Méditerranée : Tortues, requins et même daurade coryphène si près des côtes !

Cette année, bien des espèces marines ont été observées très à la côte de la région Occitanie ! Requins, raies, tortues marines, poissons, dauphins, méduses… : 2023 est décidément un bon cru pour voir de près quelques espèces marines singulières, comme nous l’explique dans sa chronique Renaud Dupuy de la Grandrive, directeur du milieu marin d’Agde et de l’Aire marine protégée.

Commençons par les méduses choux fleurs ou aurélies dont certaines s’observent assez classiquement du printemps à l’automne, à la faveur de courants et d’une eau chaude favorisant leur reproduction, d’autres sont plus rares et singulières, même si ces petites histoires semblent se répéter.

Ainsi les requins peau bleu, souvent de jeunes individus nés à la côte, se sont invités cet été dans l’Hérault ou le long de la côte catalane. Récemment, il y eut vent de panique pour ce requin peau bleu de deux mètres arrivé en plage à Port Barcarès.

Requin Mako à Marseillan en juillet

Mesures scientifiques sur requin mako échoué Marseillan plage ©AMP côte agathoise

Plus rare, c’est un beau requin mako, venu s’échouer, lui, sur une plage à Marseillan en juillet, vivant dans un premier temps mais qui n’a pas survécu, pour des raisons difficiles à cerner. Requin qui a été relâché en pleine mer par l’équipe de l’Aire marine protégée de la côte Agathoise pour qu’il rejoigne la chaîne alimentaire de tous ces animaux qui meurent en mer et seront à leur tour dévorés par nombre d’espèces marines.

Alors, justement, ces requins, une trentaine d’espèces en France, quasiment toutes menacées et pourtant si importantes dans les écosystèmes marins, qui viennent de temps à autre chatouiller nos bords de plage (alors que leur royaume est bien au large !), que faut-il faire en cas d’observation d’individus, vivants notamment ?

“En profiter pour admirer ces belles créatures de près”

Requin peau bleue. Ph. Matthieu Lapinski.

La première chose, aussi curieux que cela puisse paraître, c’est sans doute de profiter de ce moment pour admirer ces belles créatures d’aussi près, car bien des plongeurs vont à l’autre bout du monde pour le faire ! Ensuite, c’est d’essayer de rester calme sans affoler la plage entière, ne pas rester dans l’eau et prévenir, bien sûr, le poste de secours de la plage ou téléphoner aux pompiers s’il n’y a pas de poste.

En tous cas, surtout ne pas aider un requin à rejoindre le large, ces animaux, sauvages, la plupart du temps inoffensifs à l’égard de l’homme, peuvent quand même réagir par défense avec coups d’ailerons ou morsures, sans compter les parasites que peuvent éventuellement transmettre leur peau…

D’ailleurs, ces préconisations de conduite à tenir en cas de présence d’animaux échoués sur la plage s’applique à toute espèce ! Rester calme, ne rien toucher, prévenir secours plage, pompiers ou commune qui orienteront ensuite si nécessaire vers les réseaux spécialisés tortues, cétacés, requins…

Tortue Caouanne, la star de l’été !

Tortue caouanne en mer ©Renaud Dupuy de la Grandrive

Bien sûr, la star de cet été méditerranéen, c’est la tortue Caouanne ! Et pas seulement sur notre côte occitane avec ses deux nids confirmés en 2023 à Marseillan plage et Sète (éclosion des tortillons estimée entre le 18 août et début septembre), et les cinq autres en région Provence Alpes Côte d’Azur, mais dans toute la Méditerranée occidentale.

Ainsi, alors que les lieux de prédilection de ponte de la tortue caouanne sont historiquement plutôt en Grèce (plus de 3 000 nids) et en Turquie, cette année, c’est près de 260 nids découverts en Italie (plus d’une centaine en Sicile) et une vingtaine en Espagne ! Une “explosion” de pontes pour l’instant difficile à expliquer même si un cocktail d’indices tels que température de l’eau et du sable à terre, recherche de nouveaux territoires, modification de courants semble le plus probable. Un phénomène qui est suivi de près par le programme européen LIFE Turtlenest qui unit Italie, Espagne et France dont le pilote est le CESTMED, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI.

Raison pour laquelle le Réseau des tortues marines de Méditerranée (RTMMF) reste en alerte avec les communes du littoral, l’Office français de la biodiversité, les associations naturalistes et les Aires marines protégées de la région pour prospecter les plages à la recherche des traces de tortues.

Conduite à tenir sur les traces de tortues

Carte des nids de tortues recensés en 2023 ©Life Turtlenest

Si les Caouannes ont déjà niché dans notre région en 2018 (Villeneuve-les-Maguelonne) et 2022 (Valras) on les observe plus souvent de passage avec des individus jeunes ou subadultes. Les pêcheurs professionnels jouent de plus en plus le jeu d’informer leurs prises accessoires qui sont gérées par le RTMMF réseau des tortues marines de Méditerranée et le Centre de soins CESTMED basé à la Grande-Motte qui soigne et relâche ensuite plusieurs dizaines d’individus par an, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI.

Mais il y a plus singulier : la daurade coryphène… !

7h15, jeudi 3 août, appel d’une promeneuse pour une grosse bestiole qui tourne en rond tout au bord de l’eau dans le beau site littoral de la grande Conque au Cap d’Agde… Suspicion de requin… vite écartée par les agents de l’Aire marine protégée de la côte agathoise qui s’immergent rapidement pour découvrir… une belle daurade (ou dorade) coryphène de 1,20 mètre.

Coryphène Conque 2 août. Ph. 2023

Appelée mahi mahi sous les tropiques, ses (grands) territoires de préférence sont les eaux chaudes des océans Atlantique Indien et Pacifique. Mais, depuis quelques années, à la faveur d’un réchauffement des eaux notamment (l’espèce a besoin d’une température de l’eau supérieur à 20 degrés), elle est présente en Méditerranée. Avec des individus de plus en plus gros selon les pêcheurs de loisirs qui attrapaient surtout de petits individus, tout comme les ont observés des plongeurs dans le golfe du Lion.

l’un des animaux les plus rapides au monde !

Bleu vert, jaune, turquoise… 100 km/h. Avec des petites taches rouges ou bleu noir, voici la robe de ce poisson magnifique, métallisée, qui peut virer d’une couleur à l’autre en quelques instants

C’est aussi l’un des animaux les plus rapides au monde ! Son corps élancé, caractéristique des grands nageurs, lui permet d’atteindre des vitesses vertigineuses de 100 km/h quand elle chasse, si bien qu’elle est aussi capable de sortir de l’eau et d’attraper des poissons volants ! La coryphène du Cap d’Agde semblait surtout bien âgée et bien fatiguée, comme en témoignait ses petites blessures. Elle a donc été récupérée à l’épuisette par l’équipe de l’Aire marine protégée et relâchée bien au large.

Renaud DUPUY DE LA GRANDRIVE

Conduite à tenir traces tortues…
Exemple de conduite à tenir. DR.

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