticiper “sur un été qui risque d’être difficile…” a commenté le préfet de Région.

La Chambre Régionale d’Agriculture d’Occitanie (CRAO) qui tenait session à Toulouse, a organisé une table ronde sur le thème : “Agissons pour la mobilisation des ressources en eau.” A cette occasion, la CRAO a proposé la création d’une cellule opérationnelle pour l’étude et le suivi d’une liste de “projets hydrauliques structurants ou individuels.” Un sujet essentiel, non exempt de polémiques…