L’enjeu n’est pas roupie de sansonnet : réhabiliter et rendre tout son potentiel au canal du Rhône à Sète, en conciliant les enjeux économiques du transport fluvial et du tourisme. Véritable trait d’union, prolongeant le canal du midi, il relie rien de moins que deux départements et traverse dix-sept communes d’Occitanie sur près de 110 kilomètres de long.
L’État et le conseil régional d’Occitanie viennent de s’engager à réserver une enveloppe de 50 M € pour lancer ce vaste plan de reconquête. “C’est un geste fort qui appelle la mobilisation de l’ensemble des collectivités du linéaire pour porter ensemble un projet aux bénéfices multiples pour les habitants, touristes et entreprises du territoire”.
Dans le prolongement de la “conférence canal”
La formule est de Pierre-André Durand, préfet de région, le 10 juillet dernier, à l’issue du premier comité de pilotage qu’il présidait du canal du Rhône à Sète à Villeneuve-les-Maguelone, aux côtés du préfet de l’Hérault François-Xavier Lauch, de la directrice de Voies navigables de France (VNF) Cécile Avezard, de la vice-présidente de la Région Occitanie, Agnès Langevine, et des élus de conseils départementaux ainsi que des huit établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) du linéaire. Cet engagement de 50 M€ s’inscrit dans le prolongement de la “conférence canal” organisée en 2020 ; les partenaires actuels s’engagent aujourd’hui pour la sauvegarde de cet ouvrage emblématique.
“Stratégie de développement territorial et de prendre part à cette gouvernance partagée”
Dans le cadre du contrat de plan interrégional État-Région (CPIER) Rhône-Saône 2021-2027, l’État (via son opérateur VNF) et la Région Occitanie mobiliseront donc chacun 25 M€, soit un total de 50 M€, complétés par 2 M€ de financements européens Feder Plan Rhône. “Par ailleurs, les collectivités présentes ont confirmé leur souhait de s’impliquer dans cette stratégie de développement territorial et de prendre part à cette gouvernance partagée”, indique-t-on en préfecture.
De nombreux atouts pour le territoire
En 2020, la “conférence canal” avait rassemblé une centaine d’acteurs du territoire démontrant un intérêt partagé pour la sauvegarde de cet ouvrage patrimonial construit au XVIIe siècle, comme Dis-Leur vous l’avait expliqué ICI.
Outre sa valeur paysagère incontestable, ce canal présente de nombreux atouts pour le territoire : il est tout d’abord le vecteur d’activités économiques durables, telles que le transport fluvial de marchandises depuis le port de Sète-Frontignan contribuant à la décarbonation de la logistique portuaire par le report modal de la route vers le fluvial, ou le tourisme vert, au travers notamment de voies cyclables telles que la Via Rhôna.
Le scénario vise à maintenir un niveau de fret modéré en développant le tourisme, évalué à 60 M€

Le canal contribue par ailleurs à la préservation de la biodiversité, en hébergeant des habitats oiseaux sur les berges, favorise le maintien de l’équilibre hydraulique et sédimentaire des étangs où se pratique la pêche, et permet le transfert d’eau douce depuis le Rhône vers la Camargue gardoise pour irriguer les terres agricoles et lutter contre leur salinisation.
Au regard de ces atouts, les acteurs du territoire s’accordent sur la nécessité de restaurer et réhabiliter cette infrastructure majeure, tout en prenant en compte l’impact du changement climatique. Le scénario retenu à l’issue de la conférence canal, qui vise à maintenir un niveau de fret modéré tout en développant le potentiel touristique, a été évalué à 60 M€. Ce programme de travaux doit permettre de restaurer les berges sur l’ensemble du linéaire, d’effectuer les nécessaires opérations de dragage pour maintenir un tirant d’eau suffisant et de construire un casier dédié à l’accueil des sédiments sur la zone Zifmar du port de Sète-Frontignan.
Formidable opportunité pour un projet de territoire
Ce programme d’envergure est à la hauteur des ambitions pour préserver le canal au-delà de 2050 et faire de cet ouvrage la colonne vertébrale d’un modèle de développement équilibré, en parfaite cohérence avec le Plan littoral 21, au service de l’exceptionnel patrimoine naturel et culturel de ce territoire.
D’une contrainte, un atout : “La réhabilitation du canal du Rhône à Sète est une formidable opportunité pour construire, avec les collectivités, acteurs socio-économiques et associations concernées, un projet de territoire fédérateur et structurant”, a ainsi commenté le préfet de Région, insistant sur le fait que (…) “bien plus qu’une simple voie d’eau, le canal doit être le démonstrateur d’un modèle d’aménagement durable et équilibré”.
“Nous franchissons une nouvelle étape déterminante”

