Été “atypique“, selon Vincent Garel, président du CRTL. Au final, “stabilité” de la fréquentation touristique avec 85 millions de nuitées. Littoral et campagne plébiscités dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat. Vice-présidente de la Région, Muriel Abadie a souligné “de très bons résultats en montagne et dans les stations, comme à Hautacam ou les Angles ; là où des investissements se stations de quatre-saisons ont été réalisés.”
Avec 85 millions de nuitées cet été (plus de 175 millions en année pleine), la Région Occitanie maintient son rang de 4e région de France pour le tourisme. Qui est la deuxième économie de la région avec 125 000 emplois (7 % de l’emploi régional) et 15,9 milliards d’euros de retombées économiques (sur l’année). “Sur l’été 2024, nous enregistrons autant de nuitées qu’en 2023 qui était une année record et à 2022, elle-même année record”, précise Vincent Garel, président du Comité régional du tourisme et des loisirs d’Occitanie (CRTL). “Un été atypique”, qualifie-t-il. Avec 70 % des professionnels qui se disent satisfait du mois d’août (42 % en juillet).
“La fréquentation reste soutenue ; pour autant la situation économique actuelle pèse sur le pouvoir d’achat”
Cet été, en Occitanie, la fréquentation touristique a été générée principalement par les clientèles françaises (67 %), notamment extra-régionales, avec plus d’une nuitée touristique sur deux. Vincent Garel résume : “Globalement, l’été 2024 se caractérise par une stabilité par rapport à l’été 2023, avec une fréquentation qui reste soutenue. Pour autant la situation économique actuelle pèse sur le pouvoir d’achat des estivants et les dépenses s’en ressentent, notamment chez les restaurateurs. C’est, entre autres, pour cela que le CRTL Occitanie a développé l’Occitanie Rail Tour, un PASS train régional illimité à 10 € par jour qui, s’est élargi, depuis cet été, à l’ensemble des lignes liO. Associée à l’opération Train à 1 euro menée par le conseil régional, cette offre, qui permet d’emprunter les transports en commun à moindre coût, profite à toute l’économie touristique régionale.”
Globalement, le cœur de l’été 2024 enregistre à date un taux d’occupation moyen de 76,7 %, soit une hausse de 4,6 points et ce, malgré un mois de juillet plus mitigé : entre une météo pluvieuse et des élections non prévues, la première quinzaine du mois affiche un recul de 2,4 points d’occupation, particulièrement visible sur le secteur hôtelier.
“Le mois d’août a rattrapé ce mois de juillet”
Dans le détail, le bilan fait état d’un “mois de juillet qui a été difficile”, souligne Vincent Garel. Pourquoi juillet a-t-il été difficile ? Les raisons avancées sont multiples. A commencer par une météo médiocre, y compris pendant la période des réservations. Et puis, “les vacances d’été qui ont démarré le 5 juillet, ce qui a fait perdre une semaine aux professionnels ; il n’y a pas eu de pont du 14-Juillet”, ce qui habituellement dope les départs de vacanciers ; il y aussi, parmi les explications, “l’incertitude politique et, bien sûr, les tensions sur pouvoir d’achat”.
Heureusement, “le mois d’août a rattrapé ce mois de juillet”. Ajoutant : “Nous sommes même la première région de France pour les touristes français”, précise-t-il. Avec 67 %. Avec des points remarquables : “Nous avons enregistré de très bons résultats sur le littoral (32% des nuitées régionales) et les Pyrénées et la campagne (31 %) qui ont vécu un très bel été, notamment au mois d’août. Nous sommes même la première région de France pour les touristes français”, précise-t-il. “Nous enregistrons également un vrai retour des touristes étrangers, principalement d’Europe du Nord, d’Allemagne, Belgique et Hollande. Et une baisse des Britanniques, Américains. Pour ces derniers, y a-t-eu un effet JO ? On ne le sait pas. Peut-être qu’ils sont allés davantage à Paris pour les JO.”
“La tendance pour septembre est bonne et même pour octobre. Souvent, septembre est souvent mieux que juillet”
Autre motif de satisfaction, “la tendance pour septembre est bonne et même pour octobre. Souvent, septembre est souvent mieux que juillet. Nous travaillons, d’ailleurs, ur la structuration de l’offre dans les territoires ; il faut, concrètement que les restos restent davantage ouverts, qu’il y ait des tours de rôles parmi les personnels dans l’hôtellerie. Globalement, cette extension de saison devrait profiter au littoral et à la campagne-montagne”. Il faut aussi que l’offre de transports en commun suive ; qu’il n’y ait pas, par exemple, de suppressions de trains lors des ponts de l’Ascension et de Pentecôte. À ce sujet, Muriel Abadie, vice-présidente de la région Occitanie, chargée du tourisme, a confié que “la Région Occitanie met accompagne financièrement certaines communautés de communes pour combler le dernier kilomètre en montagne, notamment, en participant à l’achat de deux véhicules”. Pour accéder à Guzet, par exemple, où l’été on ne peut y aller qu’en voiture. “Nous travaillons aussi sur des extensions de lignes en autocars”, a certifié Vincent Garel.
