Méditerranée : Un projet de 40 éoliennes au large du Golfe du Lion !

L’Etat met les gaz avec deux parcs de 20 machines prévus entre la frontière espagnole et Fos-sur-Mer, au large des Pyrénées-Orientales, Aude, Hérault, Gard et des Bouches-du-Rhône. La concertation est lancée ! C’est une première en France.

Des moulins à vent vont fleurir à l’horizon ! De quoi alimenter les communes littorales en électricité tout au long de l’année : l’Etat français prévoit la construction de 40 éoliennes flottantes au large des côtes languedociennes d’ici 2024, divisées en deux parcs de 20 machines qui produiraient au total 1,5 gigawatt d’électricité. Le projet de construction serait ensuite confié, à la suite d’un appel d’offres à des constructeurs spécialisés. Le coût total se situe à plusieurs milliards d’euros. Comme la loi l’y oblige, c’est une instance indépendante, la Commission nationale du débat public, qui doit mener une très large concertation. Ce serait une première en France qui a pris beaucoup de retard dans le secteur des énergies renouvelables. “Savez-vous combien il y a d’éoliennes flottantes en France ? Il n’y a qu’une… seule à Saint-Nazaire et expérimentale…”, dit un spécialiste du secteur.

Un questionnaire sur le net pour tous

Dans le cadre de la préparation de ce débat public, un questionnaire est diffusé par la commission particulière du débat. Qui a aussi spécialement ouvert un site internet. Il s’adresse, largement, à toute personne souhaitant s’exprimer dans le cadre du débat public : il vise à mieux cerner les attentes des citoyens et les enjeux du débat à venir. Cinq départements sont concernés par les projets d’éoliennes au large de leurs côtes, entre la frontière espagnole et Fos-sur-Mer : les Pyrénées-Orientales, l’Aude, l’Hérault, le Gard et les Bouches-du-Rhône. “Les pêcheurs et les autres professionnels de la mer auront leur mot à dire”, croit savoir un industriel. “Ce débat permettra, justement, d’établir le cahier des charges de ces machines.”

Deux parcs de 250 mégawatts chacun d’ici trois ans

Cette commission n’est pas là pour dire qu’il faut les faire. Mais juste conduire le débat. Lancé par cette commission indépendante et neutre, ce débat public en Méditerranée porte donc sur deux projets éoliens en mer flottants de 250 mégawatt chacun, à attribuer en 2022 ; “leurs extensions d’environ 500 mégawatt chacune, à attribuer à partir de 2024 et le raccordement mutualisé de chacun des premiers parcs et de leurs extensions”.

“La France a pris du retard. Plusieurs autres pays comme la Hollande, la Belgique ou l’Allemagne ont déjà leurs parcs qui fonctionnent bien”

Ces projets sont issus de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) 2018-2023. Le projet qui est soumis au débat public consiste en la réalisation, pour une durée de 25 ans à 30 ans, de deux parcs éoliens flottants commerciaux de 250 mégawatts chacun et de leurs extensions, de 500 mégawatts chacune : les premiers parcs comporteraient chacun une vingtaine d’éoliennes flottantes, leurs systèmes d’ancrage, un poste électrique en mer et le raccordement au réseau ; leur extension représenterait une quarantaine d’éoliennes supplémentaires. Les raccordements de chaque premier parc ont vocation à être mutualisés avec leur extension éventuelle afin de limiter leurs impacts environnementaux et leurs coûts.

“Même si l’éolien flottant est plus cher que d’autres modes de production, c’est une énergie subventionnée et d’avenir”, avance un habitué du secteur. “La France a pris du retard. Plusieurs autres pays européens comme la Hollande, la Belgique ou l’Allemagne ont déjà leurs parcs qui fonctionnent bien. Et les progrès vont vite en la matière. C’est aussi intéressant également parce que cela permet la mise en place d’une filière spécialisée, y compris pour l’entretien des machines.”

Quels sont les sujets prioritaires pour le citoyen ? Comment veut-il participer au débat ? De quelle information souhaite-t-il disposer ?”

Dans un communiqué, Sylvie Denis-Dintilhac, présidente de la commission particulière du débat public EOS, déclare : “La Commission particulière du débat public (CPDP) EOS EOliennes flottanteS ouvre aujourd’hui une phase de dialogue avec le public concerné par le projet de parcs éoliens flottants en mer Méditerranée. Avant le lancement officiel du débat, les membres de la CPDP vont à la rencontre des acteurs pour affiner leur perception du contexte territorial. Le questionnaire mis en ligne permet à tout citoyen de s’exprimer : quels sont les sujets prioritaires pour lui ? Quelle place accorde-t-il aux sujets visés par le débat ? Comment veut-il participer au débat ? De quelle information souhaite-t-il disposer ? Notre ambition est d’organiser un débat public au plus près du public, de ses préoccupations et du territoire où les parcs éoliens flottants pourraient être implantés.”

La Région Occitanie veut créer une filière

Quelque 8 000 tonnes et 176 mètres de haut pour chaque éolienne. A l’image de la démesure physique, ce projet pharaonique n’est pas roupie de sansonnet : “Le coût estimé de ce projet pilote est de l’ordre de 212 millions d’euros, confie Olivier Guiraud, dont 38 % d’aide publique dans le cadre du programme d’investissement d’avenir du gouvernement, auquel participe l’Ademe.” Photomontage : Quadran.

Parallèlement, la région Occitanie lance depuis 2019 un chantier pharaonique à Port-la-Nouvelle (Aude) pour tenter de créer une filière dédiée à l’éolien flottant en mer, comme Dis-Leur vous l’a expliqué. Déjà deux fermes pilotes sont en cours, les enquêtes publiques ont débuté. De quoi aider grandement à la négociation avec l’État pour obtenir des autorisations et des appels d’offres plus importants. De retour de reportage, Dis-Leur avait fait le point.

Actuellement, seules deux fermes pilotes avec un total de huit éoliennes flottantes (et non posées car le plateau continental plonge trop brusquement) de 48 mégawatts sont lancées par Quadran et Engie. Cela représente la consommation annuelle d’électricité d’une ville comme Perpignan”, traduisait une source proche du dossier. “Avec ce qu’espère la Région Occitanie, l’éolien pourrait couvrir les besoins de 1,5 million d’habitants, soit 20 % de sa population.” Ces fermes pilotes génèreraient quelques centaines d’emplois. Mais lanceraient une vraie dynamique économique et amorceraient un vrai virage dans l’industrie écologique.

Chacune de ces machines, dans ce cas précis, pèsera quelque 8 000 tonnes et mesurera 176 mètres de haut. Elles flotteront à 18 kilomètres de la côte. A l’image de la démesure physique, ce projet pharaonique n’est pas roupie de sansonnet : “Le coût estimé de ce projet pilote est de l’ordre de 212 millions d’euros, confiait ainsi Olivier Guiraud, dont 38 % d’aide publique dans le cadre du programme d’investissement d’avenir du gouvernement, auquel participe l’Ademe.”

Olivier SCHLAMA

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