Personnes âgées : L’Occitanie au défi du bien vieillir à domicile

Face à l’enjeu du vieillissement de la population en Occitanie et le taux d’occupation du parc public HLM par les personnes âgées (20 %), la Carsat sensibilise les organismes HLM de l’existence d’aides importantes pour la construction, la rénovation ou l’amélioration de logements. Dans le même temps, le programme de prévention de la dépendance et pour le bien vieillir à domicile Icope (Soins intégrés pour les personnes âgées) se déploie en Occitanie.

Electrochoc national, le scandale de la maltraitance des personnes âgées au sein de certains Ehpad – avec 8, 8 % des plus de 75 % qui y séjournent, la France est l’un des pays où la proportion de ses aînés y est la plus importante – n’y est pour rien, paraît-il. La campagne pour l’élection présidentielle, non plus, dit-on. En tout cas, ce hasard du calendrier est le bienvenu pour les personnes âgées. Mais, forcément, le contexte a mis un coup de pouce aux projets du bien vieillir à domicile.

+ 60 % de personnes âgées dépendantes en 2040

Toute l’Europe est confrontée au vieillissement de la population : la part des plus de 70 ans, selon l’ONU, passera de 13,4 % à plus de 20 % en 2045. En 2040, en Occitanie, il y aura + 60% de personnes âgées dépendantes (115 000 de plus) et deux fois plus de personnes âgées de 85 ans et plus. Et aussi : 472 000 séniors de plus d’ici 2040 de plus de 75 ans. Enfin, les plus de 75 % représenteront dans 20 ans 16 % de la population régionale. La population est vieillissante, comme Dis-Leur vous l’expliquait ici récemment. L’enjeu est majeur de les garder en bonne santé et le plus longtemps possible à leur domicile.

“Les retraités souhaitent rester vivre à leur domicile”

“Nous développons une politique d’action sociale avec une attention particulière envers les personnes âgées avec plusieurs dispositifs”, énonce Marie-Christine d’Avrincourt. La directrice de l’action sociale et des interventions sociales de la Carsat Languedoc-Roussillon ajoute que “l’on s’est aperçus il y a des années que les retraités souhaitent en majorité rester vivre à leur domicile. L’actualité montre justement les difficultés qu’ils peuvent éprouver dans des structures privées…”

Convention entre la Carsat et les organismes HLM

C’est dans ce contexte que la Carsat LR vient de signer une convention avec l’OMH, Occitanie Méditerranée Habitat qu réunit 28 organismes d’HLM (1). Cela peut paraître paradoxal mais les structures publiques connaissent moins bien les aides possibles que les privées. La Carsat a, par exemple, reçu 1 340 demandes pour des travaux d’amélioration des appartements des personnes âgées en 2021 dont seulement une centaine concernait le parc social. Et plus de 20 % des locataires du parc public ont plus de 60 ans. C’est donc un appel à un rééquilibrage en faveur du parc public où vivent les personnes âgées les plus fragiles.

“Que les structures publiques connaissent mieux nos dispositifs pour qu’elles y fassent davantage appel”

Marie-Christine d’Avrincourt confirme : “Nous voulons que les structures publiques connaissent mieux nos dispositifs pour qu’elles y fassent davantage appel. Nous avons plusieurs leviers. Nous pouvons donner des aides financières pour la construction d’habitats intermédiaires ; nous avons porté ainsi en 2021 trois projets d’investissement pour 2 M€ au total (prêts à taux zéro ou subvention). C’est pour des logements adaptés aux séniors pour qu’ils puissent y vivre le plus longtemps possible : des salles de bains adaptées, sans baignoire. On évite les marches ; ces appartements-là sont situés en rez-de-chaussée… On essaie de mettre en place des salles collectives pour des actions collectives de prévention (ateliers mémoire, sur la nutrition, sur l’inclusion numérique, etc.)”

Rénovation et aménagement de logements

La Carsat participe aussi au financement de la rénovation de logements occupés par des personnes âgées : 3 M€ pour soutenir près de 30 projets (remplacements de volets roulants, intégration de la domotique…) Elle dispose aussi d’une aide habitat/cadre de vie de 2,9 M€. L’enveloppe se répartit en aides individuelles, par appartement – les locataires doivent passer par leur organisme HLM qui fera le diagnostic du logement – , de 3 500 € maximum chacune. Pour installer des rampes, des barres d’appui dans les sanitaires, la transformation d’une baignoire en douche, un monte-escalier… Le but est, là, d’éviter la chute qui engendre hospitalisations et perte d’autonomie.

