Andorre : Un aéroport à 2000 mètres d’altitude au coeur des Pyrénées !

C’est l’incroyable projet que lance la CCI locale qui pourrait voir le jour en 2026. Le but : désenclaver ce petit pays et améliorer ses relations commerciales et touristiques malmenées par la crise. EELV est vent debout.

En Andorre, on est relax, les écolos, eux, sont furax ! Alors que la pandémie sévit ; que les stations de ski ne voient pas une seule descente de skieur de tout l’hiver pourtant si enneigé ; le petit pays enclavé, coprésidé par la France, décide de lancer une étude pour se bâtir un aéroport international pour accueillir une clientèle fortunée sur ses pistes, dans ses centres de balnéothérapie… Il se situera, si tous les feux passent au vert, entre Grau Roig et le Pas-de-la-Case, à 2 000 mètres d’altitude, réchauffé, prouesse parmi tant d’autres, par un soi-disant système de géothermie, et à seulement quelques kilomètres de la France… Ouverture annoncée en 2026 avec une piste de 1 800 mètres de long pouvant accueillir des avions moyen courrier de dernière génération. Toutes les destinations sont envisagées dans un rayon de 6 000 km. Coût envisagé : 344 M€, “dont 44 % pour améliorer la dimension écologique”.

Peut-on imaginer une telle infrastructure, à la hauteur des pistes de Font-Romeu, par exemple ?”

David Berrué, porte-parole EELV

David Berrué est le porte-parole EELV du Têt et des Pyrénées catalanes. Il ne décolère pas depuis cette annonce par la chambre de commerce et d’industrie d’Andorre que le gouvernement andorran a chargé de mener les études. Il dit : “Ce projet est invraisemblable. Evidemment, il y aura, pour commencer, d’importantes nuisances aériennes avec un demi-million de passagers envisagés. Mais est-ce que l’on peut s’imaginer une telle infrastructure dans les Pyrénées, à la hauteur des pistes de Font-Romeu, par exemple ?”

“Le projet est aussi antisocial, ne s’adressant qu’aux gens fortunés venant d’Asie, du Moyen-Orient ou de Russie et qui ne viendront qu’en jet privé…”

Et puis il y a la philosophie sous-jacente que dénonce et combat EELV : “Déjà anti-écologique, ce projet est aussi antisocial. Il ne s’adresse qu’aux gens fortunés venant d’Asie, du Moyen-Orient ou de Russie et qui ne viendront sur les pistes de ski andorranes qu’en jet privé… Ce sont les mêmes qui se partagent des destinations de rêve sur des yachts privés. Et ce n’est pas un discours anti-riche que de dire cela… En montagne, on a besoin d’autre chose que de ce genre de projet destructeur… Il est temps de remettre en cause le style de vie de certains milliardaires qui vont créer quelques emplois. On n’est pas un parc d’attraction. Maintenant, nous attendons les réactions des politiques locaux et régionaux pour connaître leurs positions à ce sujet…”

Je comprends la position du gouvernement andorran qui cherche à désenclaver ce pays…”

Arnaud Diaz, maire de L’Hospitalet-Près-l’Andorre

L’avis de Arnaud Diaz n’est pas sans intérêt. Au contraire. Le maire de la petite commune de l’Hospitalet-Près-l’Andorre a une position nuancée. “Je suis partagé, dit-il. J’accueille cette nouvelle avec beaucoup de surprise. Après, je comprends la position du gouvernement andorran qui cherche à désenclaver ce pays. Surtout que par la route ce n’est parfois pas évident. Et qu’en matière de TER, par exemple, on nous a supprimé une navette gratuite entre notre village et Granvalira, le grand domaine skiable andorra, sans que l’on en soit informés d’ailleurs.”

“Avoir un aéroport à côté de chez moi, j’y vois un intérêt…”

La crise du coronavirus a-t-elle accéléré ce projet ? “C’est possible. Il y a de toute façon un problème d’accessibilité générale sur Andorre. Et puis mois comme maire de l’Hospitalet, avoir un aéroport à côté de chez moi, j’y vois un intérêt. J’ai réussi à créer trois emplois avec la Maison des Cimes mais cela reste trois emplois. Si on veut développer le tourisme, il ne faut pas être prisonnier de dogme ou d’idées préconçues. Les écolos, je veux bien mais ils sont contre la ligne à grande vitesse jusqu’à Toulouse, les aéroports… Et on fait comment pour continuer à vivre ici…?”

“La crise sanitaire ont eu un effet sur le modèle économique actuel, avec une dépendance excessive du tourisme local…”

Pour l’heure, la CCI d’Andorre fait savoir que tout dépendra, évidemment, de “l’étude d’impact”, sans préciser qui la mènera et où (jusqu’en France ?). Ni le coût d’une telle infrastructure à bâtir en plein coeur des Pyrénées. “Nous avons la volonté de désenclaver Andorre notamment par le rail et l’avion.” De plus, le gouvernement andorran explique que, “surtout depuis 2017 et la chute brutale de l’activité à la fin de 2020 en raison de la crise sanitaire ont eu un effet sur le modèle économique actuel, avec une dépendance excessive du tourisme local (…) entrainant une dépendance économique, politique et sociale avec des pays voisins.” Pour la CCI d’Andorre,  cet aéroport serait la locomotive pour une “activité économique durable”.

Le président de la CCI ajoute : “Cet aéroport n’affectera pas la qualité de vie des citoyens, bien au contraire (…) C’est essentiel pour les relations d’affaires…” Cela permet aussi de ne pas bloquer ce petit pays lors de manifestations, d’effondrements naturels. Et de ne plus dépendre des aéroports de Toulouse et Perpignan en France. L’aéroport de la Seu D’Urgell, à 12 km, en Espagne serait trop limité.  Les Andorrans avancent aussi que c’est une outil de plus pour les urgences sanitaires.

Olivier SCHLAMA

Ces chères Pyrénées sont sur Dis-Leur !