Une étude inédite de l’Insee démontre que l’Occitanie a attiré, en 2021, en pleine crise du covid, 130 000 nouveaux habitants, dont un quart de Franciliens et 44 % d’habitants de régions limitrophes. On ne sait pas encore si cette tendance forte se poursuit jusqu’à aujourd’hui.
Qualité de vie ! Recherche de bien-être ; d’espace ; de calme ; de nature et peut-être même de services et d’un immobilier davantage accessible… C’est le style de vie de plus en plus recherché par les Français en pleine crise du covid. C’est l’hypothèse d’une vie plus qualitative pour expliquer logiquement les résultats d’une étude inédite de l’Insee Occitanie. Auxquels il faut ajouter l’augmentation du télétravail, qui permet d’habiter plus loin, et donc souvent dans un village. Et/ou le besoin de sortir des grands centres urbains – Toulouse, Montpellier ou Nîmes – pour bénéficier de plus d’espace, au même prix ; d’une maison plutôt que d’un appartement.
Occitanie : un solde de + 40 000 personnes en 2021

Les résultats obtenus, grâce notamment aux données de la Poste, font état de quelque 130 000 personnes qui se sont ainsi installées en Occitanie durant l’année 2021 contre quelque 90 000 qui en sont parties, soit un solde de + 40 000 personnes au cours de l’année 2021, année des dernières sources connues.
Sur ces 130 000 nouveaux habitants, un quart (plus de 30 000 Franciliens) vient de la région parisienne. Plus remarquable, cela constitue pour les arrivées d’Ile-de-France une hausse de + 20 % du solde migratoire entre 2019 et 2021. Cette hausse progresse trois fois plus vite en provenance de la région capitale que de la moyenne des autres régions de France !
La plupart des arrivants en Occitanie proviennent de régions limitrophes : Nouvelle Aquitaine, Paca…

Pour autant, la plupart des arrivants en Occitanie (44 %) proviennent de régions limitrophes : Nouvelle Aquitaine, Provence Alpes-Côte d’Azur… Le reste vient d’autres régions de France. “Dans cette étude, nous avons zoomé sur le solde migratoire (la différence entre arrivées et départs), qui est différent du solde naturel (différence entre naissances et décès), précise Bérénice Costes. Cheffe de projets au Service Etudes et Diffusion de l’Insee Occitanie et co-auteure de l’étude ajoute que “l’on peut avoir un solde migratoire positif et un solde naturel négatif”. Et, qu’au final, la population de certaines communes ne progresse pas forcément.
Cette tendance se poursuit-elle les années suivantes ? Ce solde migratoire va-t-il se tasser ? Ou pas. Pour l’instant, c’est l’inconnu : les sources, notamment les données sur la population, seront actualisées d’ici la fin de cette année. Mais, du 1er janvier 2022 au 31 décembre 2022, nous avons regardé les données de la Poste l’attractivité du territoire. “En 2022, cependant, l’attractivité de ces territoires ruraux faiblit mais très légèrement et reste plus élevé qu’avant la crise sanitaire.”
Communes rurales : 145 arrivants pour 100 partants
Où se sont installés prioritairement ces 130 000 nouveaux arrivants en Occitanie ? “Les territoires qui bénéficient de la plus forte attractivité (l’indicateur, c’est le nombre d’arrivants pour 100 partants), ce sont les communes rurales avec 145 arrivants pour 100 partants dans la moyenne des communes rurales.”
On part de Montpellier et Toulouse pour s’installer dans un rayon de 100 km

Les départs depuis les grands pôles de Montpellier et de Toulouse augmentent. La moitié de ceux qui quittent ces pôles s’installent dans un rayon de 100 kilomètres, un peu plus loin du pôle en 2021 qu’en 2019. C’est, aussi, la revanche des villes moyennes qui se vérifie, avec sans doute une offre de services intéressante qui peut attirer.
Bérénice Costes valide : “C’est ce que les chiffres montrent également : un solde migratoire, un solde arrivées-départs positif dans des villes comme Foix, Graulhet, Limoux, Prades. Elles sont nombreuses aussi le long du littoral : Marseillan, Valras-Plage… Là, on obtient un ratio de 125 arrivées d’habitants pour 100 départs en moyenne, en 2021, contre 117 avant la crise covid. Ce ratio a donc fortement augmenté.” Et : “Parmi ces nouveaux arrivants, quatre sur dix viennent d’une autre région française et six sur dix résidaient dans une commune urbaine d’Occitanie définitions.”
“Dans les centres urbains plus petits, par exemple Narbonne, Gaillac ou Castelnaudary, et les ceintures urbaines, l’attractivité est stable depuis 2017 avec un ratio de 111 arrivées pour 100 départs”, explore encore l’étude. Avant la crise sanitaire comme après, le nombre d’arrivées et le nombre de départs progressent dans les mêmes proportions. L’attractivité s’étend autour des grandes agglomérations et s’intensifie dans l’arrière-pays méditerranéen. En périphérie des grandes villes, les arrivées sont supérieures aux départs, montrant des choix de résidence toujours tournés vers les zones périurbaines.
“Gain d’attractivité aussi important de l’arrière-pays méditerranéen”

