C’est une première : la collectivité présidée par Carole Delga pilote dès le 22 juin cette desserte d’un territoire qui en a besoin.

Il a fallu dix ans d’opiniâtreté pour que la Région Occitanie rouvre la ligne ferroviaire Montréjeau-Luchon et en assurer sa gestion : “C’est une première nationale”, revendique la Région Occitanie. Ce sera chose faite le 22 juin prochain avec la réouverture officielle de cette ligne au public. Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, inaugurera le dimanche 22 juin prochain la ligne, l’occasion d’une journée exceptionnelle sur le thème Un Dimanche à la Montagne (1), de quoi montrer que cette ligne peut être un atout également touristique. En amont,
a présidente de Région assistera le jeudi 19 juin à la circulation des trains de formation des conducteurs sur la ligne.

Le retour du train dans la vallée après 10 ans d’absence

En 2014, SNCF avait suspendu les circulations entre Montréjeau et Luchon suite aux intempéries et du fait de la vétusté de la ligne. Il s’agit de la seconde réouverture de ligne à la suite de la grande concertation citoyenne régionale des Etats Généraux du Rail et de l’intermodalité, en 2016, après celle de la Rive Droite du Rhône en 2022. Nouveauté : l’Occitanie devient la première Région en France à obtenir auprès de l’Etat la gestion d’une ligne ferroviaire et à réaliser, sous sa propre maîtrise d’ouvrage, des travaux de cette ampleur (67 M€) pour permettre sa mise en service. La Région Occitanie est la collectivité qui oeuvre le plus pour le train dans l’Hexagone comme le président de la FNAUT nous le confiait ICI.

“L’accès à Luchon est une question importante ; il y a de l’activité économique, thermale, touristique…”

Pourquoi une réouverture dix ans après ? “Cette ligne avait été fermée pour raisons de sécurité, pour non entretien de l’infrastructure, précise Jean-Luc Gibelin, vice-président de la Région chargé des transports. On n’entretient pas et après on dit qu’il y a des problèmes de sécurité qui sont certes fondés… Il fallait une rénovation de la voie et le soutient d’un certain nombre d’ouvrages. Rien que du classique.”

À propos du potentiel de la ligne, Jean-Luc Gibelin dit : “Difficile de le prévoir. Personne n’avait prévu qu’en Occitanie nous aurions une augmentation de 68 % de la fréquentation des trains régionaux entre 2019 et 2024. Parler de potentiel est compliqué. Ce qui est sûr, c’est que c’est l’une des vallées pyrénéennes ; l’accès à Luchon est une question importante ; il y a de l’activité économique, thermale, touristique, été comme hiver… Il y a un certain nombre de communes. Du potentiel, il y en a mais on n’entre pas dans un système socio-économique théorique qui n’intègre pas le comportement des gens. Comme on a été incapable de prévoir les comportements avant et après le covid. Je dis cela parce que c’est dangereux de s’enfermer dans ce type de raisonnement.”

“C’est une décision politique très forte, c’est un choix exceptionnel”

Il faut, dit encore Jean-Luc Gibelin, “miser dans la transition écologique ; il y a une nécessité de l’accompagnement et pour cela, il faut une offre. Et de là on voit comment les gens réagissent mais il n’y a pas de raison que les habitants de cette vallée réagissent fondamentalement différemment d’ailleurs”. Avec cette réouverture de la ligne aux voyageurs, la Région souhaite ainsi favoriser les déplacements en train pour tous les habitants de l’axe Pau-Luchon et Toulouse-Luchon. Reliant Montréjeau à Luchon en 35 minutes, elle proposera six allers-retours quotidiens, avec cinq points d’arrêt : Montréjeau-Gourdan-Polignan, Loures-Barbazan, Saléchan-Siradan, Marignac-Saint-Béat et Bagnères-de-Luchon. “Cela fait partie des deux lignes transférées pour laquelle en 2017 la SNCF ne voulaient pas d’entretien. Du coup, nous en avions demandé le transfert et que nous avons rénové et que nous nous engageons dans l’entretien. Sur cette ligne, ce sera des trains à convention TER, y compris le TER à 1 €.”

La Région offre des places pour voyager sur le trajet inaugural (dans la limite des places disponibles et réservation obligatoire). Train inaugural en gare de Montréjeau-Gourdan-Polignan à 10 heures. Départ possible à partir de Toulouse à 8h32 (2).

Présidente de la région, Carole Delga rappelle : “Nous l’avions promis, nous tenons notre engagement : à compter du 22 juin, les habitants du Comminges, comme les visiteurs des Pyrénées, verront le train revenir dans la vallée, après dix ans d’absence. Rouvrir la ligne Montréjeau-Luchon, c’est une décision politique très forte, c’est un choix exceptionnel dans un système ferroviaire aujourd’hui en grande difficulté. Parce que je reste convaincue que le train, là où il peut aller, continue à être l’avenir des mobilités décarbonées. Parce qu’en Occitanie, nous refusons les injustices territoriales : la liberté de se déplacer est cruciale, plus encore dans les territoires ruraux et de montagne”, déclare-t-elle.

“La ligne Toulouse-Auch n’est pas en danger. Il faut que les financements soient au rendez-vous”

Par ailleurs, sur Toulouse-Auch, il fallait aussi entretenir cette ligne SNCF. “La région y a aussi beaucoup investi sous l’ère de l’ex-président de la région Midi-Pyrénées, Martin Malvy, et Carole Delga a poursuivi. Il y a avait une circulations de rames autorisées de manière provisoire liée à un certain nombre de travaux d’ici fin 2026. Ces travaux devaient être programmés en 2024 pour une réalisation en 2025. Quand nous avons annoncé, au regard de la situation budgétaire, nous avons annoncé que nous ne continuerions pas à compenser les manques de l’Etat. Ce dernier, responsable de l’entretien, n’a rien fait et les travaux, s’ils ne sont pas fait d’ici fin 2026, il pourrait y avoir une suspension de l’autorisation provisoire. Nous n’en sommes pas là et nous continuons à travailler avec SNCF Réseaux sans polémique. Dès lors, il y a eu un conflit qui s’est répandu sur les réseaux laissant entendre que la ligne allait fermer. La présidente a démenti ; je l’ai fait dans le cadre d’un débat ; la ligne n’est pas en danger. Il faut que les financements soient au rendez-vous. ”

La région Occitanie avait demandé le transfert de deux lignes : Montréjeau-Luchon et Alès-Bessèges et lors des Etats généraux du rail, six lignes avaient été désignées “comme prioritaires à la réouverture ou au consolidement”.

Olivier SCHLAMA

(1) Au programme de la journée du 22 juin : animations festives (guides à cheval, exposants de produits Fabriqué en Occitanie, dégustations de produits régionaux…) et musicales (chants montagnards et groupe de musique) à partir de 11h30 en gare de Luchon.

(2) Modalités pratiques, programme complet et inscriptions en ligne à retrouver prochainement ici : laregion.fr/letrainML

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