“Les besoins sont incommensurables”

Président de l’OMH, Occitanie Méditerranée Habitat (1), Michel Calvo, par ailleurs adjoint à Montpellier, ajoute que “les besoins pour les personnes âgées sont incommensurables. Un logement sur cinq dans le parc HLM, qui en comprend 230 000, est occupé par des locataires de plus de 60 ans”. C’est aussi pour mieux répondre à ces enjeux que le processus de fusion des USH de la région Occitanie a été lancée. Michel Calvo précise : “Les Carsat au niveau national – celle du Languedoc-Roussillon distribue 5 milliards d’euros de retraites par an – ont aussi une enveloppe pour mener à bien des projets d’habitats innovants : des foyers ; des maisons partagées pour femmes seules avec enfants ; des habitats “collectifs” pour personnes âgées avec des salles de réunion, etc. De quoi encourager la vie sociale des habitants et des personnes âgées.”

Un programme de prévention de la dépendance

Plus largement, un programme de prévention de la dépendance Icope (Soins intégrés pour les personnes âgées) se déploie en Occitanie parce que “la prévention de la dépendance des personnes âgées est un défi majeur pour notre société et une priorité pour l’Agence régionale de santé en Occitanie (ARS)”. C’est un programme développé par l’OMS en vue de retarder la dépendance en repérant précocement les facteurs de fragilité chez les séniors. Le gérontopôle du CHU de Toulouse y participe. Et le programme va être étendu à toute notre région.

Pour plus d’autonomie et de maintien à domicile

Il s’adresse aux plus de 60 ans, autonomes et vivant à domicile, en particulier les plus vulnérables d’entre-eux. À partir de tests simples et ludiques une évaluation des six fonctions essentielles (locomotion, état nutritionnel, santé mentale, cognition, audition et vision) est réalisée en auto-évaluation ou par un professionnel (Infirmier, kiné, travailleur social…) avec l’appui d’outils numériques. Si une fragilité est repérée, une évaluation approfondie est réalisée et un suivi personnalisé est mis en place. L’accompagnement proposé permet à la personne de s’impliquer activement dans le renforcement ou la préservation de ses capacités.

Trois porteurs de projets en Occitanie

Conformément à la stratégie globale Vieillir en bonne santé, la volonté d’agir en faveur des personnes âgées, s’est traduit en juin 2020 avec le lancement conjoint du ministère des Solidarités et de la Santé et de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), d’une expérimentation nationale de repérage des fragilités des personnes âgées vivant à domicile via la démarche Icope de l’OMS pour adapter le programme au contexte français, tester les organisations innovantes possibles et définir un modèle de financement.

Toulouse, Ariège, Gers

L’objectif national est de permettre à de bénéficier de ce programme. Sur les neuf porteurs de projet retenus au niveau national, trois concernent l’Occitanie : le gérontopôle de Toulouse donc qui interviendra sur les départements de l’Ariège ; de la Haute-Garonne et du Gers. Il y a aussi Filièris qui pour les bassins alésien (Gard) et du carmausin dans le Tarn. Enfin, le Dispositif d’appui à la coordination interviendra, lui, sur le territoire du Lot (46).

Selon l’ARS, “la population du régime agricole est tout particulièrement concernée par les difficultés liées à l’âge et les actions qui visent à préserver l’autonomie des personnes âgées. Avec le programme ICOPE, le dépistage et le suivi de la fragilité des seniors vont se déployer en contribuant au maillage territorial, à la coordination des professionnels et à l’amélioration de l’offre d’accompagnement en santé”.

À Toulouse, expérimentation auprès de 1 150 assurés

Les Carsat Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon accompagnent 1 213 577 retraités en Occitanie. Avec ce nouveau programme Icope, leurs actions en seront plus performantes. L’Assurance maladie accompagne aussi le projet qui a envoyé des courriers d’information à tous les professionnels de santé concernés (médecins, infirmières et pharmaciens). La CPAM de la Haute-Garonne s’est également associée
à une expérimentation locale menée auprès de 1 150 assurés de plus de 65 ans résidant dans deux quartiers de la ville de Toulouse.

Olivier SCHLAMA

  • (1) Occitanie Méditerranée Habitat représente les 28 organismes HLM de la partie Est de l’Occitanie (Aude, Gard, Hérault, Lozère, Pyrénées-Orientales), toutes familles confondues. Elle joue à la fois un rôle d’animation et de représentation au niveau local, départemental et régional, et un rôle d’interface avec l’Union Sociale pour l’Habitat. Sa mission est de soutenir les organismes HLM dans la réalisation de leurs opérations et de leurs objectifs professionnels et défendre leurs intérêts auprès de l’ensemble des acteurs de l’habitat et décideurs, à partir d’orientations partagées.
  • Quelques chiffres-clés pour le Languedoc-Roussillon : 149 560 logements locatifs sociaux (source RPLS) gérés par 2 200 salariés ; 338 000 personnes logées ; 58 000 demandes de logement en attente hors mutation, malgré un rythme de production neuve de 5 à 6 000 logements/an ; les 28 bailleurs sociaux, acteurs économiques incontournables, génèrent un chiffre d’affaires d’1,5 milliard d’euros par an.

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