Le Salon régional de l’Agriculture revient cette année pour mettre à l’honneur le meilleur de l’agriculture, de l’agroalimentaire, de la viticulture, et des produits de la mer d’Occitanie. Durant trois jours (jusqu’au 15 décembre), les visiteurs pourront déambuler (gratuitement) dans le plus grand marché d’Occitanie et rencontrer les agriculteurs, éleveurs, artisans et vignerons du territoire. Dans un contexte de crise agricole qui se prolonge ce salon est aussi une occasion privilégiée de réaffirmer son soutien à l’agriculture d’Occitanie et aux producteurs régionaux.
“La crise agricole que nous vivons a soulevé un mal être et un manque de reconnaissance au sein de la profession qui n’a malheureusement pas assez été pris en compte pour faire cesser cette colère. Un changement de modèle doit être amorcé pour offrir un revenu digne et donner des motifs d’espoirs aux agriculteurs d’Occitanie et de ce pays ! Notre Salon Régional de l’Agriculture (…) reste plus que jamais la vitrine nos terroirs, de nos produits et de l’excellence de notre agriculture. A travers cet évènement, la Région souhaite mettre à l’honneur et soutenir les agriculteurs et viticulteurs qui font face à des défis économiques, climatiques et sanitaires sans précédent” souligne Carole Delga.
“Concilier agriculture, protection de l’environnement et revenu digne”
La présidente de la Région Occitanie inaugurait officiellement le salon ce vendredi 13 décembre (notre photo), en allant à la rencontre des producteurs qui pendant trois jours font découvrir aux visiteurs leurs savoir-faire et le meilleur de l’agriculture régionale.
“Nous devons continuer à nous mobiliser pour que des solutions soient apportées afin de concilier agriculture, protection de l’environnement et revenu digne, comme nous le faisons en Occitanie. C’est le combat que je mène depuis plusieurs années. L’État doit prendre ses responsabilités pour donner un cap à la Ferme France, et que les spécificités de notre agriculture soient reconnues à Paris et à Bruxelles” insiste-t-elle.
Affirmant son “indignation quant à l’accord UE-Mercosur qui vient d’être signé. J’ai indiqué aux derniers ministres de l’agriculture et à la commission européenne en avril dernier mon opposition quant aux conditions de ce traité. Pour qu’il y ait des traités internationaux, il faut une régulation et des conditions équitables, or ce n’est pas le cas ici. J’espère que la France et que d’autres pays européens se mobiliseront pour obtenir la minorité de blocage et empêcher la ratification de ce texte…”
“Mur des cons” de la CR et menaces de la FNSEA
Illustration de la colère qui ne retombe pas dans le monde agricole, le “mur des cons” érigé jeudi sur la route (RN124) entre Auch et Toulouse par des tracteurs de la Coordination rurale. Un “mur” composé de 557 bottes de foin, une pour chaque député et deux de plus, pour Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen, (présidente de la Commision européenne). “Il faut qu’ils se mettent au travail parce que les agriculteurs sont en train de crever et ils ne vont pas crever en silence” déclarait le président de la Coordination rurale du Gers et de la région Occitanie, Lionel Candelon au micro de France Bleu Occitanie.
De son côté, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a annoncé jeudi que de nouvelles actions des agriculteurs étaient possibles d’ici la fin de l’année.
Une baisse exceptionnelle de la production et des revenus
Déjà inquiétés par la censure du gouvernement Barnier, ce qui ne fait que reculer l’adoption d’aides plus que nécessaires, vitales (!), les agriculteurs n’ont pas été rassurés par les conclusions de la récente enquête de l’Insee, dévoilée ce jeudi 12 décembre et révélant que “l’agriculture française a généré moins de 90 milliards d’euros en 2024, en baisse de 7,5% sur un an.”
L’institut de la statistique constate une baisse de la production végétale de l’ordre de 6,8 % en volume, les conditions météorologiques défavorables ayant particulièrement affecté la production de vin et celle des grandes cultures. Les prix reculent pareillement de 6,8 %, conduisant à une baisse exceptionnelle de 13,1 % en valeur.
La viticulture accuse une perte de 20% de raisin en moins mais le prix reste malgré tout en baisse, car l’offre de vin est toujours supérieure à la demande, qui à tendance à baisser. L’Insee souligne cependant que “de même que l’année précédente, le prix du champagne serait le seul à s’apprécier (+7,6 %), tandis que s’amplifierait la baisse de prix des autres vins d’appellation (-6,2 %) et des vins sans appellation (-4,9 %).”
L’élevage accuse également une baisse malgré une hausse de la production de volaille, après une année 2023 encore marquée au premier trimestre par l’épizootie aviaire. Après avoir diminué en France depuis une vingtaine d’années, le cheptel porcin se redresse légèrement (+0,9 %). À l’inverse, l’érosion du cheptel se poursuit pour les gros bovins (-1,4 %), les veaux (-4,2 %) et plus encore pour les ovins-caprins (-6,2 %), frappés à partir de l’été par la fièvre ovine.
Face à ce constat, Carole Delga insiste : “Nous sommes la Région qui investit le plus pour l’agriculture, avec 9€ par habitant, soit presque le double du niveau national. Depuis 2016, nous avons plus que doublé le budget dédié à l’agriculture. Ce soutien massif a porté ses fruits : première région bio de France, première région européenne avec 250 produits sous signe officiel de qualité, premier vignoble mondial pour les vins sous appellations. Pourtant, à côté de ces bons résultats, il y a le quotidien de trop nombreux hommes et femmes qui n’arrivent pas à vivre correctement de leur métier. La crise agricole doit inciter la puissance publique à faire plus, et un vrai virage doit être pris au niveau des politiques nationales et européennes.”
Répondant à une demande des organisations agricoles et des syndicats, du 25 septembre au 25 novembre, la Région Occitanie a organisé une série de rencontres départementales sur l’agriculture dans les treize Maisons de Ma Région. Et une série de mesures d’urgence ont pu être prises, au plus près des réalités de chaque territoire.
La Région vient d’éditer un nouveau guide recensant l’ensemble des aides régionales auxquelles ont droit les agriculteurs d’Occitanie :
https://www.laregion.fr/Agriculture-Viticulture-Alimentation
Aller faire un tour au Salon régional de l’Agriculture (gratuit et ouvert à tous) c’est bien sur l’occasion découvrir “les hommes et les histoires” derrière les produits, les savoir-faire et de déguster les produits exceptionnels de l’Occitanie (notamment ceux de la marque régionale Sud de France-l’Occitanie. Mais c’est aussi adresser un signe de soutien à tous ceux qui au long de l’année peinent à vivre décemment de leur métier… Ils le méritent !
Philippe MOURET
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