Semaine de l’emploi maritime : “Les offres d’emplois de l’économie bleue vont doubler…!”

Sète, port. Ph. Olivier SCHLAMA

En plein essor, l’économie maritime mondiale vise 40 millions d’emplois d’ici 2030. Avec le deuxième plus grand domaine maritime au monde (plus de 10 millions de kilomètres carrés), la France dispose d’un formidable potentiel de développement. Cet avenir se prépare activement : c’est la 7e édition de la Semaine de l’emploi maritime avec 300 événements, visites d’entreprises, portes ouvertes… L’Occitanie est en première ligne, comme l’explique Thierry Lemerle, directeur de Pôle emploi Occitanie.

Thierry Lemerle est officier de réserve dans la Marine nationale. L’économie maritime, il en connaît donc un rayon. Le directeur de Pôle emploi Occitanie est aussi le référent national de l’économie maritime et fluvial (bleue) et aussi des armées qui embauchent, elles aussi, énormément : 50 000 recrutements par an !

À ce titre, il supervise la 7e édition de la Semaine des métiers du maritime jusqu’au 31 mars : 370 événements sont organisés un peu partout dans l’Hexagone – dont plus de 30 en Occitanie dont un, remarquable, à Sète (1)  – concomitamment avec un salon de recrutement en ligne dont évidemment beaucoup en Occitanie.

Des entretiens d’embauche même en ligne

Thierry Lermerle, directeur Pôle emploi Occitanie et référent économie maritime en France. DR

Il dit : “C’est la première fois que l’on organise un salon en ligne, confie Thierry Lemerle. Il suffit de s’inscrire en ligne sur le site. Et ça marche : vendredi dernier, nous avions 800 offres proposées ! Cela permet à des gens qui ne sont pas forcément près d’une entreprise de la filière dans leur secteur de passer un entretien d’embauche avec la trentaine d’entreprises qui s’étaient positionnées.” Le top 3 des métiers recherchés, hors tourisme (poids dans les offres de la filière de la zone hors tourisme) : pour la façade Méditerranée : chaudronnerie-tôlerie (14 %), maintenance électrique (14 %) et soudage manuel (10 %).

Semaine de l’emploi maritime

Ce à quoi il faut ajouter la possibilité de se renseigner sur le site de la Semaine de l’emploi maritime avec conférences sur les énergies renouvelables, métiers de la construction navale, avec la Marine nationale, la plaisance, les activités à terre, dans les ports de commerce, etc. Parallèlement, Pôle Emploi a présent en amont “Nous avons signé beaucoup de partenariats avec les lycées de la région”.

Faire connaître l’économie bleue

À Sète, Annick Girardin avait visité, le 28 septembre 2020, le lycée de la Mer et un mas ostréicole. Occasion d’évoquer l’économie bleue, les formations de demain et le bateau du futur… Ph. Olivier SCHLAMA

“Pour cette 7e édition de la Semaine de l’emploi maritime, nous avons trois objectifs. Le premier : faire connaître toutes les activités de l’économie bleue. On a fait le constat, même si la majorité de la population vit près des Océans, de la Méditerranée ou des fleuves, eh bien ils connaissent mal les métiers maritimes. Deuxièmement : bien faire connaître également tous les métiers et les débouchés. Enfin, les solutions pour s’orienter vers ces métiers. Les formations initiales, notamment. Il y a aussi des visites d’entreprises ; des rencontres dans les lycées professionnels et bien sûr des sessions de recrutement. On a aussi créé sur le site de Pôle Emploi des webinaires sur chaque demi-journée de la semaine, ouverts à tous, avec tout un programme sur toute la semaine; sur les activités portuaires ; la construction navale ; les métiers en mer ; l’éolien ; les énergies renouvelables…

Déjà 120 000 offres d’emplois dont 10 % en Occitanie

Argelès. Ph. Renaud Dupuy de la Grandrive.