Plus généralement, les deux auteures de cette étude, Bérénice Costes et Claire Kubrak disent : “En 2021, l’attractivité de la région se renforce. Les échanges migratoires avec les autres régions françaises sont largement excédentaires et en nette hausse par rapport à 2019. Les mobilités résidentielles bénéficient aux territoires ruraux, davantage encore qu’avant la crise sanitaire. Entre 2019 et 2021, le gain d’attractivité est aussi important dans l’arrière-pays méditerranéen.”
En 2020, l’Insee affirmait : “Pas de déplacement massif de Franciliens en Occitanie”…
Pourtant, en avril 2020, Caroline Jamet, de l’Insee Occitanie, affirmait, étude inédite à l’appui, qui avait analysé les mouvements de population accompagnant la mise en place du confinement en Occitanie, tordre le cou à un mythe à l’époque. La chercheuse était claire : “Il n’y a pas eu de déplacement massif de Franciliens en Occitanie. Dans notre région, seuls deux départements ont vu leur population croître de 6 % chacun : le Lot et le Gers. Ceci est principalement dû au retour d’étudiants depuis Toulouse chez eux ; on ne peut pas négliger dans ces deux départements où il y a pas mal de résidences secondaires un petit afflux de Parisiens. Mais c’est limité.” Caroline Jamet ajoutait : “Dans notre synthèse, nous montrons aussi que quatre autres départements sont concernés par ce confinement.”
Hausse très forte en Lozère (+ 60 %), Aude (+ 40 %), Gers et Lot (+ 30 %)

L’Occitanie figure parmi les régions les plus attractives de France, derrière la Bretagne et la Nouvelle-Aquitaine, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI. En 2019, l’Occitanie accueillait 30 000 habitants supplémentaires. Entre 2019 et 2021, le nombre des arrivées a augmenté, celui des départs également mais les arrivées ont progressé presque cinq fois plus que les départs (+ 14 % contre + 3 %).
Les départements du littoral méditerranéen attirent également de nombreux Franciliens, particulièrement ceux âgés de 50 ans ou plus (six sur dix s’y installent).
Entre 2019 et 2021, les arrivées en provenance d’Île-de-France ont fortement augmenté, dans la région comme ailleurs. En Occitanie, elles progressent de 20 %, trois fois plus que les arrivées depuis d’autres régions françaises. La hausse est très forte en Lozère (+ 60 %), dans l’Aude (+ 40 %), dans le Gers et dans le Lot
(+ 30 %).
Olivier SCHLAMA
En 2021 , plus de départs que d’arrivées à Toulouse, Montpellier, Nîmes, Auch, Rodez, Mende, Tarbes
A noter que les Franciliens qui s’installent dans les départements ruraux sont plus âgés que ceux qui emménagent dans un département urbain (43 ans en moyenne contre 37 ans). En Haute-Garonne, les nouveaux arrivants franciliens sont plus nombreux en 2021 qu’en 2019 alors que le nombre total d’arrivants dans le département diminue.

Dans l’Hérault, les arrivées depuis l’Île-de-France progressent dix fois plus que celles venant des autres régions (+ 20 % depuis l’Île-de-France contre + 2 % depuis les autres régions). Elles expliquent une grande partie de la hausse des arrivées dans le département, surtout dans sa partie urbaine, à savoir les agglomérations de Montpellier et de Béziers et le littoral.
L’attractivité s’intensifie dans l’arrière-pays méditerranéen
En 2021 comme en 2019, les départs sont plus nombreux que les arrivées dans les grandes villes : Toulouse, Montpellier, Nîmes et dans certaines villes plus petites comme Auch, Rodez, Mende, Tarbes. Perpignan fait figure d’exception parmi les plus grandes villes de la région. L’attractivité s’intensifie dans l’arrière-pays méditerranéen, sur un grand arc allant de Prades à Alès. D’autres zones très rurales, éloignées de l’influence des grandes villes, attirent également de plus en plus de nouveaux habitants ; notamment la vallée de l’Aveyron entre Montauban et Villefranche- de-Rouergue, mais aussi le piémont pyrénéen et l’ouest des départements du Gers et du Lot.
S’éloigner des métropoles, sans vraiment les quitter

Toulouse et de Montpellier continuent d’accueillir un grand nombre de nouveaux arrivants, moins qu’en 2019 dans le pôle de Toulouse mais toujours autant dans celui de Montpellier. En revanche, les habitants qui quittent ces grands pôles sont de plus en plus nombreux, à Toulouse comme à Montpellier. Les départs y augmentent de 11 % entre 2019 et 2021. La moitié de ceux qui quittent ces deux pôles s’installent dans un rayon de moins de 100 km. La proche périphérie reste le choix d’installation privilégié puisque la majorité de ces derniers emménagent à moins de 30 km. Ceux-là s’éloignent donc des grands centres urbains plus qu’ils ne les quittent.
Les habitants de 50 ans ou plus sont de plus en plus nombreux à quitter les pôles de Toulouse et de Montpellier. En 2021, une personne sur sept qui quitte l’un de ces deux pôles est âgée de 50 ans ou plus. Leur nombre augmente fortement entre 2019 et 2021 (+22 %). La grande majorité d’entre elles restent en Occitanie. Elles s’installent sur le littoral ou dans l’arrière- pays méditerranéen plus souvent que les plus jeunes. Les départs des moins de 25 ans augmentent peu (+4 %) dans les pôles des deux grandes villes.
O.SC.
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