Nature : Dans les zones de pastoralisme, le loup est dans le viseur de Macron

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A l’occasion de son passage en Aveyron, le 4 juillet dernier, le président de la République a usé d’un vieil euphémisme en évoquant des “prélévements” de loups plus importants dans les zones d’élevage. Pour être clair, il s’agit de tuer plus de loups afin de protéger les troupeaux. Le nombre d’attaques a en effet fortement augmenté cette année, tout comme celui de bêtes prédatées (plus de 2600 depuis le début de l’année selon la ministre de l’Agriculture)…

Le chef de l’Etat avait manifestement choisi de caresser les agriculteurs dans le sens du poil, en leur promettant ainsi la peau du loup. De quoi satisfaire le principal syndicat agricole, la FNSEA, qui souligne “l’expansion du loup (…) constitue une menace directe pour l’ensemble des activités économiques, particulièrement l’élevage. Il constitue également un danger pour la biodiversité (…) dès lors que les espaces pâturés sont progressivement délaissés par les éleveurs, conduisant à leur enfrichement et concourant ainsi aux incendies.”

Macron, dans les pas de l’Union européenne

Emmanuel Macron ne fait que suivre les traces de l’Union euroépenne qui jugeait, fin 2024 que “le retour du loup dans des régions de l’UE où il était absent depuis longtemps entraîne de plus en plus de conflits avec les communautés locales d’agriculteurs et de chasseurs, en particulier lorsque les mesures visant à prévenir les attaques sur le bétail ne sont pas pleinementmises en oeuvre.” (lire ci-dessous)

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La ministre de l’Agriculture avait d’ailleurs ouvert la voie dans un entretien au JDD le 4 mai dernier en affirmant “entre les éleveurs et le loup, j’ai choisi mon camp.” Devant le Sénat, la ministre indiquait qu’à la mi-mai “ce sont déjà 759 attaques et 2.617 bêtes prédatées” qui avaient eu lieu sur le territoire français, causant des “préjudices considérables.”

Ainsi, au-delà du Plan National d’Actions 2024-2029 sur le loup et les activités d’élevage, (qui prévoyait déjà une simplification des protocoles des tirs destinés à abattre les loups attaquant les troupeaux) le Président n’a pas exclu la nécessité d’une loi, soulignant que de nombreux élus des départements pourraient y être favorables.

Deux camps irréconciliables

Une tendance qui devrait satisfaire les adversaires du loup. Sur le site Chasses éternelles le ton est clairement donné à propos du loup défini comme “l’une des dernières zones d’hypocrisie écologique de notre époque : celle qui sacralise une nature fantasmée au détriment des hommes et femmes qui la font vivre (…) Une espèce totem pour les ONG environnementalistes, un levier de mobilisation pour les activistes animalistes, un symbole de la “nature sauvage” qu’il faudrait préserver à tout prix – même si le prix en question est payé par des éleveurs à bout, psychologiquement broyés, économiquement étranglés, surveillés comme des délinquants.”

De l’autre côté, la LPO France “appelle ses sympathisants à s’opposer à de nouvelles dérogations pour abattre des loups en France, qui accentuent les menaces pour la conservation de cette espèce protégée, sans apporter de solutions efficaces et durables aux problèmes rencontrés par les éleveurs.”

Pour la LPO de l’Hérault, par exemple “le retour naturel du loup, espèce protégée, est un signe positif de l’amélioration fonctionnelle et biologique de nombreux secteurs de nos territoires. La réinstallation progressive du loup et la dynamique biologique de sa population sont des éléments durables que la société doit prendre en compte, y compris dans les conséquences et impacts induits sur les activités humaines (…) L’objectif de la LPO est la présence pérenne du loup via la mise en place d’une politique de conservation favorable, incluant le soutien à un pastoralisme durable.”

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Si éleveurs et associations semblent condamnés à ne jamais tomber d’accord, ils se retrouvent sur ce sujet sur un point, la responsabilité de l’Etat. A Roquefort-sur-Soulzon, Emmanuel Macron a donc crié “au loup !” mais sans vraiment proposer de solutions… Comme d’habitude ?

Philippe MOURET

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