Dossier / Quartiers : les bailleurs sociaux montrent les muscles contre le “sentiment d’abandon”

Un équipage de GSRI en action, à Montpellier. Ph. DR

À Sète, Montpellier, Toulouse ou Nice, la médiation n’est plus l’alpha et l’omega des bailleurs sociaux pour retrouver un peu de normalité dans la vie quotidienne. Voici venu le temps d’un nouveau métier hybride : agent de tranquillité résidentielle avec des sociétés ni vraiment publiques ni totalement privées. Avec, parfois, une arrière-pensée politique : les municipales approchent… Vincent Gaudy, président de Hérault Logement, n’a pas de mots assez durs pour dénoncer cette “milice“.

Ni médiateurs, ni vigiles, ni grands frères, encore moins policiers. Diantre ! “Ce sont des agents de tranquillité résidentielle. C’est un nouveau métier”, théorise Stéphanie Erales. DGA clients et cadre de vie de la société HLM Patrimoine, à Toulouse, elle est porte-parole de huit bailleurs toulousains (1) qui ont décidé de répondre plus efficacement à la loi du 6 juillet 1989 sur la tranquillité des locataires en créant. Créé il y a six ans, le GITes (Groupement inter-quartiers pour la tranquillité et la sûreté) est une société de coordination et assume une sorte de délégation de service public puisque les huit bailleurs la financent à hauteur de 2,4 M€ par an pour payer les salaires de ces agents. Dans le quartier du Mirail et l’agglomération toulousaine.

Certains se disaient en 2016 : on en est arrivés à un tel point de dégradation, ce qui était très onéreux, que soit on démolit et on vend ; soit on trouve une solution”

Jadis, la lutte contre l’insécurité était culturellement taboue chez les bailleurs. Vu la hausse de l’insécurité, la “culture maison” s’est adaptée : la médiation n’est plus l’alpha et l’oméga. Et à cause “du durcissement des troubles”, décrypte un cadre d’une société de HLM, il y a une petite dizaine d’années, des bailleurs se sentaient dans une impasse : “Certains se disaient : on en est arrivés à un tel point de dégradation que soit on démolit et on vend ; soit on trouve une solution.” Il y a aussi une dimension politique : “Michaël Delafosse, à Montpellier, veut aussi montrer qu’il est certes de gauche mais qu’il a des muscles sur la sécurité”, confie un proche du maire. Cela ne peut pas faire de mal, non plus, politiquement, à Sète et Toulouse.

“Nos locataires sont confrontés à des situations critiques”

Des agents du GiTes de Toulouse. Ph. GITeS.

Du côté des bailleurs qui y ont recourt, on reste dans son couloir : “Il s’agit avant tout pour lutter contre le sentiment d’abandon des habitants”, renchérit Stéphanie Erales, DGA à Patrimoine Toulouse. Dans les faits, on recourt à des équipages qui interviennent dans des “lieux compliqués” “nos locataires sont confrontés à des situations critiques en matière de tranquillité ; dans les endroits les plus névralgiques, on est sur du trafic organisé et autres occupations d’immeubles délinquantes.”

Elle ajoute : “Nos agents interviennent dans un continuum de gestion, quand nos équipes de gestion ont terminé leur journée. Tous les jours, de 16 heures à minuit. Ce qui les amène à rencontrer beaucoup de monde : de la maman en poussette jusqu’aux trafiquants.” Oui, mais intervenir jusqu’où ? Stéphanie Erales répond : “Ils peuvent être confrontés à des situations qui virent : il sont équipés de bâtons télescopiques et des bombes lacrymo. Parfois, ils sont accompagnés d’une équipe cynophile. Le job des agents de tranquillité n’est pas de lutter contre les trafics de drogue.” Le sentiment d’insécurité a-t-il baissé ? “Nous avons tranquillisé une majorité d’adresses, avance-t-elle, notant une concentration des pratiques délictuelles, des incivilités et des dégradation à “quelques adresses”. L’ambition de ce consortium : que l’office de Toulouse y adhère.

Le GITeS de Toulouse – 40 salariés, dont 30 sur le terrain à raison d’une quinzaine par jour – fait partie des pionniers qui a bénéficié de l’expérience du premier en France, celui de Paris. “Nous avons aidé Montpellier, l’an dernier et Nice cette année à se créer”, confie Rémi Vincent qui dirige le GITeS. “Pour bien comprendre le concept, on était allés voir les pionniers : Paris.” Car le recrutement est “complexe” : pas question d’embaucher que des malabars et de risquer régulièrement un embrasement, si vite arrivé dans une cité.

