Pompier à Béziers, Benoît Schumann, a fondé une association de défense de l’environnement dont la marque de fabrique est d’y associer tous les acteurs concernés. Elle participe aux “budgets participatifs” avec le projet de nettoyer le port de Sète.
Un nom anglais mais des adhérents bien ancrés dans leurs territoires littoraux avec une conscience écolo chevillée au corps. Benoît Schumann, 31 ans, est pompier professionnel en poste à Béziers. “Il y a cinq ans, en juin 2015, j’ai fondé une association, Project Rescue Ocean, explique-t-il. J’étais avec des potes au Grau d’Agde. Il venait d’y avoir un coup de mer. Plein de déchets avaient été charriés. J’ai eu le déclic. Le nom de ce qui ne devait être qu’une page Facebook, m’est venu d’un coup. On a voulu changer par la suite mais on s’est rendu compte que c’était notre touche…”
Les associations traditionnelles sont contre tel ou tel… Nous, nous cherchons à nous associer avec les différents acteurs d’une problématique”
Benoît Schumann, fondateur de Project Rescue Ocean
L’association a embarqué dans son sillage pas moins de 500 adhérents et enfanté 12 antennes, y compris à l’international, “du pompier à la psychologue en passant par des ouvriers… Toutes les professions y sont représentées. Notre force et notre singularité, c’est de ne pas faire comme les traditionnelles associations de défense de l’environnement qui sont contre tel ou tel soit-disant pollueur. Nous, nous cherchons à nous associer avec les différents acteurs d’une problématique”. C’est ainsi qu’est née l’idée d’opérations consistant à débarrasser les eaux des ports des encombrants qui n’auraient jamais dû s’y trouver… Canettes, bouteilles, mobiliers urbains (barrières de sécurité notamment), vélos, motos, trottinettes et même des voitures !
En une heure ont été remontés une tonne de déchets de tous ordres, dont 18 barrières, du Vieux port de Marseille !
Aidés par des pêcheurs qui lui ont prêté leur bateau et leur logistique, notamment des grues, filets, etc., trois plongeurs de Project Rescue Ocean ont ainsi pu remonter en octobre 2019 en seulement une heure à la surface une tonne de déchets de tous ordres, dont 18 barrières, du Vieux port de Marseille !” Incivisme, arnaque à l’assurance, je-m’en-foutisme… Lui parle de “malveillance”. Les mauvaises raisons sont légion. Entre deux opérations habituelles de nettoyage de plage (le 27 août à Sète, entre autres) ; d’épis rocheux, etc.
Budgets participatifs Mer & Littoral : 97 dossiers
L’association, qui dispose d’un budget de 100 000 €, porte un projet tout aussi ambitieux en 2021 : le nettoyage de la zone portuaire de Sète qui aura donc auparavant bénéficié de celui de son Canal Royal cet été. L’opération s’appelle Ports propres et nécessite un budget d’au moins 50 000 €, c’est la somme que Project Rescue Ocean a demandée à la Région Occitanie dans le cadre de ses projets participatifs, notamment le bien nommé Mer & Littoral. Il fait partie des 97 dossiers déjà déposés : un incroyable engouement !
“J’ai commencé par filmer mes plongées…”
Le fondateur précise sur son site : “J’ai commencé par filmer mes plongées et les déchets que je ramassais avec une petite caméra embarquée. Sans prévenir qui que ce soit, je les ai publiées sur une page Facebook. Des centaines de personnes ont suivi mes vidéos et publications. Je ne m’attendais pas du tout à un tel engouement. J’ai alors concrétisé tout ce travail en créant une véritable association, tout en conservant le nom initial…”
Nous ajoutons des moyens de sensibilisation : par exemple monter un écran géant sur les quais de Sète pour que les gens se rendent compte en temps réel de ce que l’on sort de l’eau”
Avec 40 opérations et plus de 50 tonnes de déchets ramassés, 2 000 enfants sensibilisés, l’association, qui cherche à devenir fondation, trouve un large écho dans la société. Il lui faudra toutefois réunir pas mal de votes pour être retenue et bénéficier de tout-ou-partie de ces 50 000 € qui serviront notamment à louer un bateau et payer toute la lourde logistique de ce nettoyage.
“Nous en avons ras-le-bol d’un littoral et d’une mer pollués. Par la même occasion notre façon d’appréhender les choses : en impliquant les différents acteurs, nous avons dépoussiéré et modernisé la façon de s’engager pour la défense de l’environnement. C’est notre marque de fabrique. Toutes les autres associations sont contre la pêche, contre quelque chose… Nous on implique… Et puis nous y ajoutons des moyens de sensibilisation : par exemple monter un écran géant sur les quais de Sète pour que les gens se rendent compte en temps réel de ce que l’on sort de l’eau”, précise Benoît Schumann qui espère monter également des opérations de nettoyage à Port-la-Nouvelle, Marseillan-plage.
Olivier SCHLAMA
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