“Nous franchissons une nouvelle étape déterminante dans le projet de réhabilitation de cet ouvrage emblématique de notre territoire”, a renchéri Carole Delga, présidente de la Région Occitanie.”Toujours collectivement, nous démontrons notre volonté de poursuivre le travail partenarial engagé dès 2020 avec l’ensemble des acteurs et parties prenantes. Véritable emblème patrimonial, le canal du Rhône à Sète présente également de nombreux atouts en termes d’activités économiques durables, particulièrement grâce au transport fluvial, mais aussi en matière d’attractivité touristique et de loisirs, cyclistes notamment.”
Et d’ajouter : “Aussi, nous avons souhaité investir massivement pour la préservation et la restauration de cette infrastructure sans écluse sur près de 100 km, facile de navigation et qui traverse un territoire exceptionnel, fait de zones de protection environnementale, de sites classées ou inscrits, et de grands paysages. C’est aussi pour cela que nous veillons à ce que les études environnementales de l’ensemble du projet soient particulièrement rigoureuses”, a-t-elle ajouté.
“Concilier les besoins et les usages pour tirer tous les bénéfices de l’attractivité de la voie navigable”
Quant à VNF, “ce développement s’inscrit dans un projet de territoire, local et régional, à l’échelle de l’itinéraire, au service du transport de marchandises, d’un tourisme dynamisé et de la qualité de vie des habitants. Il s’agit de concilier les besoins et les usages pour tirer tous les bénéfices de l’attractivité de la voie navigable”, a dit Cécile Avezard, directrice générale de Voies navigables de France.

Reste que, confronté à une obligation de dragage phénoménal de ses sédiments, cet outil, trait d’union entre le Canal du Midi et le Rhône, a besoin de redéfinir sa vocation économique et environnementale. Un préfet a été nommé pour mener la concertation et imaginer des solutions.
Un trait d’eau de 100 km environ sur lequel fait bon voguer, traversant l‘étang de Thau, Frontignan, l’étang d’Ingril, Vic-La-Gardiole, Villeneuve-lès-Maguelone, l’étang de Vic, les étangs de Pierre-Blanche, séparant ceux de l’Arnel et du Prévost, puis, trace sa route à Palavas, étang du Méjean, l’étang du Grec. Ensuite, c’est Marsillargues, Aigues-Mortes, le Grau-du-Roi, Vauvert. Jusqu’à Saint-Gilles et Beaucaire. Mais ce canal, connecté d’un côté au Canal du Midi, de l’autre au Petit Rhône, à Saint-Gilles (Gard) est dans une impasse (écluse) à Beaucaire. Et se cherche encore une vocation économique stable. Un nouvel horizon. Pour cela il aurait besoin d’un lourd investissement, notamment pour refaire ses berges et draguer convenablement ses sédiments.
Scénarios complexes, stratégie commune visant à associer tout le monde. Ainsi avait élaboré le préfet Lalanne après qu’il avait été nommé pour en faire l’audit en 2020.
Olivier SCHLAMA
- un lien vers une vidéo de présentation des enjeux sur le canal du Rhône à Sète : https://www.youtube.com/watch?v=5i6CD8xNkn0&feature=youtu.be
- le lien vers le rapport du CGEDD Canal du Rhône à Sète : quel devenir ? : http://www.cgedd.developpement-durable.gouv.fr/canal-du-rhone-a-sete-quel-devenir-a2912.html
À lire également sur Dis-Leur !
Transports : Le canal du Rhône à Sète se cherche un nouvel horizon
Canal du Rhône à Sète : “On peut y créer une dynamique touristique !”