C’est une discipline en plein essor. Aisé techniquement, le stand up paddle permet de glisser sur l’eau en toute autonomie. La Méditerranée réunit la moitié des 100 000 pratiquants de l’Hexagone. À la pointe, la ligue d’Occitanie vient même de créer un diplôme d’accompagnateur dont la formation va s’arracher. Et prévoit l’éclosion de 24 nouveaux clubs dans la région. De bon augure avant les JO de 2028.
Taquiner l’onde en gardant l’équilibre sur une planche et se déplacer avec une pagaie en glissant sur l’eau : c’est un véritable phénomène qui déferle sur nos côtes. Y compris pour les surfeurs et autres kite-surfeurs qui veulent garder la forme les jours sans vent ni vagues.
On en voit partout. Jeunes, moins jeunes, avec un enfant à califourchon ; un chien… Le stand up paddle, de son petit nom SUP, donnant “supeurs”, surnom des pratiquants, se fait une place au soleil depuis une dizaine d’années. Plus facile d’accès que d’autres sports d’eau – kayak, kite, planche à voile…- le SUP connaît des accélérations fulgurantes.
Équilibre, adresse, endurance, muscles profonds…
La dernière en date, à l’issue du dernier confinement, n’est pas la plus faibles. L’apprentissage n’est pas très difficile. Et c’est un sport – importé de Polynésie où il s’y pratique depuis 1 500 ans – complet qui fait travailler l’équilibre, l’adresse, le gainage, l’endurance et les muscles profonds associés ; il est même recommandé dans certaines affections comme la maladie de Parkinson ou les troubles de l’équilibre et il sert de complément à d’autres sports comme la nage ou le sauvetage sportif. D’où l’engouement sans précédent pour cette discipline devenue il y a quelques jours sport de haut niveau et qui espère devenir olympique en 2028.
À Leucate, un nouveau fabricant de paddle gonflables
D’ici là, les paddle grand public fendent l’onde à l’envi. Notamment les gonflables, représentant… “99 % du marché”, selon le conseiller technique spécialisé de la Fédération de surf auquel la discipline est affiliée (ci-après). C’est le cas de Loïc Viandier. Installé à la Palme, près de Leucate (Aude), ce passionné de planches à voile – pratique en plein déclin -, diplômé d’une école de commerce, vient de créer sa propre marque pour surfer sur cet engouement, X Paddle Boards, de paddle gonflables pour en “démocratiser l’usage”, dit-il.
Trois cents unités vendues en trois mois
“Depuis avril que j’ai lancé cette activité, confie-t-il, j’en ai vendu 3 00 unités”. La raison ? Un prix de vente contenu, de 379 € à 479 € (avec un pack complet incluant même un siège pour transformer la planche en kayak), de belles longueur (3,20 mètres) et largeur (15 cm) et un marketing très étudié avec des planches joliment dessinées mais toujours fabriquées en Chine mais “selon les normes de qualité les plus élevées du marché. Ils sont faits avec les meilleurs matériaux du marché, et un drop stitch de haute qualité qui assure une rigidité et une solidité exceptionnelles. Ils offrent ainsi une stabilité maximale ainsi qu’une grande résistance aux coups et à l’usure”.
Adeptes venus des sports d’eau, du running et du vélo
Ce n’est pas le paddle moins cher du marché mais affichant un bon rapport qualité-prix avec une belle épaisseur et une bonne rigidité, notamment. L’engouement, il l’explique par le fait que “c’est un sport facilement accessible pour tous ; on n’a pas besoin d’une connaissance particulière du milieu marin et il tient dans un sac à dos fourni.” Il pense même que le paddle va récupérer des adeptes d’autres sports d’endurance “comme le vélo ou le running”.
“La pratique se fait beaucoup en Méditerranée et de plus en plus en eaux intérieures, lac, rivières…”
Conseiller technique à la fédération de surf, incluant le SUP, Serge Lougarot ne le contredira pas. “Nous n’avons pas les chiffres de vente parce que tout le monde vend du stand up paddle, les grandes surfaces et même Lidl qui a vendu un produit ultracompétitif, en gonflable, à 249 € réalisé par Mistral !”
Et d’ajouter : “Pour nous, le nombre de pratiquants dépasse largement les 50 000 amateurs en France ; on doit tourner autour de 100 000 personnes. Il y a beaucoup de pratiquants mais peu de licenciés, environ 2 000 en France. Mais il faut sans doute multiplier par 25 pour avoir une vague idée du nombre de pratiquants réguliers. C’est comme en surf où l’on compte à peine 20 000 licenciés mais un nombre de pratiquants bien plus élevé. La pratique se fait beaucoup en Méditerranée et de plus en plus en eaux intérieures, lac, rivières. Beaucoup de clubs de surf proposent des balades.”
