C’est une nouvelle étape dans le programme de réintroduction d’une espèce sauvage, mis en œuvre dans le cadre de la Stratégie nationale pour la Biodiversité et de la Charte du territoire du Parc national des Pyrénées. Un moment symbolique qui marque la célébration de dix années de réintroduction du Bouquetin ibérique dans les Pyrénées françaises.
En 2014, après trente années d’études et de dialogue avec les partenaires, les premiers bouquetins ibériques étaient relâchés au Parc national. Originaires du Parc national de Sierra de Guadarrama (Madrid), cent soixante-deux individus sont ainsi venus fouler les espaces rocheux du Parc national des Pyrénées en trois zones distinctes : Cauterets (Hautes-Pyrénées), Gèdre-Gavarnie (Hautes-Pyrénées) et Accous (vallée d’Aspe – Pyrénées-Atlantiques).
Dix ans après le premier lâcher, la population de cet ongulé emblématique est estimée à plus de 400 animaux toujours répartis en trois noyaux de populations : Cauterets, site historique, avec environ 280 individus, Gavarnie-Gèdre avec 70 individus et Accous avec 60 individus. Rapidement, l’observation des animaux relâchés, facilitée par la pose de colliers émetteurs, a permis de suivre leurs comportements (déplacements, structure sociale et cycle biologique).
Des naissances mais une génétique à améliorer
Plus de 330 cabris sont nés entre 2015 et 2023 avec un taux de survie proche de 100%, dont un certain nombre de naissances géméllaires. Par ailleurs, des moyens importants sont mis en œuvre par le Parc national des Pyrénées afin de surveiller l’état de santé des bouquetins. Et cette veille sanitaire confirme la bonne santé des bouquetins.
Seul bémol du programme, les bouquetins présents sur le territoire du Parc national, tous originaires de Sierra de Guadarrama, présentent une diversité génétique faible. Cet état de fait les expose à un éventuel affaiblissement de leur immunité naturelle face à de nouvelles maladies ou à des difficultés à s’adapter à des changements environnementaux. Il sera donc nécessaire, à l’avenir, de rechercher une diversification génétique avec des réintroductions de bouquetins ibériques issus d’autres populations espagnoles.
Dix ans après, afin de favoriser la colonisation de l’ensemble du territoire du Parc national des Pyrénées, de nouveaux lâchers de bouquetins sont prévus dans le courant de cette année, en vallée d’Aure. De nombreuses réunions de concertation ont été menées durant l’hiver 2023-2024, avec les élus et les représentants des agriculteurs et des chasseurs de la haute vallée d’Aure. Puis des réunions publiques avec les habitants ont permis de mieux informer. Et aujourd’hui, “le bouquetin est attendu avec impatience par la majorité des acteurs locaux.”
Impliquer le public dans l’avenir du bouquetin
Afin de fêter les 10 ans de ce programme, le territoire s’anime de temps forts gratuits et accessibles aux enfants comme aux adultes. De nombreuses animations sur le terrain ou en Maisons du Parc national sont proposées pour contribuer à l’engouement remarqué pour l’ongulé. Le grand public est d’ailleurs régulièrement
invité à participer activement à la réintroduction du bouquetin :
Il est ainsi possible de parrainer l’arrivée d’un bouquetin. Par un don défiscalisable (66%), le grand public soutient activement l’arrivée d’un animal. Quel que soit le montant, même modeste, leur apport permet d’acquérir de nouveaux bouquetins qui viennent conforter la population déjà en place. Et avant certains lâchers, le Parc national propose au grand public et/ ou aux écoles du territoire, de proposer des noms qui permettront d’identifier les bouquetins lors des suivis. Il en sera ainsi, en 2024, avec les élèves des écoles de la vallée d’Aure.
Une “appli” et plusieurs rendez-vous
Enfin, une application de sciences participatives, “Bouquetin Pyrénées” permet de transmettre les observations de bouquetins. Désormais, en montagne, les randonneurs peuvent ainsi transmettre leurs observations en étant géolocalisés depuis leur smartphone en téléchargeant l’application. Celle-ci permet de retrouver des animaux réintroduits une fois que les colliers GPS arrêtent de fonctionner; avoir des informations sur la présence de l’espèce dans le massif pyrénéen là où on ne la cherche pas forcément. Enfin, bénéficier d’images qui permettent d’avoir une meilleure idée de l’état de santé des animaux et de la reproduction des femelles.
Les prochains rendez-vous : lundi 22 juillet à 18h, Maison du Parc national d’Etsaut (vallée d’Aspe) pour la projection du film “Le bouquetin en cascade” de Jean-Paul Crampe (45mn), membre du conseil scientifique du Parc national. Et le mercredi 7 août à 18h, au cinéma d’Arrens-Marsous, “Ibex, dans les pas du bouquetin” de Guillaume Collombet (52mn), ou l’incroyable histoire du retour du Bouquetin des Alpes et une plongée au cœur de sa vie, à travers un carnet de terrain découvert par des enfants. Une projection suivie de l’intervention d’Alexandre Garnier, responsable du suivi de la population de bouquetin au Parc national.
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Philippe MOURET
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