Lancée il y a à peine une semaine par la Tour du Valat, un institut de recherche basé à Arles, l’opération rencontre déjà un vif succès. Elle vise à récolter des fonds pour mieux étudier ces oiseaux emblématiques de Camargue dont les habitats sont menacés.
Ils s’appellent Popit (un mâle) ou Pat (une femelle), Marius, c’est un grand-père ; il y a encore Jasmine ou Fanny, etc. Ils ont parfois plus de quarante ans et se reproduisent encore ! Eh bien, vous pouvez en adopter un. Les flamants roses sont des oiseaux élégants à longues pattes, à long cou et à longue vie qui magnifient la nature. Regardez la perfection de leurs atterrissages : sans un battement d’aile, comme une plume, en douceur… Dans l’inconscient collectif, cet animal iconique se situe au même niveau de symbole que le taureau ou le cheval.
Tout se passe sur le site monflamant.com
Depuis une semaine, le réputé institut de recherche de la Tour du Valat, basé à Sambuc, à Arles (Bouches-du-Rhône), a lancé une initiative unique en son genre. “Nous avons créé un site internet monflamant.com, grâce auquel tout citoyen peut en quelques sorte adopter un flamant rose”, confie Jean Jalbert qui dirige cet institut. Attention, pas question de repartir avec un se ces grands oiseaux sous le bras. Il s’agit d’un parrainage qui consiste à verser une somme (plusieurs niveaux sont proposés entre 25 € et 100 € suivant plusieurs offres).
Le parrain d’un flamant rose est un vrai parrain : il reçoit régulièrement des informations de son animal “filleul”, une carte régulière, etc. La période de Noël, c’est l’occasion forte de se faire plaisir et de contribuer à sauver l’un des joyaux de nos lagunes et de nos zones humides”
L’argent servira à des programmes de recherche qui ont du sens. Un peu comme les programmes existants qui visent à aider à sauver tigre ou panda, par exemple, notamment ceux du WWF. “La différence c’est que le parrain de l’un de nos flamants roses est un vrai parrain : il reçoit régulièrement des informations de son animal “filleul”, une carte régulière, etc. Et la période de Noël, c’est l’occasion forte de se faire plaisir et au-delà de contribuer à sauver l’un des joyaux de nos lagunes et de nos zones humides”, ajoute Jean Jalbert.
On compte, peu ou prou, quelque 50 000 flamants roses en Camargue. Depuis sa création, la Tour du Valat mène un programme d’études sur les flamants. En 1977, l’institut met en place un programme de recherche et de baguage des flamants roses pour percer les secrets d’un animal intelligent et énigmatique. “La population est d’environ 50 000 en été mais la moitié part en hiver. Elle part où ? C’est la grande question à laquelle commencent à répondre nos scientifiques et notre réseau d’observateurs présents autour de la Méditerranée.”
Ils migrent l’hiver jusqu’en Afrique du Sud !
Le baguage des flamants roses avec un code numérique unique pour chaque oiseau permet de retracer une grande partie de leur vie, y compris l’hiver. Et de leurs choix. “Ils n’ont pas tous le même comportement. Certains préfèrent rester en Camargue, espérant que l’hiver ne sera pas trop rude et passent d’ailleurs toute leur vie dans le Sud de la France. D’autres font le pari inverse : ils traversent la Méditerranée pour émigrer dans des pays du Maghreb – on sait qu’il peut aller jusqu’en Afrique du Sud et en Inde ! – avant de revenir nicher en Camargue en imaginant que cette stratégie est la plus efficace même si elle est extraordinairement coûteuse en énergie ; d’autres encore se mettent à préempter d’autres sites de reproduction ; d’autres encore ont un comportement erratique…”
Il a besoin de grands espaces ouverts comme nos lagunes et aussi d’un substrat meuble pour y créer son nid au sol et y déposer le moment venu son oeuf unique au coeur d’une petite dépression…”
En tout état de cause, le flamant rose a besoin de conditions très particulières et exigeantes pour se reproduire : “Il a besoin de grands espaces ouverts comme nos lagunes et aussi d’un substrat meuble pour y créer son nid au sol et y déposer le moment venu son oeuf unique au coeur d’une petite dépression…” Le tout, doit être évidemment hors de portée des prédateurs, chiens errants et autres sanglier ou renards… Donc si possible au milieu de l’eau, de beaucoup d’eau, pour rendre le nid inaccessible. Or, ces habitats sont de plus en plus menacés par… l’homme.
Déjà 500 parrainages
“On parle souvent des forêt en disant qu’elles sont menacées, c’est vrai et il faut les défendre. Mais sait-on que les zones humides disparaissent trois fois plus vite que les forêts ? Nous constatons depuis les années 1970 que nous avons perdu dans le Sud de la France la moitié de ces zones humides…!” La faute à la démographie galopante qui repousse, par ses construction et l’urbanisation qu’elle nécessite, les terres agricoles encore plus loin… “Nous espérons, après avoir sauvé les flamants roses dans les années 1960 que l’on pourra en 2020 sauver les milieux où ils vivent. Nous oeuvrons pour réconcilier l’homme et la nature…”
Ce programme rencontre déjà du succès : “Une semaine après le lancement de l’opération nous en sommes à 500 parrainages”, confie encore Jean Jalbert.
Olivier SCHLAMA
- En vidéo
- Pour en savoir plus sur l’origine du programme de recherche et baguage des flamants roses à la Tour du Valat : Success story des flamants.
- Pour plus d’informations sur le projet de suivi de la dynamique des populations des flamants roses : description du projet sur le site de la Tour du Valat.
- Pour en savoir plus sur le flamant rose : A propos du flamant rose.
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