Depuis le succès de Zaï zaï zaï zaï, Fabcaro s’est imposé comme un des grands noms de l’humour en BD. Dessinateur, scénariste (mais aussi musicien), Fabrice Caro, est né à Montpellier en 1973 et il est installé à Bédarieux dans l’Hérault. Celui qui sera au coeur de l’actu BD le 26 octobre prochain avec la sortie d’un nouvel album d’Asterix, L’Iris Blanc (dont il a écrit le scénario), présente son nouveau roman en avant-première à Bédarieux : Journal d’un scénario.
“Ce matin, Jean Chabloz m’a reçu dans son bureau, après que nous avons échangé quelques messages dans lesquels il se disait enthousiasmé par mon scénario. Il avait conclu l’un d’eux par ce Rencontrons-nous, une injonction passionnelle, presque torride…” ainsi débute le roman Journal d’un scénario…
Un producteur, une amoureuse, des personnages
Et puis… “On va faire un beau film !” Depuis que le producteur a validé ainsi son scénario, Boris est aux anges. La magnifique tragédie amoureuse qu’il a intitulée Les servitudes silencieuses verra le jour au cinéma, en noir et blanc, comme dans ses rêves les plus fous. Et tout semble décidément sourire à Boris quand il fait la rencontre d’Aurélie, une jeune femme cinéphile qui se passionne pour le projet. Pourtant le cinéma, comme l’amour, a ses aléas et ses contraintes. Du film d’auteur au navet, il n’y a parfois qu’un pas !”
C’est le cinquième roman de Fabrice Caro (*) et ce simple pitch laisse augurer de quelques savoureux moments d’absurde et de quiproquos, permettant à l’auteur de développer un délicieux crescendo comique. Comme l’écrit l’auteur dans ce “Journal…” : “Les premiers mots d’un film sont décisifs, c’est la porte qui invite le spectateur à entrer dans l’oeuvre ou le laisse à l’extérieur – du moins durant un petit moment…”
Fabrice Caro ouvre une porte et… le lecteur s’engouffre…
Fabrice Caro réussit justement à “ouvrir la porte” au lecteur dès les premières phrases de ce roman sous forme (comme le titre l’indique) de journal au jour le jour, avec un narrateur dont on sent vite qu’il risque fort de se laisser ballotter entre un producteur pas très clair, une amoureuse cinéphile qui l’accapare (Ce journal n’était pas censé accueillir des considérations extérieures à mon travail. Entorse qui n’en est pas tout à fait une : après tout, c’est bel et bien mon scénario qui nous a réunis, elle et moi.) et des personnages qui lui échappent…
En bref, une fois que l’on est ferré, Fabrice Caro n’a plus qu’à laisser filer sa ligne pour que le lecteur n’ait plus envie d’échapper au piège qui se referme autour de lui, comme les pages de ce journal se referment autour des péripéties qui attendent Boris…
Scénariste du 40e album d’Asterix le Gaulois
Et pour prendre un peu d’avance sur l’actualité, quelques questions à Fabcaro à propos de la prochaine sortie (26 octobre) du prochain album d’Astérix (le 40e !) dont il est devenu le scénariste :
Quelle est la genèse de ce 40e album des aventures d’Astérix ?
J’avais envie d’un album plutôt centré sur le village et ses alentours. J’aime particulièrement les albums d’Astérix où un élément extérieur s’introduit dans le village et en perturbe l’équilibre. Et observer. la réaction des villageois, avec leur mauvaise foi légendaire. Et puis c’était l’occasion d’aborder en filigrane un phénomène de société contemporain…
Pourquoi ce titre ?
L’Iris Blanc est le nom d’une nouvelle école de pensée positive, venue de Rome qui commence à se propager dans les grandes villes, de Rome à Lutèce. César décide que cette méthode peut avoir un effet bénéfique sur les camps autour du célèbre village gaulois. Mais les préceptes de cette école exercent aussi une influence sur les villageois qui croisent son chemin… La planche annonce publiée en décembre vous a d’ailleurs donné un avant-goût de ses effets !
Je cherchais un titre dans l’esprit de Goscinny et Uderzo où le thème est souvent incarné dans un objet physique ou une personne (Le Chaudron, Le Devin, Le Grand fossé, Le Bouclier Arverne, La Serpe d’or…). Ici, l’iris est le symbole la bienveillance et de l’épanouissement, ou c’est tout du moins ce que l’on espère…
Abraracourcix, célèbre chef Gaulois, n’a pas l’air très joyeux… Que se passe-t-il au village ?
Oui, là il faut avouer qu’on l’a connu plus en forme. Cette méthode positive n’est pas sans impact sur nos amis gaulois et ne fait pas que des heureux. C’est le cas de notre chef qui va traverser une crise…
Philippe MOURET
(*) Figurec (2006), Le discours (2018, adapté au cinéma par Laurent Tirard et au théâtre par Simon Astier), Broadway (2020) et Samouraï (2022), tous aux éditions Galimard, collection Sygne (sauf Figurec, coll. Blanche).
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