Des jeunes motivés ; une équipe de direction qui l’est tout autant et des associations qui jouent le jeu : au lycée sétois, on a fabriqué avec toutes les énergies un bon exemple d’une vie lycéenne qui a du sens où la générosité le dispute à l’empathie. Cette riche Journée, qui se déroule jeudi 28 novembre, bat en brèche l’idée d’une jeunesse peu impliquée.
Au lycée Joliot-Curie, à Sète, “les jeunes sont sensibles à ce qu’il se passe dans le monde ; ce qui se passe en Espagne, ils se disent que ça peut arriver chez eux ; ils se rendent compte aussi que l’inclusion, c’est encore compliqué et veulent agir…”, explique Maryse Bouvier, CPE de l’établissement et co-organisatrice de cette Journée de la solidarité avec la Maison des lycéens, des parents et le Conseil de la vie lycéenne – les élèves – à laquelle participent activement quinze associations (1). Ils feront peut-être partie de ces jeunes qui deviendront bénévoles ensuite dans une association : le nombre de bénévoles oeuvrant au sein d’une association a chuté de 15 % entre 2010 et 2022 comme l’enseigne un sondage Ifop-FranceBénévolat.
Les thèmes abordés lors de cette journée ? Egalité, discrimination, handicap, homophobie… Bref, les solidarités. Il y aura aussi des tables rondes lors de cette journée dont l’une des affiches a ce slogan : Célébrons ce qui nous distingue, embrassons ce qui nous rapproche. “Cette idée vient de nos lycéens. C’est intéressant que des jeunes se disent qu’il faut organiser cette journée…”
Test 1 journee de la solidarité_20241122_152839_0000Initiation aux massages cardiaques avec Tom
Parmi les quinze associations participantes au coeur de la Journée de la solidarité (1), Casa de España, association de solidarité qui intervient auprès des victimes de Valence. Les élèves pourront apporter des vêtements et des vivres et écriront des mots de soutien. Et aussi l’association Tom (Ton Massage Cardiaque), de la fac de médecine qui viennent faire une initiation aux massages cardiaques de premier secours auprès de plusieurs classes. Leurs bénévoles interviendront, par ailleurs, tout au long de l’année.
Autre présence attendue, l’association nationale Tom que préside le Montpelliérain Patrick Courant et qui est née il y a 11 ans à Montpellier. Elle rayonne un peu partout en France pour lutter contre la mort subite, entre autres, en sensibilisant aux gestes qui sauvent et à la pratique “citoyenne” du massage cardiaque. Patrick Courant confirme l’engagement et la générosité remarquables des lycéens de Joliot-Curie, qui se concrétisera une fois encore ce jeudi 28 novembre. La jeunesse aime aider son prochain et sait créer de vraies dynamiques.
Dans un établissement où il y a 60 % de garçons, les filles sont, aussi, attachées à défendre le droit des femmes. Il y a une dynamique particulière”
Delphine Chazalette, présidente d’une fédération autonome des parents d’élèves, PNE-PNE
Ancien anesthésiste-réanimateur en cardiologie, au Millénaire, à Montpellier, à la retraite depuis quelques mois, Patrick Courant dit : “Notre association est extrêmement développée en Occitanie. Mais nous avons des actions au niveau national ; nous avons eu un partenariat il y a quelques années avec les jeunes chambres économiques ; nous sommes partenaires du Rotary et nous intervenons dans les lycées.” Ce sera l’une des lire ci-dessous).
Cette journée est un contre-exemple d’une idée reçue sur les jeunes : oui, les jeunes s’engagent et sont le rose de notre avenir. “On peut le considérer, valide Delphine Chazalette, présidente d’une fédération autonome des parents d’élèves, PNE-PNE (Pour Notre Ecole, Pour Nos Enfants) et élue au Conseil de la vie lycéenne (CVL). C’est une dynamique qui s’est construite à plusieurs partenaires. Le CVL est très motivé. Sur la place des femmes, le handicap… Ils sont motivés par rapport à ce qui se passe sur la planète, aux situations de handicap de certains de leurs camarades ; ils voient bien que l’inclusion c’est quelque chose de compliqué. Dans un établissement où il y a 60 % de garçons, les filles sont, aussi, attachées à défendre le droit des femmes. Il y a une dynamique particulière. Cette seconde édition a pris de l’ampleur ; on a donc anticipé les choses et organisé cet événement avec davantage d’ambition.”
“Les élèves parlent beaucoup de cette journée. Ils se mobilisent vraiment”
Dans l’établissement depuis six ans, inscrit dans un second BTS, après un bac pro, Nicolas Pastor est délégué de la CVL et trésorier de la Maison des lycéens à Joliot-Curie. Il dit à propos des moins de 25 ans qui sont souvent critiqués pour leur soi-disant inaction dans la vie citoyenne ; qui s’investissent ; se redent utiles ; donnent du temps pour les autres : “Les élèves parlent beaucoup de cette journée. Ils se mobilisent vraiment, des secondes aux terminales en passant par les premières. Les jeunes se rattachent à ce genre d’événement pour se donner une raison supplémentaire de venir au lycée.”
