Cyberharcèlement : Avec “SafeBear”, une expérimentation dans 13 lycées d’Occitanie

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Principaux vecteurs du cyberharcèlement, les réseaux sociaux nécessitent une régulation pour en évincer les contenus malveillants et discriminants. L’application SafeBear permet de stocker ces derniers dans un espace dédié et d’alerter les parents en cas de messages problématiques. Ce coffre-fort constitue également des preuves matérielles en cas de poursuites judiciaires. L’application concerne aujourd’hui les réseaux sociaux X (ex-Twitter), TikTok, Snapchat et Instagram, et devrait se développer sur d’autres canaux, à l’instar des services de messagerie WhatsApp et Telegram.

En septembre 2023, une famille française a porté plainte contre Tiktok. Le géant du net étant accusé de “provoquer au suicide” via son algorithme. En 2021, en raison du harcèlement dont elle était victime dans son collège et en ligne, une adolescente s’est donné la mort. Depuis quelques années, le cyberharcèlement est un phénomène qui s’est fortement développé en France : 9 % des parents estimaient en 2018 avoir un enfant ou en connaître un ayant été victime de cyberharcèlement via SMS, mail ou sur les réseaux sociaux.

Plus de 8 parents sur 10 sont dépassés par l’usage d’internet et des réseaux

En 2021, déjà, une étude inédite menée pour la Caisse d’Epargne et l’Association e-Enfance/3018 soulignait que 20 % des jeunes déclarent avoir déjà été confrontés à une situation de cyber-harcèlement. Ces expériences sont rencontrées dans la majorité des cas par les jeunes filles (51 %), de 13 ans en moyenne. Assez logiquement, il s’agit d’enfants passant plus de temps sur Internet, qui sont plus équipés et plus souvent inscrits sur plusieurs réseaux sociaux ou sur les sites de jeux en réseau.”

La violence est désormais partout avec les réseaux sociaux et les téléphones portables ! Photo d’illustration by Freepik

Or, plus de 8 parents sur 10 (83 %) reconnaissent ne pas savoir exactement ce que leurs enfants font sur Internet ou sur les réseaux sociaux, et ils sont 78 % à déclarer ne pas avoir le contrôle total de ce que font leurs enfants sur les réseaux sociaux. D’où la nécessité de réponses simples…

Si le harcèlement scolaire est le plus souvent circonscrit à la cour de récréation, le cyberharcèlement vient s’insinuer dans les moindres méandres des messageries
mobiles, des réseaux sociaux et des jeux en ligne. Déclaré cause nationale par Gabriel Attal, alors Premier ministre, ce véritable fléau numérique qui tue est devenu en quelques années un problème de santé publique.

SafeBear, une appli contre les contenus haineux

La startup SafeBear a été créée en 2022. Ce n’est pas un numéro vert. C’est “une solution technologique qui entend bien siffler la fin de la récré.” Elle a pour ambition de “favoriser la liberté et la sérénité dans les échanges en ligne, assainir les espaces de dialogue et valoriser une liberté d’expression respectueuse des autres” en lisant “les messages reçus sur l’ensemble des comptes personnels et détecte automatiquement les messages toxiques.” Cette identification est opérée “grâce à une association entre
intelligence artificielle et contextualisation sémantique…”

L’équipe de SafeBear au grand complet. Une startup qui existe depuis 2022. Photo DR (SafeBear)

L’expérimentation est lancée dans 13 lycées d’Occitanie, un par département, sélectionnés en partenariat avec les rectorats. Les élèves volontaires ont désormais jusqu’à la mi-novembre pour s’inscrire sur la plateforme de SafeBear et recevront un code d’activation pour l’application au moment de son lancement effectif.

L’Occitanie assume la protection des adolescents

Pour la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga : “Les chiffres sont éloquents. Un jeune sur six en France est victime de cyberharcèlement et 24% des familles y sont confrontées. Face à ce fléau contemporain, et à ses répercussions souvent durables sur la santé mentale des jeunes, il est de notre responsabilité de protéger les élèves et d’accompagner les parents. En Occitanie, nous expérimentons donc pour la première fois dans 13 lycées l’application novatrice SafeBear, véritable pare-feu face aux contenus haineux en ligne. Nous démontrons ainsi qu’il est possible d’agir pour que rien n’entrave la réussite et l’épanouissement des lycéens.”

Carole Delga à l’écoute de la jeunesse… Photo d’archives Conseil Régional d’Occitanie

“Face à l’ampleur du cyberharcèlement, nous avons mis au point une solution technologique qui détecte les contenus toxiques, alerte les parents et facilite le dépôt d’une plainte auprès des autorités judiciaires grâce à des preuves certifiées et opposables. Sur la base du volontariat, les lycéens occitans pourront ainsi se doter de l’application et se protéger de la toxicité sur les réseaux sociaux. SafeBear s’inscrit dans une démarche continue pour assurer un environnement numérique plus sûr et plus inclusif”, précise Christian Guillon, co-fondateur de l’application SafeBear.

Philippe MOURET

Les 13 établissements concernés : Ariège (09) Ferrières-sur-Ariège Lycée Jean Durroux; Aude (11) Carcassonne Lycée Paul Sabatier; Aveyron (12) Rodez Lycée Ferdinand Foch; Gard (30) Nîmes Lycée Albert Camus; Gers (32) Auch Lycée Beaulieu Lavacant; Haute-Garonne (31) Toulouse Lycée Roland Garros; Hautes-Pyrénées (65) Vic-en-Bigorre Lycée Jean Monnet Hérault (34) Lattes Lycée Jean-François Champollion; Lot (46) Souillac Lycée Louis Vicat; Lozère (48) Mende Lycée Chaptal; Pyrénées-Orientales (66) Perpignan Lycée Aristide Maillol; Tarn (81) Albi Lycée Louis Rascol; Tarn-et-Garonne (82) Castelsarrasin Lycée Jean de Prades.

Un sujet toujours d’actu (hélas !)

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