Quel est l’état des lieux de l’économie maritime, dite “bleue” ? C’est quelque 120 000 offres d’emplois proposées chaque année. C’est très important. L’Occitanie pèse traditionnellement 10 % de ces offres. Sur l’année, cela représente à eu près 12 000 offres à 90 % satisfaites. Avec des activités pérennes, en CDI, et aussi des emplois saisonniers mais qui durent : la saison commence souvent fin mars-début avril pour se terminer à la Toussaint. Les employeurs nous proposent des fiches de postes tendant vers l’excellence et, par un travail que nous menons avec eux, on leur propose des candidats qui ne sont pas tout à fait la cible mais qui ont un savoir-être qui leur permet d’être embauchés rapidement, comme Dis-Leur vous l’expliquait ICI. Et que l’entreprise peut former. 

La plupart des métiers vont exploser dans les trente ans qui viennent et le cluster maritime parle de doublement des emplois dans ce secteur. Jusqu’à 240 000 offres…”

Thierry Lemerle, à gauche, et Frédéric Moncany de Saint-Aignan, président du Cluster Maritime Français. Ph. DR.

Ce n’est pas tout. Thierry Lemerle évoque un partenariat important, avec le Cluster maritime français.Nous avons également un partenariat très étroit avec le Cluster maritime français, un regroupement d’entreprises qui promeut l’économie bleue. Eux nous disent, à partir d’un simple constat : la France, grâce à ses Dom-Tom, possède le deuxième territoire maritime au monde. La grande majorité du commerce international passe par la mer, que ce soit en conteneurs ou en vrac et que, malheureusement, avec les fontes des glaciers, des voies maritimes vont s’ouvrir dans l’hémisphère nord ; que les deux-tiers de la planète sont maritimes et en partie méconnus.”

Et d’ajouter : “L’avenir de la science, de l’économie et du développement durable va se produire en mer. La plupart des métiers vont exploser dans les trente ans qui viennent et le cluster maritime parle de doublement des emplois dans ce secteur. Jusqu’à 240 000 offres. Alors, pas pour demain matin, mais, oui, en vitesse de croisière.”

“Une économie tournée vers l’avenir”

Vue du port de Sète avec un ferry GNV. Port de Sète – Sud de France.

“En plus, ce sont des métiers qui ont du sens : quand vous travaillez à CMA-CGM, même à terre, dans la logistique, par exemple, vous pouvez suivre des navires de commerce dans le monde entier. Autre attrait, la plupart de ces emplois sont tournés vers la recherche d’un meilleur environnement. Dans la plupart des grands ports français – Marseille a été pionnier et Sète et d’autres vont s’y résoudre – on propose aux navires de se brancher sur l’électricité lors de leurs escales, pour éviter qu’ils ne fassent tourner leurs moteurs au Diesel. C’est donc aussi une économie tournée vers l’avenir. Le gouvernement français avec tous les industriels veulent mettre en place des parcs éoliens pour justement être moins dépendants des énergies fossiles et pour davantage d’autonomie”.

Près de 900 métiers différents !

En visio, à Pôle emploi de la Réunion. DR

Y a-t-il beaucoup de métiers liés au maritime en tension. “Oui, c’est le cas, répond Thierry Lemerle. On est proche des métiers industriels. Ils sont très divers : on dénombre pas loin de 900 métiers différents ! De réparateur de moteur au lamaneur qui permet l’amarrage des bateaux. Il y a aussi des métiers dans la Marine nationale comme ingénieurs atomiciens.”

Thierry Lemerle prend un exemple : “Dans le port de Toulon, il y a 17 centrales nucléaires du fait des sous-marins et du porte-avions Charles-de-Gaulle et qui ont besoin de spécialistes. Il y a aussi beaucoup de postes d’informaticiens car, de plus en plus, le numérique prend de la place à bord. Le Charles-de-Gaulle se pilote avec un joystick. Idem pour le pêcheur, à Sète, qui a de plus en plus de matériels numériques…”

482 000 salariés en hausse de 7,2 % par rapport à 2020

Le secteur maritime et fluvial compte de nombreux emplois. “La filière comptait, en 2021, 482 000 salariés en France (+ 7,2 % par rapport à 2020), Dom-Tom compris, répartis dans plus de 56 790 entreprises. De la grande entreprise comme Naval Groupe, à la plus petite comme Yachting à la Grande-Motte, avec une trentaine de salariés, spécialisée dans la conception de catamarans. Et il y a même de plus petites, des artisans. Le deuxième point, c’est que cette filière recouvre à la fois les activités en mer – ce à quoi on pense le plus souvent quand on évoque le monde maritime et des activités à terre.” 