“Solides psychologiquement et d’une intelligence sociale”

Rémi Vincent poursuit : “Ce ne sont pas uniquement des muscles que nous recrutons ni des gens qui font uniquement dans le social ni des gardiens d’immeuble. Ce sont des gens au carrefour de tout ça : il faut qu’ils soient solides aussi psychologiquement et qu’ils aient en même temps une intelligence sociale.” Ceci dit, à Montpellier, qui dispose d’un groupement équivalent dont le CA s’est déroulé mardi, “ce sont souvent les mêmes profils d’anciens de la gendarmerie, ou d’ex-militaires capables d’aller au charbon si besoin mais sans aller trop loin”, explique une source proche du dossier.

Plus de bars à chicha dans les halls ; de stups dans les faux plafonds ou de boîtes aux lettres défoncées. Ni, comme c’était parfois le cas, de barrière et de fouilles de locataires…”

Rémi Vincent

À Toulouse comme à Montpellier et Sète, ces agents d’un nouveau genre pour lesquels a été inventé un néologisme sont assermentés.Depuis que nous en avons la possibilité, voici deux ans, nous avons dressé 35 PV qui peuvent aller, devant le tribunal de police, jusqu’à 1 500 € ; principalement de la mécanique sauvage dans la rue, des vidanges inappropriées, des dégradations diverses. Cela concerne aussi des crachats et des gens qui urinent”, reprend Vincent Rémi. Chaque agent est doté d’une bombe lacrymogène et d’un bâton télescopique. “Leur usage est strictement fait pour l’autodéfense.

Des agents du GiTes de Toulouse. Ph. GITeS.

Tout est fait pour qu’il n’y ait pas de “bavure“, assure le même. Au final, le bilan de ces équipages qui ramènent ordre et tranquillité, est “bon“, selon Rémi Vincent : “Il n’y a pas un seul quartier où nous intervenons où le climat ne se soit pas amélioré : plus de bars à chicha dans les halls ; plus de canapé ; de stups dans les faux plafonds ou de boîtes aux lettres défoncées. Ni, comme c’était parfois le cas, de barrière et de fouilles de locataires…” Alors, certes, le “trafic de drogue ne s’est pas arrêté” ; il s’est même parfois “déplacé au pied d’un autre immeuble qui ne bénéficie pas de la présence de nos agents mais les jeunes se sont adaptés à nous, à notre présence.” Il en veut pour preuve une enquête de satisfaction, d’un “organisme indépendant”, démontrant que “72 % des locataires sont contents de leur action”.

La méthode ? La… martothérapie !

Des agents du GiTes de Toulouse. Ph. GITeS.

Leur méthode ? La… martothérapie. Derrière ce néologisme rigolo, il faut comprendre que rien n’est “brutal dans notre approche. Si le faut, on vient et on revient. Une demi-heure, une heure. Le temps qu’il faut. Et, s’il le faut, on prend un jeune par le bras pour le faire sortir, si besoin. Peut-être que les incivilités et la tranquillité que l’on obtient se déplace-t-elle ailleurs mais notre but c’est que tous nos locataires vivent tranquilles. Le seul angle mort, c’est que Métropole Habitat, l’office de la métropole, ne fait pas partie de notre groupement : ils ont préféré prendre une boîte avec des vigiles. Le second angle mort, ce sont les copropriétés privées. C’est pour pouvoir y intervenir que j’ai créé une seconde structure, Unité Tranquillité et de Sûreté Immobilière, confie encore Rémi Vincent. La différence c’est que les agents dans ce cadre-là ne sont pas assermentés et n’ont pas de bombe lacrymo.

Montpellier : de 26 agents à 36 agents fin 2025

À Montpellier, là aussi le tabou a sauté. Un proche du dossier qui a participé le conseil d’administration de GRSI mis en place depuis quinze mois dans des “circuits de patrouille négociés avec les bailleurs en fonction des problèmes qui émergent sur le périmètre du bailleur ACM”. Et la demande est forte : “De vingt-six de ces agents de tranquillité, on va passer à trente-deux agents à la fin du premier trimestre 2025 et peut-être à trente-six fin 2025. C’est compliqué : c’est un vrai métier que tout le monde découvre ; ces agents sont assermentés, donc il leur faut passer devant le tribunal. Il y a une enquête administrative sur chacun : on en a un qui faisait très bien l’affaire mais la préfecture nous a dit niet.”

