Dès décembre, chaque 1er week-end du mois, vous pourrez prendre le TER moyennant 1 € le trajet subventionné par la Région Occitanie. Carole Delga, présidente de région, ajoute : “Je pose à l’échelle du territoire national le sujet de la gratuité des transports en commun du quotidien. L’urgence climatique en a impérativement besoin”. Sans oublier le pouvoir d’achat des Français entamé par l’inflation. “On est cependant encore loin d’une mesure valable sur tout le territoire comme en Allemagne”, juge Jean-Luc Gibelin, vice-président de la région.
Le test a été très concluant. Face à la flambée des prix à la pompe, la Région Occitanie avait commencé à ouvrir les vannes de la quasi-gratuité, en proposant une offre de billets de TER à 1 € le parcours sur l’ensemble des lignes liO (régionales) durant deux week-ends consécutifs (samedi 15 et dimanche 16 ainsi que samedi 22 et dimanche 23 octobre) “permettant d’économiser 650 000 litres de carburant”, a calculé la collectivité.
Premiers TER concernés les 3 et 4 décembre
L’exception qui a connu un engouement – avec un pic de 131 000 voyageurs pour le second week end, soit cinq fois le trafic habituel -, devient ainsi la règle dès le mois de décembre, le mois des vacances de Noël. Aux côtés des billets accessibles tout au long de l’année (hors juillet-août qui bénéficient d’offres spéciales), vous pourrez acheter un billet de TER à 1 € le 1er week-end de chaque mois en Occitanie “ainsi que lors des pics de pollution” annoncés par le préfet de votre département (31 journées en 2021 et 26 en 2022).
“Investissement” de 150 000 € à 200 000 € par week end
La vente pour ces billets spéciaux devrait être ouverte le 24 novembre prochain. Les premiers TER concernés circuleront les 3 et 4 décembre prochains. “Le coût pour un week-end à 1 €, la Région Occitanie est d’environ 150 000 € à 200 000 € , confie Jean-Luc Gibelin, vice-président chargé des transports. Mais il vaut mieux parler d’investissement. Car, grâce à cette somme, on fait grimper le nombre d’usagers, ce qui fait des recettes en plus : en dix mois, on a enregistré + 10 % de recettes, justement, par rapport à 2019…” Ce qui compense mécaniquement “l’investissement” alloué à ce train à 1 €. Pour Jean-Luc Gibelin, cette mesure, qui a vu la fréquentation bondir de 27 % en Occitanie quand elle n’a progressé que de 2 % au niveau national, a vocation à devenir “pérenne”.
Aide complémentaire au covoiturage
L’objectif est de vendre un million de billets à 1 €. Question pratique : dès qu’un train sera complet, les réservations possibles – du 1er au dernier train quotidiens – basculeront sur le TER suivant. Cette aide, la Région la complète avec une nouvelle aide dédiée au covoiturage (qui bénéficie d’une enveloppe de 2 M€), qui s’adresse aussi bien au passager qu’au conducteur, pour les déplacements inférieurs à 30 km (1).
Objectif : 100 000 voyageurs par an en Occitanie
La présidente de la Région Occitanie, qui a mis en place le train à 1 € depuis de longues années avec trois millions de billets vendus par an (dont la moitié l’été), veut ainsi, redit-elle, faciliter les mobilités du quotidien et répondre à l’urgence climatique en réduisant les émissions carbone liées aux déplacements. “Une ambition qui se traduit notamment par l’objectif d’atteindre 100 000 voyageurs en moyenne par jour sur le réseau de trains régionaux liO.” Actuellement, on compte quelque 70 000 voyageurs quotidiens en Occitanie.
Déjà beaucoup de mesures financées par la Région
En Occitanie, ce plan propose déjà la gratuité des transports aux moins de 26 ans, le trajet à moins d’1 € pour les salariés, ou encore une tarification allant jusqu’à moins 50% pour les voyageurs de plus de 60 ans, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI. Très active, la collectivité a aussi rouvert la ligne de la Rive droite du Rhône, entre Pont-Saint-Esprit, Avignon et Nîmes, avant celles de Montréjeau-Luchon et d’Alès- Bessèges… Sans parler des deux LGV Toulouse-Bordeaux et Montpellier-Perpignan qui nous rapprocheront de Paris et nous permettront de déployer encore plus encore de trains du quotidien sur des axes ferroviaires aujourd’hui saturés.