La Méditerranée, davantage tournée vers le tourisme

Argelès-sur-Mer. Stéphane Ferrer. Argeles Tourisme

Ces effectifs salariés sont surtout localisés sur la façade Ouest (46 %), mais également en façade méditerranéenne (31 %). La région Paca en concentre 24 %. La façade méditerranéenne est davantage concernée par le tourisme qui représente près des deux-tiers des effectifs salariés de la filière maritime et fluviale. La région Paca rassemble à elle seule 34 % des emplois touristiques de la filière (contre 14 % pour la Bretagne, 12 % pour les Dom et 11 % pour la Nouvelle-Aquitaine).

Entre janvier et décembre 2022, 165 900 offres d’emploi en lien avec les activités maritimes et fluviales ont été déposées auprès de Pôle emploi. Ces offres enregistrées sont en hausse de + 28,8 % sur un an (+ 21,5 % tous secteurs). La majorité des emplois proposés dans la filière maritime sont durables (51 %, contre 63 % tous secteurs confondus).

Personnels embarqués, plate-formes offshore, éoliennes, dans les ports et emplois liés au tourisme

éoliennes flottantes. Dr

Thierry Lemerle poursuit : “Les emplois qui y sont attachés peuvent être des personnels embarqués (du commandant de porte-conteneurs au dieseliste) sur bateaux ; sur plate-formes offshore ou sur éoliennes en mer (en Normandie, il va y avoir le premier parc français qui a le plus d’éoliennes offshores). On a aussi autant d’emplois dans des métiers maritimes ou dans le fluvial mais à terre : tout ce qui est logistique, transformation des produits de la pêche, construction navale… Enfin, il y a une 3e branche dans ce secteur : tous les autres emplois indirects et notre région est très concernée par les métiers du loisir ; tout ce qui tourne autour du tourisme. Du moniteur de plongée ou de voile mais aussi des restaurateurs.”

Olivier SCHLAMA

  • (1) A Sète, ce jeudi 30 mars, quai d’Alger, de 14 heures à 17 heures, retrouvez tous les acteurs du maritime sur la place de l’emploi et de l’économie bleue. De nombreux employeurs, organismes de formation et opportunités de recrutement.

Photographie de la filière maritime :

  • Le top 3 de l’emploi salarié de la filière (hors tourisme), en 2019 ? Les services portuaires et nautiques (41 %), Travaux en mer (19 %), construction et maintenance navale (18 %). Celui des embauches, en 2020 :  les services portuaires et nautiques (56 %), pêches et cultures marines (21 %) et 6 % pour la transformation des produits de la mer.
  • Le port et la plate-forme ferroviaire de Sète. Ph. Port de Sète – Sud de France.
    Les métiers les plus recherchés au niveau national : soudage manuel, maintenance électrique, chaudronnerie-tôlerie, management et ingénierie études, recherche et développement industriel, maintenance mécanique industrielle, réalisation et montage en tuyauterie, réalisation – Installation d’ossatures bois, peinture industrielle, conduite de grue, poissonnerie.
  • Les activités économiques en lien avec le secteur maritime et fluvial sont en plein essor et les besoins en emploi et compétences progressent fortement. L’économie maritime mondiale pourrait représenter 3 000 milliards de dollars et 40 millions d’emplois d’ici 2030, selon un rapport de l’OCDE. Avec le deuxième plus grand domaine maritime au monde (plus de 10 millions de kilomètres carrés), la France dispose d’un potentiel de développement économique majeur.
  • Poids économique. L’évaluation économique du poids du secteur maritime est complexe. Une étude réalisée par le Boston Consulting Group (BCG) pour la Fondation de la Mer avance toutefois que l’espace maritime français, le 2ème au niveau mondial, générerait l’équivalent de 14 % de notre PIB, soit près de 270 milliards d’euros par an. Le secteur de la mer pèserait ainsi près de trois fois plus que le secteur automobile et plus de cinq fois plus que le secteur aéronautique. En 2019, le secteur maritime et fluvial employait près de 471 000 salariés, hors personnels militaires, dans plus de 58 000 structures.
  • Le tourisme reste incontestablement l’activité qui génère le plus de valeur ajoutée. Un potentiel reste encore à exploiter, notamment via le soutien des secteurs d’avenir (biotechnologies, énergies renouvelables, etc.) ou l’accompagnement de la transformation des activités « historiques » (ports, construction navale, filière pêche, etc.) Cependant, les prévisions d’ensemble sont optimistes. En 2020, hors tourisme, 123 000 embauches ont ainsi été enregistrées au sein de la filière mer.

