Selon l’Insee, c’est le département de France métropolitaine, principalement le Montpelliérain, où la population augmente le plus rapidement entre 2015 et 2021 comme la Haute-Garonne. Il accueille 170 000 ménages de plus qu’en 2020. Mais accompagné, en certains endroits d’un vieillissement de la population et une natalité en berne.
L’Hérault grossit de plus en plus. Ce que ne manque jamais de souligner Michaël Delafosse, le maire de Montpellier, depuis son élection en 2020, pour expliquer que cette situation, tout aussi bénéfique qu’elle soit, crée des besoins en écoles, routes, collèges, maisons de retraites, etc. Et des problèmes budgétaires en cascade. Cadre de vie, climat, paysages, festivals… : ce territoire est toujours très attractif. Mais qui génère des angoisses face aux nombreux défis : la ressource en eau et la sécheresse en sont les deux plus inquiétants. Sans parler du vieillissement de la population et la baisse de la natalité déjà à l’oeuvre, surtout en Occitanie.
245 000 habitants de plus d’ici 2050
La situation est à tel point remarquable que le département fait l’objet d’une étude fine de l’Insee Occitanie qui le dit : au 1er janvier 2021 (derniers chiffres établis), l’Hérault compte 1 201 883 habitants. Contre 1 430 000 personnes en 2050 selon les projections, soit 245 000 de plus qu’en 2020. La population augmenterait ainsi en moyenne de + 0,6 % par an entre 2020 et 2050, mais deux fois moins vite qu’entre 2015 et 2021.
Le cadre est posé : “C’est le département de France métropolitaine où la population augmente le plus rapidement entre 2015 et 2021, à égalité avec la Haute-Garonne (+ 1,2 % par an). L’Hérault cumule un excédent naturel (+ 0,2 % par an) grâce à des naissances plus nombreuses que les décès et un fort excédent migratoire (+ 1,0 % par an) en raison d’arrivées très supérieures aux départs. Le nombre de ménages, qui correspond au nombre de logements occupés en tant que résidences principales, progresse encore plus vite que la population : + 1,8 % par an entre 2015 et 2021.”
Plus vite autour du Pic Saint-Loup et du Cœur d’Hérault
Sur ces trois prochaines décennies, la population augmenterait plus vite dans l’arrière-pays proche de la métropole, c’est-à-dire dans les territoires du Pic Saint-Loup et du Cœur d’Hérault, respectivement + 1,1 % et + 1,0 % par an, que dans le Montpelliérain (+ 0,9 %). En revanche, les populations des territoires du Biterrois et de l’étang de Thau resteraient relativement stables.
Croissance la plus forte dans le Montpelliérain
Mais on distingue des disparités infra-départementales. L’Hérault est découpé en huit territoires constitués d’une ou plusieurs agglos. Sans suprise, la croissance est la plus forte dans le Montpelliérain, au sein de la métropole (+ 1,8 % par an entre 2015 et 2021) pour la population et de + 2,3 % par an pour le nombre de ménages (une personne seule, avec enfants, ou des familles de plusieurs personnes). “La population augmente à un rythme proche de celui du département dans les territoires du Cœur d’Hérault, d’Hérault Méditerranée, du Pic Saint-Loup et du Biterrois et plus modérément dans les territoires de la Petite Camargue, du Haut Languedoc Ouest héraultais et de l’étang de Thau”, explique l’étude.
En 2050, 170 000 ménages de plus qu’en 2020
D’ici 2050, la croissance du nombre de ménages se poursuivrait mais moins fortement. Si les tendances démographiques et les comportements de cohabitation récents se poursuivent, le département de l’Hérault compterait alors 730 000 ménages, soit 170 000 ménages de plus qu’en 2020 (+ 0,9 % par an). Et entre 2020 et 2035, la croissance du nombre de ménages faiblirait par rapport à celle observée entre 2015 et 2021 tout en restant forte. Le département gagnerait ainsi 7 500 ménages chaque année. La croissance serait plus modérée sur les 15 années suivantes : + 3 800 ménages par an. Les explications sont à trouver du côté du vieillissement de la population et de la décohabitation (1).
Le Montpelliérain gagnerait, à lui seul, 93 000 ménages en trente ans (+ 1,1 % par an) mais ne serait plus le territoire avec la plus forte croissance. Puis, la hausse ralentirait progressivement, de + 1,5 % par an entre 2020 et 2035 à + 0,6 % entre 2035 et 2050. Le nombre de ménages progresserait à un rythme supérieur dans les territoires du Cœur d’Hérault et du Pic Saint-Loup, + 1,3 % par an en moyenne entre 2020 et 2050 malgré un ralentissement en fin de période.