Demande d’un plan de 100 milliards d’euros à l’État
Carole Delga ajoute : “Je veux aller plus loin pour notre pays. Avec mes homologues présidents de Régions, nous interpellons l’État pour lancer un plan de 100 milliards d’euros sur dix ans en faveur des infrastructures ferroviaires vieillissantes ou manquantes. Et je pose à l’échelle du territoire national le sujet de la gratuité des transports en commun du quotidien. L’urgence climatique en a impérativement besoin…” De quoi faire passer la part modale du chemin de fer de 10 % à 20 % des déplacements.
“Nouvelle révolution ferroviaire en marche : la gratuité”
Le train redevient tendance, y compris avec la crise écologique ; la démultiplication des zones d’interdictions aux voitures les plus polluantes, les fameuses ZFE. C’est une idée toujours neuve deux cents ans après la mise en service de la première ligne ferrée, en Angleterre, en 1825, “une nouvelle révolution ferroviaire est en marche : celle de la gratuité”, écrit ainsi Carole Delga dans une tribune au Monde, le 14 septembre (…) “Il est temps que la France rattrape son retard pour ne pas rater le train de l’histoire.” Carole Delga s’appuie aussi sur la 7e métropole de France, Montpellier, qui a voté la gratuité des transports. Espagne, Allemagne (qui va investir, annonce-t-elle, 90 milliards d’euros et qui a lancé une offre inédite à 49 € mensuels sur les transports en commun de tout le pays), l’Italie (190 milliards…) D’autres pays européens font le même constat.
“Loin d’une mesure valable sur tout le territoire national”
Quant à une harmonisation éventuelle avec d’autres régions, Jean-Luc Gibelin dit : “Nos propositions tarifaires, que l’État n’a jamais proposées, fonctionnent {car} nous sommes plus agiles et efficaces que l’État. Nous travaillons à davantage de convergences... Peut-être que cela passera d’abord par la signature de conventions comme nous l’avons déjà fait avec la région Auvergne-Rhône-Alpes pour que nos TER ne changent pas d’un coup de tarif en passant la frontière de l’Occitanie, pour aller à Clermont-Ferrand, par exemple. Ou avec Paca quand nos trains vont à Avignon. Ou encore avec la Nouvelle-Aquitaine. On est cependant encore loin d’une mesure valable sur tout le territoire comme en Allemagne, selon le vice-président de la Région Occitanie où la proposition d’un tarif mensuel à 49 € émane du pouvoir central allemand avec une question qui avait été “travaillée bien en amont avec les demandes des länders. On est, en France, très loin de cette réalité, dit-il, rappelant que le gouvernement évoque un bouclier tarifaire limitant la hausse des tarifs de la SNCF mais seulement pour les trains nationaux…”
Olivier SCHLAMA
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(1) Là où il n’y a pas de train, la Région aide le covoiturage. La Région Occitanie met en place une grande opération destinée à aider financièrement les covoitureurs, passagers comme conducteurs, pour les trajets de moins de 30 km, qui ont connu une forte hausse ces dernières semaines (+ 140% pour l’opérateur Blablacar). Il faut avoir réservé son trajet avec Mobicoop, Karos, Atchoum, Klaxit ou BlaBlaCar Daily. Pour le passager, plusieurs dizaines d’euros d’économie. Pour le conducteur, la Région prend en charge 0,10 € par kilomètre, plafonné à 2 € par trajet (cumulable avec le forfait mobilité durable versé par l’employeur). La réduction se fait automatiquement lors de la réservation. Pour le conducteur, c’est l’assurance
de percevoir un minimum de 2 € par trajet quelle que soit la distance. -
Chiffres clés : Plus de 20 millions de voyageurs chaque année ; plus de 1 milliard de kilomètres parcourus en train chaque année par les usagers ; 21 lignes de trains régionaux liO et 2 483 km de voies ferrés ; 274 gares ; plus de 70 pôles d’échanges multimodaux (PEM) soutenus via un dispositif régional, dont notamment le futur PEM de Figeac prévu dans le projet de reconstruction de la gare, financé à hauteur de 3 M€ par la Région ; 72 trains supplémentaires depuis 2020 (+ 11 %) et un Plan Rail de 800 M€ adopté en 2020.
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