“Tout le monde a mis tellement d’effort là dedans que cela a abouti…”
Cela positive leur cursus. Prouvant que l’on peut faire des choses simples ensemble qui améliorent une situation comme faire venir l’association Casa España. “L’idée émane vraiment des élèves, reprend-il. Après, grâce à Maryse Bouvier, on a pu contacter des associations, entre autres, et des personnes que la CPE connaît.”
Nicolas Pastor, qui aimerait travailler “dans le monde des datas center ou de la réparation informatique”, notamment, ajoute : “On a redonné du dynamisme au CVL depuis l’année dernière en respectant un rendez-vous avec la CPE tous les mois. Pour proposer à chaque fois un projet concernant les lycéens. On a pensé à décliner la journée de lutte contre le harcèlement à Joliot ; contre l’intolérance, etc.” Un déclic s’est produit. “Tout le monde a mis tellement d’effort là dedans que cela a abouti, l’an passé, à une première journée, celle de la Tolérance…”
Olivier SCHLAMA
-
(1) Secours populaire, SOS Méditerranée, service pédopsychiatrie de l’hôpital de Sète, APF France Handicap, association Tom, FAF-LR, Mission locale (MLI), Café de l’égalité, des représentants du programme Phare du rectorat, contre le harcèlement, le Bon Samaritain, Casa de Espana de Sète (aider nos voisins Espagnols touchés par les inondations), l’association Tom, qui formera les élèves au massage cardiaque sur mannequin ; Hérault Sport…
👉 UN DON POUR SOUTENIR DIS-LEUR !
L’information a un coût. En effectuant un don, vous réduisez, en plus, votre impôt en soutenant les journalistes indépendants de Dis-Leur ! à partir de 1 € et défiscalisé à 66% !
– Après notre premier prix un concours national organisé par le ministère de la Culture en 2018 devant 500 autres medias, après l’installation de bandeaux publicitaires en 2019, après avoir été agréés entreprise de presse, nous lançons en collaboration avec le syndicat de la presse numérique (Spiil) un appel aux dons. Merci pour votre générosité et merci de partager largement !
Cliquez ICI : https://dis-leur.fr/dons/
Mort subite : 40 000 à 50 000 victimes par an !
L’association Tom dispense des formations citoyennes gratuites.
Patrick Courant explique que le succès de son association d’utilité publique vient de sa simplicité et de la gratuité de son enseignement. “Si on fait appel à la Croix Rouge, pompiers, Sécurité civile, dit-il, ce sont des formations payantes de dix heures. Or, il faut un maximum de gens formés à la pratique du massage cardiaque et pas des professionnels de santé : la mort subite en France c’est de 40 000 à 50 000 victimes par an et 4 % à 5 % de survie. Alors dans certains pays, c’est de 30 % à 40 %. Cette survie est liée au comportement du premier témoin”.
“Si une personne est inconsciente et ne respire plus, il faut pratiquer le massage cardiaque…”
S’il sait faire ces gestes-là, la victime peut s’en sortir : c’est le cas de 80 % des gens qui survivent. “Nous dispensons des formations citoyennes gratuites, d’une heure, pas prise de tête qui ne sont pas destinées aux professionnels de santé, bien sûr. Comme on vous a appris à laisser une place dans le bus à une grand-mère, nous on apprend aux jeunes et aux moins jeunes, que si une personne est inconsciente et ne respire plus, il faut pratiquer le massage cardiaque.”
L’association dispose d’un budget. “On court après les subventions… Nous avons des mécènes et quand on forme en entreprise, nous faisons payer les kits. Notre rêve c’est que chaque personne formée reparte avec son kit de formation qui s’appelle Menean. Mais cela a un coût et tout le monde ne peut pas partir avec ce kit élaboré par une société norvégienne. Quand c’est le cas, des études le prouvent, cela sert ensuite à former 2,5 personnes !”
Déficit de formation aux premiers secours en France
“En France, nous avons un vrai déficit de formation. Les jeunes sont peu sensibilisés. En revanche, quand on va vers eux, il y a toujours une grande attention de leur part, avec des questions nombreuses à la fin de la présentation. Nous avons aussi un partenariat avec une application qui s’appelle Staying Alive (Le Bon Samaritain) qui géolocalise les défribrillateurs et aussi utilise un système qui a fait ses preuves dans les pays anglo-saxons : les gens qui ont une attestation de formation aux gestes de premiers secours peuvent intervenir.” Il ajoute : “En France, c’est tabou de parler de la mort. Je l’ai constaté : des parents disent : “Vous allez leur faire peur! pourtant ce serait souhaitables de sensibiliser les enfants dès le primaire, qu’ils connaissent le numéro le 112…”
Propos recueillis par O.SC.
À lire également sur Dis-Leur !
Maroc : Des lycéens organisent un “marché solidaire” de vêtements, y compris de la série DNA
Cyberharcèlement : Avec “SafeBear”, une expérimentation dans 13 lycées d’Occitanie
Montpellier : Jules-Guesde, Tour de Babel où l’on apprend les langues pour “s’ouvrir au monde”