Qualité de l’air : La pollution est globalement en baisse en Occitanie

“Ce bilan valide nos leviers d’action déjà en oeuvre (…) mais il nous reste huit à dix ans pour agir”, confie Agnès Langevine, vice-présidente de la Région Occitanie et présidente de l’observatoire Atmo. Et réussir à remplir les objectifs des plans nationaux de réduction de la pollution atmosphérique.

On n’en est pas encore à respirer l’air pur des cimes pyrénéennes sur le périph’ de Toulouse ou route de Ganges, à Montpellier, mais ça fait du bien et c’était peut-être inattendu pour beaucoup. Ce mercredi, l’observatoire de la qualité de l’air régional, Atmo, a révélé que de 2008 à 2018, sur la dernière période analysée, soit plus de dix ans, les quantités d’oxydes d’azote et de particules PM2.5 (particules fines) émises à l’échelle de l’Occitanie sont en baisse et seraient même en bonne voie pour respecter les objectifs fixés par les plans nationaux de lutte contre la pollution. Ce qui rejoint le bilan national ICI. Les émissions de gaz à effet de serre, eux, restent stables, voire sont en augmentation ces dernières années. Quant à l’ammoniac, ses émissions sont, en revanche, estimées, elles, en hausse.

“Lorsque l’on agit on peut faire bouger les choses”

Agnès Langevine, vice-présidente EELV de la Région Occitanie. Ph. DR.

Vice-présidente de la Région Occitanie déjà engagée dans une démarche de région à énergie positive et présidente de l’observatoire Atmo, Agnès Langevine commente : “C’est un bilan qui suit une bonne trajectoire, y compris pour respecter les objectifs nationaux, notamment les plans Prépa et Répos. Il montre que lorsque l’on agit on peut faire bouger les choses.” Des chauffages individuels plus propres ; des voitures moins polluantes… : “Quand on agit sur des leviers de politiques publiques pour inciter les habitants à renouveler leur chauffage et/ou leur voiture, ça paie”, estime-t-elle. Une bonne nouvelle mais Agnès Langevine appelle “à ne pas relâcher les efforts”. Surtout dans le contexte “d’un réchauffement climatique estimé à + 1,8 degré pour la France dès 2024 et de + 2,4 degrés pour l’Occitanie”. Agnès Langevine s’est aussi montrée favorable aux ZFE, zones de faibles émissions, dans nos centres-villes.

“Cela nous amène à repenser nos modes de vie…”

Un bilan positif alors que la circulation automobile n’a pas baissé, au contraire,“et que l’afflux de population ne se dément pas. Cela nous amène à repenser également nos modes de vie”, complète Agnès Langevine qui préconise évidemment à lever le pied et à utiliser davantage le vélo pour des trajets de moins de cinq kilomètres pour aller au travail. “Il est vrai que la circulation est loin d’être fluide dans nos métropoles de Toulouse et de Montpellier ; que Carole Delga se bat pour augmenter les dessertes en trains.”

“Une nouvelle génération davantage sur les usages”

Mais l’optimisme est de rigueur, y compris sur le développement de l’hydrogène vert, qui ne pollue pas et pour laquelle l’Occitanie est pionnière. “Avec l’arrivée d’une nouvelle génération, se posera peut-être avec davantage d’acuité la question de la propriété de son véhicule. Cette nouvelle génération se positionne davantage sur les usages que sur la propriété elle-même. Et seront peut-être plus enclins à louer une voiture pour partir en vacances plutôt que de posséder deux voitures à l’année. Les usages, c’est aussi un levier important…”

À l’origine de 40 000 décès prématurés chaque année

“Ce bilan valide nos leviers d’action déjà en oeuvre (…) mais il nous reste huit à dix ans pour agir”, redit Agnès Langevine. La pollution a un coût : elle est à l’origine de 40 000 décès prématurés en France chaque année. Elle a aussi un coût socio-économique évalué à 101 milliards d’euros par an… C’est dans ce contexte que l’Observatoire Atmo a analysé les données de 37 polluants, dont trois principaux.

“Baisse générale de la consommation d’énergie”

vélo

Ainsi, depuis 2008 donc, les émissions d’oxydes d’azote (- 7,5 %) et de particules fines PM2.5 (-8 %) sont en baisse et ce, tous secteurs confondus : transport, chauffage, activités économiques. Les oxydes d’azotes sont générés par le trafic routier. Les PM2.5 (particules fines) sont issus du chauffage et les transports également. Ce sont des émissions qui ont un impact direct sur notre santé provoquant cancers, asthme, maladies cardiovasculaires et ont impact sur l’environnement, contribuant à la formation des pluies acides et à l’eutrophisation. Ces baisses de polluants sont dues à une “baisse générale de la consommation énergétique”, a expliqué Dominique Tilak, la directrice d’Atmo. Mais aussi donc le renouvèlement des chauffages des particuliers et de leur voiture.

Le trafic routier, premier contributeur

Dans le détail, avec 63 % des émissions totales d’oxydes d’azote (69 002 tonnes en 2008 contre 47 648 tonnes en 2018), 15 % de particules fines  (de 3 441 tonnes à 2 164 tonnes) et de 42 % des gaz à effet de serre, le trafic routier est “le premier contributeur aux émissions d’oxydes d’azote en région Occitanie. L’impact des transports autres que routier sur la qualité de l’air du territoire reste très limité”. Une baisse des émissions alors que le nombre de kilomètres a augmenté de 8 %. Il va falloir observer le comportement des automobilistes dans le contexte de hausse spectaculaire des carburants et des énergies en général.

Davantage d’engrais dans l’agriculture

Quant aux gaz à effet de serre, eux, ils sont en légère hausse (2 %). Ce sont ces émissions qui contribuent au réchauffement climatique. Dernier polluant particulièrement analysé : l’amoniac. Egalement en hausse (+ 9 %), elles sont le résultats d’emploi plus important d’engrais du secteur agricole.

Olivier SCHLAMA

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