Animal mythique mais aussi souvent diabolisé, l’ours représente “la part d’animalité dans laquelle l’Homme se reconnaît, mais qu’il cherche à exorciser.” Qu’il soit vénéré ou craint, il est l’objet de nombreux fantasmes. Pour ne rien ignorer des “mythes et réalités” autour de l’ours le Museum de Toulouse a conçu une exposition itinérante à ne pas manquer. Mais si vous préférez “le terrain”, alors direction Arbas (Haute-Garonne) où l’association Pays de l’Ours – Adet vous propose de le suivre à la trace…
Une partie de l’exposition (*) est consacrée à l’histoire de l’ours et à celle qu’il a toujours entretenue avec l’Homme. Entre crainte et admiration, ce prédateur a, en effet, toujours suscité une sorte de rivalité pour l’Homme, c’est pourquoi celui-ci a toujours essayé de le dompter, de le dominer et le maîtriser. C’est certainement une des raisons pour laquelle la cohabitation entre l’Homme et l’ours n’a jamais été simple. La thématique questionne donc sur les enjeux et les problématiques de ce “vivre ensemble.”
Se “glisser dans la peau de l’ours…”
Si l’exposition met en exergue cette perception complexe qu’entretient l’homme face à l’ours et invite le visiteur à s’interroger sur cette relation passionnelle, elle offre également plusieurs autres thématiques -culture, nature et sociétés-, permettant d’établir un état des lieux sur notre perception de l’ours au travers des mythes qu’il engendre et de rappeler la réalité scientifique qui s’impose de manière objective, ni triste ni joyeuse, mais juste.
Le visiteur est confronté au travail des chercheurs scientifiques, il peut se glisser dans la peau de l’ours, découvrir son mode de vie et son alimentation, et même pénétrer dans sa tanière. Une “exposition à vivre”, grâce notamment à de nombreux dispositifs pédagogiques et manip qui permettent aux familles de nombreuses interactions.
Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication (direction générale des patrimoines – service des musées de France) et bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’État. Actuellement présentée au Museum Henri-Lecoq de Clermont-Ferrand. En mars 2025, l’événement se déplacera au Musée du Gévaudan, à Mende en Lozère.
Sur les traces de la bête, au Pays de l’Ours
Cet été, l’association Pays de l’Ours – Adet proposait plus de 60 “sorties ours”, soit plus du double de l’année dernière, dont une nouvelle dans la Vallée de l’Arbas.
De la balade familiale à la randonnée à la journée. Toutes ces sorties sont encadrées par un(e) animateur(trice) spécialisé(e) ou par un accompagnateur en montagne, membre du Réseau Ours Brun.
Et il reste encore des places pour le mois d’août ! Pour réserver c’est ici : https://paysdelours.com/fr/services/balades-familiales-gratuites-la-vallee-des-ours/?utm_source=brevo&utm_campaign=animation-t&utm_medium=email
Pays de l’Ours – Adet est une association pyrénéenne, créée en 1991 pour initier et promouvoir le retour de l’ours dans les Pyrénées. Elle définit ainsi ses missions :“La préservation et la valorisation du patrimoine naturel et culturel du territoire Pays de l’Ours ainsi que l’éducation de tous à l’environnement.”
La découverte de l’ours des Pyrénées dans le cadre qu’elle organise garantit donc une démarche de qualité et de respect de l’environnement. Le choix est vaste : balade familiale gratuite “La vallée des ours” (accessible à partir de 3 ans); demi-journée “à la découverte de l’ours” à Luchon (être âgé de 7 ans minimum, tarif de 15 à 25€); ou journée-rando en montagne “sur les traces de l’ours” avec un accompagnateur en montagne membre du Réseau Ours Brun, sur le seul itinéraire de suivi accessible au public (être agé de 12 ans au moins, tarif à consulter sur le site).
