Toulouse : La filière aéronautique redécolle malgré des difficultés de recrutement

Airbus... L'aéronautique, ce sont six emplois sur dix dans l'aire de Toulouse. Ph. Kevin Hackert, Unsplash

La reprise (+ 18 %) aurait pu être plus importante en 2022 si l’ensemble des embauches avait pu se réaliser. Coût des matières premières et difficultés d’approvisionnement ont aussi freiné l’activité. Le spatial a, lui, marqué le pas. La filière compte 159 600 salariés (+ 4 %) dont six sur dix sont dans l’aire d’attraction de Toulouse. Les perspectives d’avenir restent favorables.

Après un rebond modéré en 2021, l’activité a progressé fortement en 2022 dans la filière aéronautique et spatiale du Grand Sud-Ouest (Nouvelle-Aquitaine
et Occitanie). Le chiffre d’affaires lié aux activités aérospatiales a augmenté de 18 % en 2022, après une hausse de 6 % en 2021, en phase avec la reprise du trafic aérien du même niveau ou tant soit peu dans le monde avec un besoin important de renouvèlement de flottes d’avions, notamment. Il y a aussi de nombreux programmes de recherche sur l’avion vert et sa décarbonation, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI lors de la venue du président de la République à Toulouse, il y a quelques jours.

“Le chiffre d’affaires de l’ensemble de la filière reste cependant encore en deçà de son niveau d’avant-crise”

L’intérieur d’un cockpit d’Airbus. Ph. Andrès Dallimonti.

Mais il faut faire un distinguo : cette forte hausse est avant tout celle de la reprise de l’activité aéronautique (+ 20 % à elle seule), le spatial, lui, “marque le pas” avec une petite hausse annuelle de 1,5 %, qualifie l’Insee Occitanie dans sa dernière étude. A ces bonnes nouvelles, il en faudra d’autres : “Le chiffre d’affaires de l’ensemble de la filière reste cependant encore en deçà de son niveau d’avant-crise, du fait notamment de tensions sur le coût des matières premières et de manque de main d’œuvre”, a analysé l’Insee.

115 900 emplois dans l’aérospatial

Que représente la filière ? L’Insee en partenariat avec Aérospace Valley l’a calculé : 159 600 salariés dans les établissements de la filière aérospatiale en Occitanie et Nouvelle- Aquitaine (Grand Sud-Ouest – GSO) fin 2022 dont 115 900 emplois dédiés, c’est-à-dire uniquement consacrés à l’aérospatial. Ces  effectifs dédiés à la filière aérospatiale (six emplois sur dix le sont dans l’aire d’attraction de Toulouse), ils ont augmenté de presque 5 % (4,5 %) en 2022, soit 4 900 emplois supplémentaires.

“En 2023, l’emploi lié à l’aérospatiale augmenterait encore malgré des difficultés croissantes de recrutement”

De quoi approcher leur niveau d’avant-crise sanitaire. Ce qui est beaucoup plus dynamique que ce que l’on constate dans le reste de l’économie. Et début 2023, “les chefs d’entreprise ont anticipé à nouveau une forte hausse de l’activité sur l’année. Ils estiment que l’emploi dédié à l’activité aérospatiale augmenterait encore malgré des difficultés croissantes de recrutement”. Mais les chefs d’entreprises du secteur – trois entreprises sur cinq l’affirment – évoquent des freins qui ont ralenti cette reprise. En premier lieu, les difficultés de recrutement – encore plus importantes, disent-ils en 2023 – ; évidemment le coût des matières premières – pour plus de la moitié des entreprises industrielles – et notamment de l’énergie ; et des difficultés d’approvisionnement.

Occitanie, première région aéronautique de France

L’Occitanie est la première région aéronautique de France. Faite d’une constellation de PME et d’une poignée de donneurs d’ordres. L’Etat et la Région Occitanie ont limité les dégâts de la crise en sortant le chéquier et doivent continuer à le faire, selon la Cour des comptes et la Chambre régionale. Mais il y a encore des freins à lever pour que la filière se modernise.

Deuxième puissance au niveau mondial derrière l’industrie US, la filière aéronautique française représentait, en 2019, un secteur hautement stratégique pour l’économie nationale. Très fortement exportatrice avec 64 milliards d’euros de ventes à l’étranger en 2019 (!), cette industrie, dont Toulouse est une place forte, a vu sa dynamique de création d’emplois cassée par la crise sanitaire et l’arrêt brutal du transport aérien. La réaction et le soutien publics ont suppléé, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI.

Vers une nouvelle vague d’embauches malgré des difficultés de recrutement croissantes

Ph. Daniel Eledut, Unsplash

Face aux tensions croissantes pesant sur leurs capacités de production, les entreprises du GSO devraient poursuivre les embauches avec un besoin de recrutement qui reste élevé. Interrogés sur leurs perspectives, les chefs d’entreprise anticipent une hausse de l’effectif salarié dédié aux activités aérospatiales en 2023 au même rythme qu’en 2022.

Le recours aux intérimaires devrait aussi se poursuivre en 2023. Il concernerait essentiellement les secteurs industriels. Dans le tertiaire, les entreprises prévoient un recul pour l’embauche d’intérimaires dans les activités informatiques et dans l’ingénierie. Parmi les entreprises de la filière qui ont recruté ou ont prévu de recruter en 2023, les difficultés d’embauche deviennent quasi-systématiques : 86 % évoquent des difficultés en 2023 contre 78 % en 2022, quel que soit le secteur d’activité ou la taille de l’entreprise.

Manque de candidats et concurrence entre sociétés

Les entreprises de la construction aéronautique et spatiale s’en sortent toutefois mieux que les autres : 77 % d’entre elles sont confrontées à des problèmes de recrutement. Ces difficultés croissantes de recrutement sont liées à l’absence de candidats pour 90 % des entreprises. Les entreprises évoquent ensuite la forte concurrence avec d’autres entreprises du même bassin d’emploi (70 %). Les autres motifs, comme un décalage entre le profil des candidatures et le poste ou la localisation de l’entreprise, sont nettement moins fréquents.

Olivier SCHLAMA

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