Le GSRI à Montpellier. Ph. DR

Dirigeant de GSRI, Groupement de sûreté résidentielle inter-bailleurs (lire ci-après), Steve Lefebvre rapporte que ce “qui l’alerte”, c’est, certes, la drogue en quantité mais aussi le “packaging ingénieux d’une boîte de faux bonbons Haribo” contrefaite ; de gâteaux Prince voire avec de boîtes de gâteaux arborant le logo Oreo !

“On trouve déjà beaucoup de drogues : des centaines de kilos de hasch et des dizaines de kilos de coke…”

À Montpellier, aussi, le bilan est “positif” : en 15 mois, ces patrouilles d’agents ont effectué plus de 22 000 rondes ; ils ont constaté plus de 1 000 infractions (dégradations de portes, d’accès, etc.) Et ont porté assistance à plus de 50 personnes. “Les habitants enregistrent les interventions. On rétablit toute une série de normes : les voitures-ventouses sont évacuées, par exemple. Le besoin est immense : on trouve déjà beaucoup de drogues : des centaines de kilos de hasch et des dizaines de kilos de coke… C’est l’équivalent de ce que débusque la police nationale. Rien que la présence de ces agents fait du bien. De la normalité revient dans la vie quotidienne des habitants de ces cités : les boîtes aux lettres sont réparées ; les éclairages rétablis dans les 15 jours ; on trouve des tas de squats (soit des appartements le temps de travaux pour une réattribution et dans les parties communes comme les cave, des garages. On les évacue parce que, ça aussi, cela crée de l’insécurité.”

Sète : “Renforcer la tranquillité des habitants”

Steve Lefebvre, patron du GSRI. Ph. Olivier SCHLAMA

La ville de Sète avec Sète Thau Habitat (STH) présentaient ce mercredi une expérimentation d’une année sur le recours au GSRI, déjà à l’oeuvre à Montpellier et Juvignac sur 3 600 logements dans plus de 40 résidences d’ACM Habitat. Demain, avec Sète, ce seront 4 000 logements de plus qui seront intégrés au dispositif. Et bientôt davantage avec Castelnau-le-Lez.

À Sète, le test débute mi janvier, “de façon aléatoire”, un jour par semaine et sur les 752 logements et six résidences de ce bailleur, celui du département n’ayant pas voulu y participer. Présent, François Commeinhes, qui préside STH, a dit vouloir “renforcer la tranquillité des habitants”. Il a validé le principe de ce recours à GSRI dont “Michaël Delafosse m’avait parlé”. Directrice de STH, Vanessa Lebel a expliqué avoir “rencontré les collectifs d’habitants et après avoir cherché des solutions novatrices avec le maire, nous sommes allés vers GSRI…”

C’est une unité constituée de seize agents de tranquillité résidentielle qui interviennent ensemble sur un quartier donné. Ils sont dotés d’une bombe lacrymogène, d’un bâton télescopique et équipés d’un gilet pare-balles. Parfois, on recourt à un équipage cynophile”, explique Steve Lefebvre, le dirigeant, qui a refusé de dire quel était son métier avant le GSRI à part qu’il travaillait “au ministère de l’Intérieur”. Disons-le : il fut notamment en charge de la sécurité de l’Élysée sous Emmanuel Macron et François Hollande qui l’a décoré de la médaille de la sécurité intérieure. Avant de travailler pour ACM Habitat, justement, à Montpellier.

Une fois par semaine pour 468 000 € par an !

Vanessa Lebel, directrice de Sète Thau Habitat. Ph. Olivier SCHLAMA

Le coût de la présence du GSRI, à Sète ? La coquette somme de 468 000 €, dont une aide de 200 000 € de la ville. Sur sa part, Thau Habitat, 268 000 €, recherche des aides pour cette année et les suivantes. Une somme colossale”, du propre aveu de Vanessa Lebel. La directrice de STH ajoute dans la foulée : “C’est une action en plus. Cela ne prendra pas d’argent à l’entretien ou aux actions sociales. Ce qui nous importe c’est d’améliorer la qualité de vie de nos locataires. Fin 2025, nous ferons une enquête de satisfaction et de besoins auprès des habitants”, a-t-elle certifié.

