Tourisme : Mégalithes d’Occitanie, cet héritage millénaire

Dolmen de l'Aumède Chanac (Lozère Crédit : Benoît COLOMB-PACT_GDT.

Il y en plus qu’en… Bretagne ! En calcaire, en schiste ou en granit selon les lieux où ils ont été érigés… voici les mégalithes (*) les plus connus de l’Occitanie. Ils sont les témoignages émouvants des plus anciennes constructions humaines d’Europe… Il y a 5000 ans à l’époque où, en Egypte, se construisaient les premières pyramides ! C’est sur les marges du Massif central (Lot, Tarn, Aveyron et Lozère) qu’on en découvrira le plus.

Le Comité régional du Tourisme et des Loisirs d’Occitanie vient d’effectuer un grand travail de recensement de ces monuments. Extraits…

Les statues-menhirs d’Occitanie sont généralement datées de la fin du Néolithique entre 3000 et 2500 ans avant notre ère. Elles sont plus ou moins contemporaines à d’autres statues-menhirs de Méditerranée occidentale comme celles de la Lunigiana (petite région au nord de la Toscane en Italie), du Valais, de Sardaigne, d’Espagne ou du Portugal (source Sur la route des mégalhites).

Plus de 800 dolmens en Aveyron !

(Tarn). Les statues menhirs les plus précieuses sont conservées au musée Fenaille de Rodez. Ici la Dame de Saint-Sernin, sans doute la statue-menhir la plus connue mondialement. Photo Cédric MERAVILLES-Musée Fenaille

Le département de l’Aveyron est le premier département français par le nombre de sites mégalithiques recensés. “Les dolmens (près de 800) se caractérisent par une forte concentration géographique (dans les parties occidentale -causse de Villeneuve- et  centrale -causse de Séverac) et une très grande homogénéité architecturale. A contrario, les menhirs au sens strict y sont rares mais de nombreuses statues-menhirs y ont été découvertes.” souligne le CRTL.

Les 55 statues-menhirs de l’Aveyron qui appartiennent au groupe dit “Rouergat” sont implantées dans le sud du département, en continuité avec celles des Monts de Lacaune (Tarn). Les statues menhirs les plus précieuses sont conservées au musée Fenaille de Rodez et s’admirent également au musée de Saint-Crépin à Laval-Roquecézière tandis qu’à l’Office de tourisme de Sant-Sernin-sur-Rance, une exposition permanente leur est consacrée.

Le mégalithisme se développe en fonction des matériaux disponibles

Autre exemple mis en avant par le travail de fond du CRTL, celui du département du Lot : Le Lot “se caractérise par l’une des plus fortes concentrations de mégalithes en France avec une forte disproportion numérique en faveur des dolmens (ayant conservé ou non leur tumulus). Les menhirs y sont peu nombreux et leur authenticité parfois douteuse, quant aux cromlechs, on n’en recense qu’un seul exemplaire incontestable.”

Le Dolmen de la Pierre Martine est un dolmen situé sur la commune de Livernon dans le département du Lot. Par ses dimensions, la Pierre Martine est le plus important dolmen du Lot et sans doute le plus célèbre. Cet édifice est classé au titre des monuments historiques depuis 1889. Photo DR

Le mégalithisme s’est développé là où les hommes ont pu extraire et transporter facilement de grandes dalles de pierre. Dans le Lot, ces contraintes techniques expliquent la concentration des mégalithes sur les causses de Gramat, Saint-Chels et Limogne. De fait, la roche calcaire est le matériau le plus couramment utilisé. On recenserait un peu plus de 600 mégalithes (surtout des dolmens) dans le département.

La Lozère, également, est riche d’un nombre important de dolmens (et de menhirs), avec une forte concentration de menhirs autour des Bondons, sur les pentes sud du mont Lozère. Avec près de 200 pierres dressées connues à ce jour, la “balade au pays des mehirs” qui y est proposée permet de découvrir l’une des plus importantes concentrations de menhirs de France. Long de 5 km, le sentier révèle une partie de ces monuments et offre un magnifique panorama sur les Causses.

L’un des plus grands menhirs d’Occitanie : le menhir de la Lèque dit « menhir de la pierre plantée » (MH) à Lussan qui mesure 5,6 mètres de haut ! Photo DR

Dans le Gard, un géant de près de 6m de haut

Le Comité régional du tourisme et des Loisirs recense ainsi un grand nombre de lieux et de sites qui méritent une visite. On citera en vrac le menhir de la Lèque dit “menhir de la pierre plantée” à Lussan (Gard) qui mesure 5,6 mètres de haut, l’’un des plus grands menhirs d’Occitanie. Ou, dans l’Hérault, l’un des plus vieux villages d’Europe, le village néolithique de Cambous, culture de Fontbouisse (2600-2200 avant notre ère), qui comprend une vingtaine de maisons mises au jour.

Un bel inventaire et tout un circuit de découverte à travers les splendides paysages qui ont été foulés voici plusieurs milliers d’années par nos ancêtres. Attention, toutefois, car ce si riche patrimoine est fragile. Comme le soulignait un article du site leFigaro.fr citant Aurélien Pierre (directeur du musée Fenaille, à Rodez) : “À partir du moment où on les sort de terre, comme tout vestige archéologique, ils se dégradent très vite.”

L’Occitanie est une des zones à plus forte concentration de statues-menhirs d’Europe occidentale, c’est une richesse exceptionnelle. Mais ces trésors qui ont traversé les millénaires sont fagiles et il faut être attentifs si l’on veut pouvoir laisser cet héritage aux générations futures.

Philippe MOURET

(*) Ethymologiquement, “grosse pierre”, monument du Néolithique ou du début de l’époque du bronze, constitué par un ou plusieurs gros blocs de pierre bruts ou peu dégrossis et qui servait notamment de tombeau ou de sanctuaire. Il désigne généralement les dolmens, les menhirs, cromlechs et… statues menhirs.