Effet JO et Léonmania fonctionnent à plein dans la région où certains clubs battent des records du nombre de licenciés. Le point à l’heure où se terminent les championnats de France 25 mètres à Antigone qui accueille des médaillés olympiques.
C’est comme s’ils nageaient en plein bonheur ! Des grands et des moins grands s’époumonent à l’envi dans ce temple montpelliérain de la natation. La piscine Antigone en plein coeur de Montpellier pour les championnats de France de natation en bassin de 25 mètres.
Le complexe accueille, depuis jeudi 31 octobre et jusqu’à ce dimanche soir, les championnats de France petit bassin qualificatifs pour les Mondiaux de Budapest, en fin d’année. Un week-end héraultais davantage qu’une prise de repères, où participaient les médaillés Anastasiia Kirpichnikova, Maxime Grousset ou encore Yohann Ndoye Brouard et Clément Secchi. Florent Manaudou, absent, lui, traine un spleen depuis la fin des JO. Des championnats où l’on peut mesurer, aussi, la popularité de ce sport et l’engouement du grand public qui nourrit une vague exceptionnelle d’inscriptions dans les clubs.
Aux Dauphins de Toulouse, + 25 % d’inscriptions !
Dans les gradins, la piscine accueille des passionnés plutôt disciplinés. “Ce n’est pas une ambiance de tifosi comme au football dans des tribunes surchauffées mais ça fait chaud au coeur de voir autant de monde pour des championnats de France 25 mètres…”
Alain, ce Toulousain ne boude pas son plaisir. Dans son club mythique, les Dauphins du Toec, l’effet JO et celui de Super-Léon a fait bondir le nombre de licences grâce à l’engouement des champions français dont le Toulousain-star Léon Marchand : “On finira l’année 2024 avec + 25 % d’inscriptions”, se réjouit sobrement Michel Coloma. L’emblématique président avance évidemment comme explication “l’effet Jeux Olympiques en général” et celui du roi Léon en particulier. Comment faire face à la demande ? Michel Coloma répond automatiquement : “La municipalité de Toulouse, qui a oublié d’être bête, a ajouté des créneaux…”
Michel Coloma ne peut être que satisfait de l’équipe municipale. Les Dauphins du Toec, premier club de France, qui veut rapatrier l’un des bassins en or de Léon Marchand et l’installer sur le… toit de sa future Cité de la Natation prévue pour 2027. Léon, le champion, soutient le projet ainsi que le maire de Toulouse qui vient d’écrire à Macron.
Cité de la natation avec l’un des bassins en or de “Léon”
Il y avait la cité de l’Espace. Il y aura la Cité de la natation, donc. D’Alfred Nakache – qui a aussi des racines sétoises – à Léon Marchand, la Ville Rose se propose de récupérer l’un des bassins en or du champion de natation, Toulousain de naissance. Cela s’inscrit dans un projet plus vaste, baptisé Cité de la Natation, nécessitant un investissement de 30 M€, confinancé par les collectivités, département, région, l’Etat, un groupe de santé et une fondation et le club lui-même Les Dauphins du Toec qui a plus de 100 ans et qui est le plus titré de France aux JO. Prévu pour le premier semestre 2027, il accueillerait l’un des bassins des JO 2024 sur son toit, façon rooftop !
À Montpellier, hausse de 50 % des inscriptions
À Montpellier, justement, le Muc a fait ses comptes. Président depuis dix-huit ans, Philippe Jamet annonce lui aussi un record en matière d’inscriptions cette année avec une hausse de 40 % à 50 %. Lui aussi fait référence aux deux figures tutélaires de la natation française, Manaudou et “Léon”. Mais aussi aux champions maison, licenciées au MUC, que sont la Néerlandaise Sharon van Rouwendaal, médaillée d’or sur 10 km eau libre aux JO et l’ex-Russe naturalisée française en 2023 Anastasia Kirpichkinova qui avait décroché l’argent aux JO de Paris sur le 1 500 mètres derrière l’intouchable Ledecky.
Crise énergétique, manque de maîtres-nageurs, équipements vieillissants…
Président de la ligue Occitanie de la FFN (32 000 licenciés dans la région), Bernard Dalmon souligne que dans “notre région, la hausse est légère, de l’ordre de + 5 %”. Il explique : “Les collectivités rechignent à ajouter des lignes d’eau et n’augmentent pas l’amplitude d’ouverture des piscines à cause de la crise énergétique et, dans une moindre mesure, à cause du manque de maîtres-nageurs. Les clubs souffrent. Alors, oui, il y a un effet JO. Le grand public va nager davantage mais en Occitanie nous avons des équipements vieillissants ; beaucoup de bassins sont à rénover. Il faut des piscines moins énergivores.” Enfin, il souligne un fait méconnu : “Dans la région, nous avons beaucoup de surfaces d’eau mais la moitié sont des piscines estivales ne fonctionnant que deux à trois mois dans l’année.”
Au siège de la Fédération française de natation, on savoure également cette vague d’inscription qui fait monter la discipline dans le top 10 des sports les plus courus. “Au final, nous allons enregistrer entre + 8 % et + 10 % de licenciés dans notre sport“, explique-t-on. La natation compte quelque 409 000 licenciés. Une vague qu’il va falloir entretenir.
Olivier SCHLAMA
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