De très bons résultats en montagne et dans les stations, comme à Hautacam ou les Angles ; là où des investissements ont été réalisés (tyroliennes, chemins de randonnées, luges été/hiver) pour un tourisme de quatre saisons”
Muriel Abadie
“De très bons résultats aussi en montagne et dans les stations, notamment, comme à Hautacam ou les Angles, a expliqué Muriel Abadie, et là où des investissements ont été réalisés (tyroliennes, chemins de randonnées, luges été/hiver) ; là où les efforts en investissement ont été faits pour un tourisme de quatre saisons.” Vincent Garel complète : “Cela concerne les territoires qui ont travaillé leurs offres ; on le voit avec la demande d’itinérance ; les balades. Dans les Pyrénées, on note une hausse de la clientèle étrangère, notamment d’Europe du Nord. Nous allons d’ailleurs travailler sur la Scandinavie. Que l’activité touristique qui soit au même niveau que celle d’hiver avec le ski, peut-être y arriverons-nous un jour. Mais pour l’instant, ce n’est pas le cas.”
Hôtellerie de plein air : baisse de 4 % à 5 % des nuitées
Au niveau national, le secteur de l’hôtellerie de plein air accuse une baisse notable de 4 % à 5 % des nuitées. Ce donne tout le sel de la performance de l’Occitanie, comme le confie Nicolas Dayot, président de la Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air. “On enregistre un fort contraste territorial, à l’opposé de l’année dernière. En 2023, c’était le Nord qui s’en sortait pas mal et le Sud, notamment Paca, qui souffrait ; cette année, c’est le contraire : c’est Paca (+ 12 %) et l’Ardèche (+ 7 %) qui progressent. La Corse, déjà en baisse en 2023, avec – 11 % des nuitées, et l’Occitanie sont à l’équilibre par rapport à 2023. Toutes les autres régions sont en baisse, parfois fortes. Nouvelle-Aquitaine et les Pays de la Loire sont à – 10 %.”
Les explications ? “On l’explique par une année extraordinairement humide sur les deux-tiers du pays ; il n’a cessé de pleuvoir de l’automne 2023 jusqu’au printemps 2024, rappelle Nicolas Dayot. Et quand c’est comme cela, cela bloque psychologiquement les réservations des touristes qui préfèrent ensuite réserver dans le Sud”, comme pour se donner toutes les chances de beau temps. “C’est un peu irrationnel mais c’est comme ça. Ils préfèrent réserver à Argelès qu’à Deauville.”
Elections, pouvoir d’achat en berne…
Autre raison : “On pensait “se refaire” au mois de juin ; or, la dissolution de l’Assemblée nationale a cassé la dynamique de dernière minute : on le voit dans les courbes : 10 % de réservations quotidiennes en moins. Troisième raison, la première semaine de juillet a été impactée par le second tour des législatives : du 6 au 13 de ce mois-là a perdu 16 % de fréquentation par rapport à la même semaine en 2023. Le mois de juillet se situe ainsi à – 8 % à – 9% par rapport à juillet 2023. Le consommateur, de part la dégradation du pouvoir d’achat, a fait évoluer son comportement. Les mobiles homes et les chalets ont eu plus de mal à être réservés que les emplacements nus, moins chers. Les mobile home les plus chers qui, d’habitude se louent le plus vite, ont eu plus de mal à trouver preneurs : c’est d’abord le bas de gamme qui est parti, là aussi pour des raisons budgétaires. Il y a eu du surclassement pour libérer les stocks et beaucoup de promos en juillet.” Et les chiffres d’affaires, chez certains professionnels ont plongé.
“Les restaurateurs sont dans une pire situation que l’hôtellerie de plein air”
Nicolas Dayot ajoute : “Ces contraintes de budget se remarquent dans les dépenses annexes : restos, snack, etc. où l’on a moins dépensé. A part les AirBnb et les gîtes, les hébergeurs collectifs sont plutôt en difficulté et les restaurateurs sont dans une pire situation que l’hôtellerie de plein air. Même dans le Sud. Les gens ont payé l’hébergement mais sur le reste ils se sont freinés. Il y a un point positif, un retournement que l’on n’arrive pas à expliquer : jusqu’à fin juillet, les étrangers étaient nettement en hausse et en bonne voie pour retrouver le niveau d’avant le covid, en 2019. Cela semble moins le cas sur l’été entier. Parmi la fréquentation française, il semble que les juillettistes sont devenus aoûtiens… comme un décalage des habitudes.”
Olivier SCHLAMA
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