#noustoutes : Les violences conjugales ont encore bondi en 2022

Dans un contexte de libération de la parole, même si une victime sur quatre ose déposer plainte, la nouvelle enquête annuelle du ministère de l’Intérieur signe une hausse de 15 % des violences conjugales avec 244 000 faits, après une hausse en 2021 de 21 % par rapport à 2020 qui était déjà en hausse… Les femmes osent de plus en plus franchir le pas d’un dépôt de plainte contre leur agresseur qui, dans leur très grande majorité, est français.

Stéphane Plaza, animateur du M6 ; Patrick Bottero, ancien vice-procureur de Nîmes ; George Tilsey, fraîche recrue du stade toulousain de rugby ; Mohamed Haouas, ex-pilier de l’Equipe de France et ex-joueur de Montpellier… Les exemples d’enquêtes pour violences conjugales se multiplient dans un contexte de libération de la parole. C’est aussi à mettre en relation avec des conditions d’accueil réservées aux victimes quand elles vont porter plainte et également des dispositifs de protection ou de sanction mis en place. Et aussi de la sensibilisation de plus en plus aiguë de la société, comme nous l’expliquions sur Dis-Leur ! ICI.

Parmi les mesures annoncées par le gouvernement en mai dernier, figure la mise en place dans les 164 tribunaux de l’Hexagone de “pôles spécialisés dans les violences intrafamiliales” pour des mesures d’urgence promises en 24 heures. S’appuyant sur le rapport d’Emlie Chandler, députée, et de Dominique Vérieu, sénatrice, pour “améliorer le traitement judiciaire” des violences familiales.

Deux tiers de ces violences sont physiques

En France, en 2022, pas moins de 244 000 victimes de violences conjugales ont été enregistrées en 2022 par les forces de sécurité, soit une augmentation de 15 % par rapport à l’année précédente (208 000 victimes). Deux tiers de ces violences sont des violences physiques, 30 % des violences verbales ou psychologiques et 5 % des violences sexuelles, ans un contexte de mariage, de Pacs ou d’union libre. La grande majorité des victimes sont des femmes (87 %) et les mis en cause sont le plus souvent des hommes (89 %). D’après l’enquête de victimation Genese 2021, seulement une victime sur quatre de violences conjugales a porté plainte.

“Le nombre de victimes enregistrées a ainsi doublé depuis 2016”

Cette hausse de 15 % est “proche du taux d’évolution annuel moyen constaté depuis 2019”, explique le SSMSI, service statistique en charge de la sécurité intérieure, rattaché à la fois à la police et à la gendarmerie nationales. “Dans un contexte de libération de la parole et d’amélioration des conditions d’accueil des victimes par les services de police et de gendarmerie, le nombre de victimes enregistrées a ainsi doublé depuis 2016. La part de victimes rapportant des faits antérieurs à leur année d’enregistrement reste stable par rapport à 2021 (28 %).” L’enquête démontre que les deux tiers des violences conjugales consistent en des violences physiques ; la grande majorité des victimes sont des femmes (86 %) alors que les mis en cause sont le plus souvent des hommes (87 %).

145 homicides conjugaux commis en France en 2022

Dans la grande majorité des cas, il s’agit de violences physiques (66 % des victimes), le plus souvent sans incapacité totale de travail (ITT) (40 % des victimes). “Les violences avec une ITT ne dépassant pas huit jours, ou aggravées par une autre circonstance, en plus du caractère conjugal, sont près de deux fois moins nombreuses (23 % des victimes).” Les violences physiques criminelles (homicides, tortures ou actes de barbarie) restent très rares (moins de 1 %) ; en particulier, l’étude réalisée par la délégation aux victimes (DAV) du ministère de l’intérieur recense 145 homicides conjugaux commis en France en 2022.

La plupart des victimes ont entre 20 ans et 45 ans

La plupart des victimes ont entre 20 ans et 45 ans (74 %), la tranche d’âge la plus concernée étant celle des 30 ans-34 ans qui concentre 17 % des victimes. Les victimes enregistrées ont plus rarement moins de 20 ans ou plus de 60 ans (respectivement 6 % et 4 % des victimes). Toutefois, les victimes de violences sexuelles sont plus jeunes : la moitié a moins de 30 ans, contre 36 % des victimes de violences physiques et 30 % des victimes de violences verbales ou psychologiques.

Enfin, 87 % des mis en cause pour violences conjugales sont des hommes. A très grande majorité, ce sont des hommes (87 %), de nationalité française (83 %) et un peu plus âgés que les victimes : seulement 13 % ont moins de 25 ans et environ la moitié a entre 30 et 45 ans.

P.-O., Ariège, Aude, Hérault et Gard

Les communes rurales affichent globalement moins de violences conjugales enregistrées. Comme en 2021, la Seine-Saint-Denis, la Guyane, le Pas-de-Calais, le Nord et la Réunion sont les départements qui affichent les plus forts taux de victimes enregistrées pour 1 000 habitantes âgées de 15 à 64 ans, entre 1″ et 14 victimes pour 1 000 habitantes. En 2022 sur l’ensemble du territoire, 9,8 femmes de 15 à 64 ans pour 1 000 habitantes de la même tranche d’âge ont été victimes violences conjugales.

En Occitanie, le département des Pyrénées-Orientales affiche un taux de 11 femmes victimes de violences conjugales pour 1 000 habitants. Pour ceux de l’Ariège, de l’Aude, de l’Hérault et du Gard, il est de 9 à 11 pour 1 000 habitantes.

Olivier SCHLAMA

  • (1) Chaque victime étant comptée autant de fois que d’infractions différentes la concernant : dans 83 % des cas, il s’agit de l’infraction principale (soit 202 800 victimes) et dans 17 % des cas, d’infractions secondaires.
  • Les crimes et délits conjugaux recouvrent des infractions de natures très différentes : violences physiques (qui vont des homicides aux violences sans incapacité), violences sexuelles (du viol au harcèlement), violences verbales ou violences psychologiques.
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