Alain Braun, de ACM Habitat, bailleur montpelliérain qui a posé la question qui contenait la réponse : Fallait-il que nous soyons spectateurs ou acteurs de la tranquillité souhaitée ?” Annonçant “85 % de gens satisfaits qui ont été au contact du GSRI”, Steve Lefebvre explique que les recrues ont trois semaines de formation initiale en interne après avoir validé des tests physiques et psychologiques et un entretien. Qui postule ? Ce sont souvent des ex-emplois jeunes, des gens qui préparent des concours de police, des adjoints de sécurité. Peu de femmes.

Jusqu’à l’interpellation, en flagrant délit, comme le ferait n’importe quel citoyen qui a le droit de le faire pour empêcher quelque chose de délictueux”

Ce sont des agents de sécurité privé, oui, mais pas seulement. Ce sont des agents de tranquillité résidentielle, définit Steve Lefèbvre. Et puis, nous faisons beaucoup de “aller vers”. Aller vers ? De la novlangue qui signifie échanger avec les habitants, aider un handicapé à traverser la rue, porter des courses d’une personne âgée, etc. “Les agents font aussi de la veille technique des bâtiments. S’il y a une fuite d’eau, de gaz, un problème avec la sécurité incendie, les interventions sont plus rapides avec eux. Et certains ont été applaudis.” Ils sont aussi amenés à déloger les squatteurs dans les caves et les garages mais “toujours dans le dialogue”. Plus d’un millier ont ainsi été “invités à en sortir” en quinze mois”. Jusqu’où peut aller une intervention ? “Jusqu’à l’interpellation en flagrant délit, comme le ferait n’importe quel citoyen qui a le droit de le faire pour empêcher quelque chose de délictueux.”

“Ils permettent une réinstallation moins facile des trafics”

Le GSRI en action à Montpellier. Ph. Dr

N’est-ce pas, finalement, une mission de service public assurée par une entreprise privée ? “C’est une conciergerie améliorée qui met en plus de la proximité”, défend le commissaire de Sète, Robert Saby, présent ce mercredi. Et d’enfoncer le clou : “La police nationale n’aurait pas les moyens. Ces agents ont une action complémentaire de la nôtre. Ils permettent une réinstallation moins facile des trafics (…) Et cela rassure les gens” dans un quartier miné par le trafic qui subit la guerre des gangs, notamment l’influence de la fameuse DZ Mafia de Marseille, avec des “M 16 et des Kalachnikov retrouvés” et des meurtres régulièrement perpétrés. “Les petits points de deal, eux, se font dans des appartements, ce qui ne gêne personne…” Mais cette action ne déplace-t-elle pas la délinquance ailleurs… ? Chez d’autres bailleurs et dans d’autres copropriétés privées ? “C’est pour cela que nous aimerions que tous les bailleurs concernés nous rejoignent”.

Interrogé sur le sujet, Eric Periguey, directeur de la police municipale de Sète, a dit tout le bien qu’il pense d’une “boîte professionnelle avec salles d’entrainement (…)” Pour lui, avoir des agents de tranquillité résidentielle, c’est “une plus-value”.

“S’ils tombent sur de vrais dealers sur-armés, ils ne pourront pas faire autre chose que d’appeler la police”

Élue d’opposition de gauche, à Sète, Véronique Calueba ne décolère pas. En ce surlendemain de conseil municipal où il fallut faire des choix, situation budgétaire tendue oblige. Elle dit déjà à propos de l’utilité d’une “police” des bailleurs aux actions limitées et préférence culturelle réaffirmée à la médiation : “La ville de Sète a décidé de prendre une police privée. Ce sont des malabars qui ont un statut qui leur permet de faire respecter les lieux ; d’intervenir auprès de ceux qui “tiennent” le mur ; ils pourront inspecter les cages d’escalier, etc. Mais s’ils rencontrent de vrais dealers sur-armés, ils ne pourront pas faire autre chose que d’appeler la police nationale et la police municipale. C’est, d’ailleurs, ce qui se fait déjà à Montpellier qui a expérimenté cette police.”