Une superbe série sur les Pyrénées sur Arte.tv
Enfin, pour être tout à fait complets, après une diffusion en décembre 2022 sur la chaine tv ARTE, Arte.tv rediffuse sur sa plateforme en ligne les trois épisodes de 52 minutes de sa magnifique série documentaire “Les Pyrénées secrètes” (épisode 2 : L’ours brun, roi des forêts ancestrales) jusqu’au 2 septembre 2024.
“Pour lever le voile de la vie sauvage, il faut d’abord s’inviter, sur la pointe des pieds, dans les replis de territoires laissés à la nature. Puis, observer et écouter discrètement, tenter de lire et comprendre traces et habitudes des habitants des lieux. Enfin, rester humble et patient pour avoir le privilège d’observer une parcelle d’intimité… “ Qui pourrait mieux dire ?
.(Lire aussi “La dernière reine”, une bande dessinée de Jean-Marc Rochette parue en 2022 aux éd. Casterman, raconte une tragique histoire d’amour entre une “gueule cassée” de la Première Guerre mondiale, amoureux de la nature, des Alpes, de la forêt, des ours, et la jeune sculptrice qui lui a refait un visage. C’est aussi le destin du dernier ours sauvage dans le Vercors…)
Philippe MOURET
(*) Ours – Mythes & Réalités : Bienvenue dans le monde de l’ours. Plongez dans les contes, légendes et perceptions façonnées au fil des siècles : https://museum.toulouse-metropole.fr/exposition-iti/exposition-itinerante-ours-mythes-et-realites/
Cette difficile cohabitation :
Le 20 mai 2024, un ours a détruit 2 ruches à Auzat, en Ariège. Il est revenu le lendemain en journée, attiré par la ruche restante, et en présence des agents de l’OFB venus réaliser le constat de dommage. La présence humaine à quelques dizaines de mètres n’ayant pas suffi pour l’éloigner, il aura fallu le bruit produit par une pierre jetée sur une tôle pour le faire fuir.
Autant la prédation de ruches non protégées par une clôture électrique est un comportement normal pour un ours, autant son approche à courte distance des personnes présentes, et en plein jour, peut questionner.
Cet ours a pu être identifié : il est référencé par l’OFB comme M129, un jeune mâle subadulte de 2 ans et demi. Il s’agit de l’ours identifié à plusieurs reprises au col routier du Port de la Bonaigua en Espagne, en juin 2023, et qui tardait également à prendre la fuite en cas de présence humaine. En conséquence les autorités catalanes avaient pris des mesures de conditionnement aversif, c’est-à-dire des tirs d’effarouchement, afin de lui faire associer la présence de l’homme à une expérience désagréable. M129 n’a plus été revu sur cette route par la suite.
“Suite à ces deux épisodes, le comportement de M129 peut être qualifié de familier : il s’agit d’un jeune ours, équivalent de nos adolescents, qui n’a malheureusement pas acquis une attitude adéquate en cas de présence humaine.
Ce comportement est peu accentué : seulement deux épisodes en un an, la fuite existe bien, même si elle se produit à trop courte distance, et pas d’attitude agressive relevée. Ce caractère peut être amené à disparaître, mais aussi à s’accentuer. Il faut éviter cette dernière possibilité, autant pour la sécurité des personnes, que pour la sécurité de cet ours (possibilité de collision avec un véhicule, de destruction illégale…).
Pour ces raisons, le préfet de l’Ariège a déclenché le protocole “ours à problèmes” pour autoriser des mesures de conditionnement aversif en cas de nouvelle attitude familière. Nous acceptons ces mesures, en l’état conformes à ce protocole que nous avons approuvé par ailleurs. Cependant nous suivrons cette affaire avec vigilance, afin que les conditions de réalisation du protocole soient respectées et proportionnées, et soient notamment basées sur des critères éthologiques et techniques, et non sur des motivations politiques”, soulignait alors la Coordination associative Cap Ours.
Parlons ours :
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