La Méditerranée réunit 50 % des 100 000 pratiquants
Christophe Roquefere est le spécialiste du SUP en Méditerranée. Prof d’EPS, né à Montpellier, il préside la ligue d’Occitanie, Surf SUP Occitanie, et vient de créer Watermensurfclub, à la Grande-Motte où il propose des “activités combinées : surf de vague, SUP, nage en mer et sauvetage”, essentiellement entre septembre et juin, plage du Couchant, durant les vacances scolaires. “Nous avons créé la ligue en 2011 pour fédérer les clubs”, explique ce grand-mottois. Egalement prof à la fac Savoie-Mont-Blanc, il dit : “On est plus proche des 100 000 pratiquants aujourd’hui, dont la majeure partie, environ 50 % en Méditerranée. Notre but c’est d’accompagner les clubs ; proposer des formations fédérales pour l’encadrement et créer de nouveaux outils et des moyens pour créer de nouveaux clubs.”
Objectif aider à l’éclosion de 24 clubs
Christophe Roquefere confie encore que la volonté de la ligue est de mettre sur pied un projet de développement à la mesure de l’engouement, baptisé Nouvelle Vague : “Nous espérons pouvoir participer à l’émergence de 24 clubs spécialisés dans le SUP, 12 sur la côte et autant à l’intérieur des terres, sur des plans d’eau calmes comme à Toulouse ou dans le Tarn, au Salagou, etc. Nous voulons amener ce plaisir de la glisse en mer et permettre au plus grand nombre de jouer sur l’eau.”
Le futur diplôme fédéral s’arrache…
Il vient de créer également un diplôme dont la formation sera délivrée dès le mois de septembre. “Les places seront limitées. Tout est sur le site surfingoccitanie.com. Pourront s’y inscrire les candidats qui auront déjà participé minimum à deux épreuves au moins de niveau régional, Race. Il en coûtera 350 €. Une bonne partie sera délivrée en distantiel pour éviter les déplacements de toute l’Occitanie. C’est un brevet fédéral de stand up hors vague qui servira à encadrer des participants dans un club.” Cela va évoluer vers un brevet d’Etat. Et servira aussi ceux qui ont un projet professionnel privé comme la création d’une école privée ou associative.
Nouer des partenariats avec des clubs proches de l’eau
Reste un écueil à résoudre, mis au jour par Christophe Requefere : “La difficulté logistique. Nous cherchons de plus en plus à nouer des partenariats avec des clubs d’aviron et de voiles, des bases nautiques car la plupart du temps nous sommes limités en place dans nos Algeco et cabanes. De plus ces structures sont proches de l’eau.” Les SUP rigides doivent être facilement transportables, donc près de la zone de pratique, “pour une mise à l’eau simple” pour ne pas en freiner le développement.
Acheter un gonflable ? Les conseils
Si l’on veut se familiariser avec le paddle, on peut rechercher à en acheter un gonflable pour débuter. Serge Lougarot, dont la mission est d’organiser des épreuves de paddle, notamment en championnat de France, donne quelques conseils pour acheter un SUP gonflable que certains malins logotisent et font fabriquer à la chaine en Chine. “Il y a énormément de modèles, souligne-t-il. Ce que l’on peut conseiller, c’est qu’il y ait une pression d’au moins 15 PSI – une mesure anglo-saxone qui signifie Livre force par pouce carré – soit entre 1 et 1,5 bars.”
Pression, longueur, épaisseur…
Plus la pression sera élevée, plus la planche sera rigide, glissera et ne poussera pas l’eau. La planche doit faire au minimum 10-12 pieds, soit plus de 3,20 mètres. “On ne peut pas dire qu’il y ait de mauvaises marques mais certaines sont de bonnes qualité. Pour savoir si votre planche et de bonne qualité, posez-là sur des tréteaux : il ne faut pas qu’elle se déforme sous votre poids (Ndlr : ne “flambera” pas, dans le jargon). “Après tout un tas de paramètres entrent en ligne de compte : l’épaisseur, la qualité des matériaux, du grip, de la colle, les protections, le rebord doivent résister à la pression. Dès 300 €, on peut s’amuser. Mais juste s’amuser. Certains proposent des stand up paddle en matériaux recyclés, forcément plus chers.”
“Si l’on veut vraiment pratiquer régulièrement, on passera rapidement du gonflable au rigide… !”
Pour sa part, Christophe Roquefere complète : “Beaucoup de vendeurs de “matelas” de sont mis à vendre du SUP pour surfer sur la mode. Attention à la qualité : certains de ces produits se déforment sous la chaleur ; n’ont pas de stabilité et poussent l’eau au lieu de glisser.” Un mauvais investissement, en somme. Mais si l’on veut vraiment commencer avec un bon premier prix, il dit : “Il vaut mieux se vérifier la continuité de la marque, savoir si elle existe depuis un moment. Il cite la société Redwood à Perpignan. Ils ont une gamme complète du gonflable au rigide et n’ont donc pas intérêt à pousser la vente vers l’un ou l’autre. Il y a aussi Decathlon, qui a un très bon service après-vente et qui permet d’essayer le paddle avant de l’acheter”.
Enfin, conclut Christophe Roquefere, “si l’on veut vraiment pratiquer régulièrement, on passera rapidement du gonflable au rigide…! Ce sont des sensations de plaisir de glisse et de vitesse bien meilleures”. Pour devenir un vrai super supeur !
Olivier SCHLAMA
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