L’Île de Thau, le 26 septembre 2024, à Sète. Photos Olivier SCHLAMA

Véronique Calueba rappelle que ces vigiles “ne seront présents qu’une fois par semaine et ne surveilleront que les 491 logements HLM de Sète Thau Habitat, présidé par François Commeinhes, et non pas ceux de Hérault Logement, dépendant, eux, du département”. Mieux : “ces agents privés coûteront à la ville 200 000 € par an”. Justement, c’est à peu de choses près le coût de l’abattement foncier (185 000 €) qui permettait à Hérault Logement de continuer à envoyer “deux médiateurs sur le terrain et un agent polyvalent qui, eux, font de la proximité quotidienne”…

“Plus aucune de ces actions à partir du 1er janvier 2025”

Véronique Calueba. Ph. DR

Ce que dit Véronique Calueba est vrai : nous nous sommes procuré la lettre du DGS de Sète au DG de Hérault Logement. Extrait : “(…) Il parait essentiel de tester sur notre territoire et au moins sur une année pleine, la mise en place d’un dispositif de type GSRI (Groupement de Sécurité Résidentielle Inter-bailleurs), en complément et en articulation fine avec l’ensemble des autres dispositifs de sécurité, de tranquillité publiques ou encore de médiation déjà à l’œuvre. Le financement de cette opération, compte-tenu de l’évolution récente de nos contraintes budgétaires, devra peser le moins possible sur les finances de nos collectivités et mobiliser la part d’abattement TFPB des bailleurs implantés sur l’île-de-Thau.”

La réponse de Vincent Gaudy est cinglante : “Pour 2025, nous devions réaliser des travaux sous le porche du Sardinal afin d’offrir à l’association Concerthau une pièce supplémentaire lui permettant un ancrage encore plus important sur le quartier. Dans l’avenir, ce sont les places de la Traîne et de la Seinchole qui devaient être réaménagées dans le cadre de cet abattement. Je vous informe que nous n’assumerons plus aucune de ces actions à partir du 1er janvier 2025.”

Par ailleurs, Véronique Calueba dénonce une “discrimination : ces actions de surveillance ne sont mises en place que pour les habitants de Thau Habitat. Pas pour les autres. Et aucune extension de cette action n’est prévue…” À savoir qu’à Frontignan, 6e ville de l’Hérault, le maire aurait gelé sa participation au GSRI parce que Hérault Logement ne faisait pas des travaux spécifiques pour tenir compte de ce dégrèvement fiscal. Contacté, Michel Arrouy n’était pas joignable.

Pour Vincent Gaudy, “ce sont les plus fragiles, les plus pauvres qui vont payer. Et ils vont payer deux fois !”

Vincent Gaudy, vice-président du département de l’Hérault. Ph. DR

Vice-président du département de l’Hérault et maire de Florensac, Vincent Gaudy préside Hérault Logement. Il n’a pas de mots assez durs pour dénoncer ce qu’il nomme “une milice” même si elle en a des contours moins autoritaires.

Il dit : Il y a un problème éthique : les sociétés d’HLM n’ont qu’une seule ressource, les loyers. Et, pire, l’argent que l’on donne à cette milice eh bien, il ne servira pas à d’autres actions : en clair, ce sont les plus fragiles, les plus pauvres qui vont payer. Et ils vont payer deux fois ! Cela veut dire, aussi, que si on recourt à ce GSRI, il faudrait le faire pour les quelque 14 000 logements disséminés aux quatre coins du département parce que l’on ne va pas payer ce service à certains et pas à d’autres !”

Sur le statut de ces agents, Vincent Gaudy va plus loin : “Il n’y a aucun cadre juridique ! Un dealer peut très bien envoyer promener l’agent. Et s’il y a un jour un dérapage, tout le monde sera en difficulté.” Il poursuit : “Ce genre d’idée est là pour pallier les carences de l’Etat et de ceux qui devraient s’occuper de la vie quotidienne dans les quartiers. Cela illustre la déliquescence de notre société. Avant, dans chaque commune, on avait un garde municipal qui faisait plusieurs tâches, y compris celle de garde-champêtre. Aujourd’hui, on s’équipe de caméras, de policier municipaux que l’on arme… Tout ça parce que l’Etat enlève des gendarmes et des policiers. On paie, les gens paient deux fois le même impôt !”

Olivier SCHLAMA

  • (1) Les huit bailleurs sociaux : Promologis, Chalets, CDC, ICF, Cité Jardins, Mésolia, OPH31, Patrimoine.

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