Le 10 septembre, c’est une première : comportes et sécateurs fournis, vous pouvez mettre les mains dans la vigne. De quoi plonger dans la dimension culturelle et patrimoniale du vin en Languedoc. Et de lutter contre l’agribashing… Il faut écouter l’ode de Jean-Philippe Granier, directeur technique des AOP Languedoc et administrateur des Compagnons…

Les vendanges, c’est l’art du tempo. Le raisin doit être mûr mais pas trop… Que le taux de sucre soit adéquat… Et le réchauffement climatique ajoute à la complexité de la règle des cent jours après floraison de la moitié des fleurs…  Retranchant au moins quinze jours à la date habituelle des vendanges qu’il y a 40 ans. En Languedoc, 90 % des vendanges sont mécaniques. Mais pas partout : c’est, parfois, aussi, l’art du sécateur… !

Première du genre au Domaine du Grand Puy

Certains vignerons ont gardé en partage le geste ancestral. Et si, touriste ou autochtone, vous souhaitez participer à des vendanges baptisées “solidaires” par leurs promoteurs, il en est une intéressante du point de vue de la découverte. Elle se déroule le 10 septembre prochain. Et elle est également historique : c’est la première du genre organisée ainsi à l’entrée de Montpellier, au Domaine du Grand Puy.

Entre deux et trois tonnes de raisins seront ramassées par les vendangeurs-touristes-solidaires ; ce sera du mouvèdre, de l’AOP Languedoc-Grés de Montpellier de quoi participer à la volonté de relance de ce cépage. On va aussi vendanger de l’IGP Colline de la Moure. De quoi remplir 2 500 bouteilles en grès et en AOP Languedoc, 5 000 cols. Et, en blanc, la vendange permettra de faire quelque 2 000 bouteilles et autant en rosé.

“Le maire de Montpellier avait joué le jeu en donnant ces vignes en fermage à l’association…”

Jean-Philippe Granier est directeur technique des AOP Languedoc et administrateur des Compagnons de Maguelone. Le syndicat AOP Languedoc, en partenariat avec l’association Les Compagnons de Maguelone, le syndicat AOP Languedoc-Grés de Montpellier et la Ville de Montpellier, organise ainsi une matinée conviviale de vendanges donc solidaires. au domaine du Grand Puy où les vignes y sont cultivées par les Compagnons de Maguelone où on a vinifié le premier millésime en 2022 mais sans la participations de “touristes”.

Vous voulez participer à ces vendanges du terroir des grés de Montpellier comme si vous alliez, touriste, participer à une pêche en mer ? C’est possible mais attention ! il n’y a que 60 places – 80 personnes au total participent – et une inscription est obligatoire ICI ou par téléphone (04 67 06 04 44/42). Il vous en coûtera une participation de 25 € pour les adultes et 15 € pour les moins de 12 ans pour le casse-croûte le matin et le repas au mitan de la journée, notamment. “Ce vin-là a un côté solidaire” : il s’agit de prêter main forte “aux 92 Compagnons qui travaillent à l’année à Maguelone sans oublier les vignes de Montpellier ; la ville, sous la houlette de Michaël Delafosse, le maire, aujourd’hui, a joué le jeu – et Hélène Mandroux avant lui – de donner cette vigne en fermage à l’association pour qu’elle s’occupe de ces vignes…”

Une action dans le cadre du pôle vin métropolitain

L’accueil des participants se fera le dimanche 10 septembre dès 8 heures au Domaine du Grand Puy, 411 rue du Mas Nouguier à Montpellier. C’est une action qui s’inscrit dans le cadre du pôle vin métropolitain. Créé le 26 septembre 2021 par Montpellier Méditerranée Métropole, il “vise à centraliser et coordonner les actions des différents acteurs des filières du vin avec un objectif, renforcer la lisibilité du territoire métropolitain à l’échelle nationale et internationale”. Il dit encore : “C’est une façon de lutter contre l’agribashing. Et surtout on est à l’essentiel. À force des machines partout, il y a de moins en moins d’humain dans le vin. Le vin c’est une question humaine. Sociale. On bout du vin pour mieux communiquer pas parce que l’on a soif. On a perdu cette âme-là.”

Qu’on ne me dise pas que les Chinois vont consommer du vin…! C’est faux. Il faut revenir à l’essentiel. Au terroir. À la vendange…“

Il dit encore : “Il faut remettre dans nos relations, le terroir, de la géologie… Si on veut que les gens communient et boivent du vin, il ne faut pas qu’ils le boivent comme ils boivent de la bière. La viticulture se fait dépasser : dans le monde, ce sont 25 millions d’hectos de moins vendus cette année. Et qu’on ne me dise pas que les Chinois vont consommer du vin…! C’est faux. Il faut revenir à l’essentiel. Au terroir. À la vendange…“

L’idée, c’est d’abord reconnecter le public au monde de la viticulture. “Nous avions la volonté de donner la possibilité aux gens, aux touristes, aux consommateurs de vendanger”, exprime Jean-Philippe Granier. “Il y a une demande de connaissance et, dirai-je, “d’aller directement au raisin”. Il faut reprendre à la base : le consommateur doit toucher à nouveau du doigt la viticulture”. Le vin, c’est une tradition. C’est un terroir. C’est une culture.

Les Campagnons exercent plusieurs missions

Depuis plus d’un demi-siècle, l’association des Compagnons de Maguelone exerce plusieurs missions, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI. L’une est médico-sociale en accueillant et en accompagnant des personnes en situation de handicap dans leur projet professionnel ; patrimoniale, via la protection et la mise en valeur du site de la Cathédrale de Maguelone et, enfin, culturelle en proposant des festivals annuels de musique et d’autres événements.

En ce début d’année 2023, la récolte du Mas Nouguier a été valorisée à travers trois cuvées représentatives des terroirs de l’ouest montpelliérain : un blanc et un rosé en IGP Pays d’Hérault – Collines de la Moure, un rouge en AOP Languedoc et dès 2024 la première cuvée rouge AOP Languedoc – Grés de Montpellier sera donc présentée.

Olivier SCHLAMA

À lire aussi sur Dis-Leur !

Travail adapté : La belle histoire des Compagnons de Maguelone