#MeToo : Toujours plus de violences et de violences sexuelles

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A l’heure de l’accélération de la libération de la parole, en 2023, 444 700 victimes de violences physiques ont été enregistrées par la police et la gendarmerie comme crimes ou délits (+ 7 % par rapport à 2022) dont 114 100 sont victimes de violences sexuelles, à 85 % des femmes. C’est le dernier bilan du ministère de l’Intérieur.

Alors que l’actrice Judith Godrèche a demandé, ce jeudi, l’ouverture d’une commission d’enquête sur les violences sexistes et sexuelles dans le milieu du cinéma, au Sénat où elle était auditionnée, et où la parole se libère, le service statistique du ministère de l’Intérieur vient de livrer une photographie saisissante du phénomène dans la société où l’on estime qu’une victime sur quatre, à peine, ose déposer plainte, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI.

444 700 victimes de violences physiques

En 2023, 444 700 victimes de violences physiques ont été enregistrées comme crimes ou délits, soit une hausse de 7 % par rapport à 2022. Plus de la moitié sont des victimes de violences intrafamiliales. Les services de sécurité ont également enregistré 114 100 victimes de violences sexuelles (crimes ou délits), soit également une hausse de 7 % par rapport à 2022. Près des trois-quarts de ces violences ont été commises en dehors de la famille. C’est dans ce contexte que l’on a fait un calcul macabre et révélateur : quinze féminicides ont eu lieu en Occitanie, en 2022, parmi les régions les plus touchées…

Hausse de 60 % des déclarations entre 2016 et 2023

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Le nombre de victimes de violences physiques a augmenté de 60 % entre 2016 et 2023, passant de 277 100 à 444 700 en 2023 (1). Parmi ces 444 700 victimes de violences physiques, 96 700 sont mineures (22 %) et 114 100 sont victimes de violences sexuelles, dont 65 300 mineures (57 %). Plus de la moitié de ces violences physiques enregistrées sont commises dans le cadre intrafamilial (conjugal ou non), que les victimes soient majeures ou mineures (respectivement 53 % et 54 % des victimes). Cette part est beaucoup plus faible pour les violences sexuelles dont la majorité a lieu en dehors du cadre familial (77 % des victimes majeures et 70 % des victimes mineures). “Plus de la moitié des violences physiques, criminelles ou délictuelles, sont des violences sans ITT”, est-il encore expliqué.

Dans un contexte de libération de la parole

“Dans un contexte de libération de la parole et d’amélioration des conditions d’accueil des victimes de violences intrafamiliales et de violences sexuelles par les services de police et de gendarmerie”, le nombre de victimes de violences physiques enregistrées a augmenté de 7 % en 2023 : + 10 % dans le cadre familial contre + 3 % en dehors. De même, le nombre de victimes de violences sexuelles – principalement des femmes, à hauteur de 85 % – enregistrées par les services de sécurité a également augmenté de 11 % dans la sphère familiale contre + 7 % en dehors (soit + 7 % pour l’ensemble).

“Le nombre de victimes de violences sexuelles multiplié par deux en huit ans”

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Ce n’est pas tout : “Au cours des huit dernières années, le nombre de victimes de violences sexuelles enregistrées par les services de sécurité a ainsi été multiplié par deux, passant de 51 900 en 2016 à 114 100 en 2023.” Et : “Ce sont les femmes de 15 à 19 ans qui sont les plus tou- chées par les violences sexuelles commises en dehors du cadre familial, avec un taux de 91 victimes pour 10 000 habitantes, trois fois supérieur au taux de victimes pour l’ensemble des femmes. Cette proportion est huit fois plus élevée que celle des hommes de la même tranche d’âges.”

Le service statistiques du ministère nous apprend que les victimes de violences physiques sont le plus souvent des hommes lorsqu’elles ont été commises en dehors de la sphère familiale (69 %) et des femmes dans la sphère familiale (75 %). Les victimes de violences sexuelles sont toujours très majoritairement des femmes, quel que soit le contexte de commission et l’âge des victimes (85 %).

Plus de la moitié des victimes sont mineures

Autre enseignement, “entre 2016 et 2023, plus des trois-quarts des violences sexuelles sont commises en dehors de la sphère familiale et plus de la moitié de ces victimes sont mineures au moment des faits (57 % en 2023). Au cours de la période, les violences sexuelles dans le cadre familial progressent plus rapidement (+ 166 % contre + 107 % en dehors de la famille)”. Cette augmentation concerne plus particulièrement les victimes majeures de violences sexuelles conjugales “dont le nombre a quadruplé au cours de la période”. Pour les victimes mineures de violences sexuelles enregistrées, leur nombre “a doublé en huit ans” (!), dans la sphère familiale comme en dehors.

Les mineurs restent les principales victimes des violences sexuelles intrafamiliales enregistrées par les forces de sécurité (64 % en 2023 contre 73 % en 2016), malgré une progression beaucoup plus forte du nombre de victimes majeures. “L’un des facteurs d’augmentation du nombre de victimes de violences sexuelles enregistrées une année donnée, avance le ministère, est la part croissante de faits anciens (crimes ou délits) dénoncés par les victimes.”

Olivier SCHLAMA

(1) “Ces évolutions du nombre de victimes enregistrées par les forces de sécurité sont cependant à interpréter avec prudence, explique le service statistiques du ministère de l’Intérieur. Elles ne rendent en effet pas compte directement de l’évolution de la délinquance, reflétant également celle de la propension à porter plainte (qui dépend de la nature de l’infraction) du contexte dans lequel elle a été commise, de l’évolution des comportements dans la société, des conditions d’ac- cueil réservées aux victimes qui portent plainte et des dispositifs de protection ou de sanction mis en place. Suite au Grenelle des violences conjugales, au contexte de libération de la parole impulsé par le mouvement #Me Too et aux évolutions législatives récentes concer- nant la protection des mineurs contre les violences sexuelles, ces différents éléments sont susceptibles d’impacter plus particulièrement le nombre de victimes enregistrées suite à des violences conjugales ou sexuelles.”

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