Phénomène de décohabitation
Chef de projets de l’action régionale à l’Insee, Romuald le Lan précise : “Les ménages pourront augmenter plus volontiers les prochaines années que la population à cause d’une phénomène de décohabitation, notamment. Des jeunes se mettent en couple ; se séparent… On ne compte pas les personnages âgées en maison de retraite.” Il ajoute : “En 2020 par rapport à l’année précédente, on a enregistré 46 000 arrivées dans l’Hérault dont 39 600 viennent d’un autre département en France et 6 400 de l’étranger.” L’Hérault et la Haute-Garonne présente la même dynamique démographique.
Naissances supérieures aux décès que dans le Montpelliérain
“À partir de 2035, l’arrivée aux grands âges de la génération du baby-boom générerait un surcroît de décès”, souligne l’étude. Dans le même temps, les naissances diminueraient du fait d’un nombre d’enfants par femme maintenu à un niveau bas, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI. Ainsi, le département, où les naissances sont aujourd’hui plus nombreuses que les décès, ferait face à un déficit naturel à partir de 2035. Seul le Montpelliérain conserverait un excédent naturel significatif jusqu’en 2050. Le territoire du Cœur d’Hérault conserverait, lui, plus de naissances que de décès jusqu’en 2040. Dans le territoire du Pic Saint-Loup, où le solde naturel est à l’équilibre en 2020, les décès seraient plus nombreux que les naissances à partir de 2030 et l’écart s’accentuerait progressivement. Les autres territoires sont en déficit naturel en 2020, déficit qui s’accroîtrait d’ici 2050.
Vieillissement de la population inéluctable
Entre 2020 et 2050, l’Hérault gagnerait des habitants à tous les âges sauf entre 18 et 24 ans. Sur les 245 000 habitants supplémentaires sur la période, la moitié seraient âgés de 65 ans ou plus. Le Montpelliérain capterait 60 % des gains de population. Les autres territoires de l’Hérault gagneraient essentiellement une population âgée.
Ce vieillissement serait plus prononcé jusqu’en 2035 partout dans le département, et il serait particulièrement prononcé en Haut Languedoc et l’Ouest héraultais, entre Agde et Pézenas et autour du bassin de Thau. En 2050, 38 % des habitants de ces trois territoires seraient âgés de 65 ans ou plus soit dix points de plus qu’en 2020. Le Montpelliérain resterait un territoire relativement jeune avec moitié moins de seniors qu’ailleurs dans le département.
De plus en plus de personnes vivraient seules
Triste projection, “dans l’Hérault, jusqu’en 2050, de plus en plus de personnes vivraient seules”, conclut l’étude de l’Insee, on compterait 225 500 ménages d’une seule personne en 2020 à 334 800 en 2050 (+ 49 % en trente ans). En 2010, 36 % des ménages du département étaient composés d’une personne seule, 40 % le sont en 2020 et 46 % le seraient en 2050. En particulier, dans le Montpelliérain, où la moitié des ménages seraient composés d’une personne seule en 2050. De plus en plus de seniors héraultais vivraient ainsi seuls après 65 ans : 27 % en 2050 contre 22 % en 2020. Ils seraient ainsi 131 500 en 2050 contre 82 800 en 2020.
Olivier SCHLAMA
(1) Vieillissement et décohabitation expliquent un tiers de la hausse du nombre de ménages
Le nombre de ménages, et donc de résidences principales, progresse plus vite que le nombre d’habitants. Cela résulte d’une part du vieillissement de la population et d’autre part des changements dans les comportements de cohabitation. Ainsi, “l’allongement de la durée de vie maintient davantage de couples sans enfant dans les logements et conduit aussi à un nombre plus important de personnes vivant seules. Par ailleurs, les mises en couple sont plus tardives, les séparations plus nombreuses et le nombre de couples non cohabitants augmente”, explique encore l’Insee.
Accélération du vieillissement de la population et participe à la hausse du nombre de ménages
Ainsi, dans l’Hérault, un tiers des ménages supplémentaires qui se sont installés entre 2020 et 2050 seraient dus au vieillissement de la population et à la décohabitation, le reste résultant de la croissance démographique. C’est moins qu’au niveau national où la démographie est moins dynamique et où les deux effets du vieillissement et de la décohabitation expliquent plus de la moitié de la hausse du nombre de ménages. L’arrivée aux grands âges des générations issues du baby-boom entraîne une accélération du vieillissement de la population et participe à la hausse du nombre de ménages dans tous les territoires de l’Hérault.
L’effet du vieillissement sur le nombre de ménages serait plus important en Petite Camargue et dans le territoire du bassin de Thau et quasi nul dans le Montpelliérain. L’effet dû à l’évolution des comportements de cohabitation serait plus élevé dans les territoires du Montpelliérain et du Cœur d’Hérault et plus faible dans celui du bassin de Thau.
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