Les événements de la Semaine de l’économie maritime en Occitanie

Le 29 mars de 9 heures à 17 heures
Portes ouvertes : Venez rencontrer la Marine nationale et découvrez leurs opportunités d’emploi : 80 métiers possibles dans 14 domaines d’activité différents.
Salon TAF Parc des expositions Aussonne 31840.
29 mars de 14 heures à 16 heures Visite d’entreprise.
Découvrez le métier de l’ostréiculteur au sein de l’Atelier and Co à Loupian (de l’élevage de l’huître à la dégustation). Atelier and Co Loupian 34140 Loupian
30 mars de 9 heures à midi. Visite d’entreprise. Venez visiter l’entreprise Delta Voile, créatrice de milliers de voiles de bateaux (compétition et tourisme) fabriquées à l’unité. 100 % des voiles sont conçues par le bureau d’études montpelliérain
et la majeure partie des voiles sont réalisées sur le site de production à Mauguio. Le métier principal est couturier-voile. Vous aurez l’opportunité ensuite de participer à une détection de potentiel pour tester vos habiletés sur le secteur de l’industrie. Pour les personnes intéressées, il y aura également la possibilité de faire une immersion en entreprise. Delta Voile 519 rue Hélène-Boucher BP25 Mauguio 34130

Contrôle par les Affaires maritimes des papiers d’un usager d’un pilote jet-ski.
Dans le cadre de la campagne de sécurité des loisirs nautiques, une vaste opération de sensibilisation est lancée sur tout le littoral méditerranéen, par les brigades de surveillance de la gendarmerie, des affaires maritime et de la marine nationale. L’opération concerne particulièrement les véhicules à moteur dont les jetskis.
Photo : Alexandra Alias, Marine Nationale, Défense

30 mars de 9 heures à 17 heures. Portes ouvertes.
Venez rencontrer la Marine nationale et découvrer leurs opportunités d’emploi : 80 métiers possibles dans 14 domaines d’activité différents. Salon TAF Parc des expositions Aussonne 31840
30 mars de 9 heures à 10h30. Portes ouvertes. Venez aux portes ouvertes du lycée
de la Mer de Sète. Vous aurez une présentation des formations proposées et une visite de leurs installations pédagogiques. Lycée de la mer Paul Bousquet Sète 34200
30 mars de 9 heures  à 17 heures. Portes ouvertes. Venez rencontrer le centre de formation de l’INM et découvrez les métiers du nautisme. Canet-en-Roussillon 66140
30 mars de 10 heures à  11 heures. Portes ouvertes. Venez à la rencontre de l’entreprise de salaison des Anchois Desclaux. Vous pourrez visualiser un film sur la fabrication, échanger avec l’employeur et déguster des anchois. Anchois Desclaux Collioure 66190
30 mars de 14 heures à 16 heures. Portes ouvertes. Venez visiter une écluse et rencontrer deux éclusiers sur le site de Saint-Gilles. Saint-Gilles 30800
30 mars de 14 heures à 17 heures. Réunion d’information.
Venez en savoir plus sur les carrières offertes par la Marine nationale et obtenez les informations nécessaires à la construction de votre projet professionnel. Vous aurez l’opportunité de rencontrer des conseillers marine du centre d’information et de -recrutement des forces armées (Cirfa) lors de cette réunion. Place-de-l’Emploi Quai d’Alger, à Sète 34200
31 mars de 9 heures à midi. Réunion d’information. Venez en savoir plus sur les carrières offertes par la Marine nationale et obtenez les informations nécessaires
à la construction de votre projet professionnel. Vous aurez l’opportunité de rencontrer des conseillers marine du centre d’information et de recrutement des forces armées (Cirfa) lors de cette réunion. Agence Pôle emploi, à Albi 81000

Vous aussi, prenez la vague Dis-Leur !