À Montpellier, la coopérative Sentinelles de rivières, lauréate en 2021 des budgets participatifs de la Région Occitanie, embauche des personnes éloignées de l’emploi pour effectuer, en canoë-kayak, le ramassage des déchets dans les cours d’eau et entretenir les berges. Un exemple pérenne et “duplicable dans autres collectivités”, explique Marie-Hélène Cocq, fondatrice.
Marie-Hélène Cocq ne veut surtout pas que ses propos apparaissent comme “moralisateurs“. Elle dit simplement que l’idée qu’elle a concrétisée – enlever des brouettes de déchets dans les rivières montpelliéraines – en créant des emplois porte une notion “d’éthique” – “il faut se lever le matin”, “se former”, “accomplir une tâche utile” – est “duplicable” à l’envi auprès d’autres collectivités pour peu qu’elles le veuillent. Un service public externalisé en quelque sorte.
50 000 € de la région Occitanie
Celle de Montpellier l’a bien compris auprès de laquelle la coopérative Sentinelles de Rivières qu’elle préside bénévolement a remporté des appels d’offres pour le nettoyage des berges. C’est grâce aux budgets participatifs de la Région Occitanie dont elle fut lauréate en 2021 quand elle n’était qu’association et qui lui a octroyé 50 000 € comme ceux du département de l’Hérault (40 000 €), qu’elle a pu concrétiser cette idée-force en achetant tout le matériel nécessaire, des canoës en passant par deux remorques, des débroussailleuses, camion…
Réhabiliter la forêt riveraine
Le Lez, le Verdanson comme la Mosson sont désormais davantage propres. Mieux, Sentinelles de Rivières participe désormais à la renaturation des berges que Géco Ingénierie – partie prenante de la scop, expert dans ce domaine – lui sous-traite en quelque sorte. S’attacher à réhabiliter la ripisylve, cette forêt riveraine qui réunit toutes sortes de formations boisées. “On débroussaille, on met du chanvre, on refait des plantations pour maintenir les berges qui s’érodent…”
Adhérente d’un club de kayak près de l’Hôtel de Région
Avant la retraite, Marie-Hélène Cocq était directrice de ressources humaines d’une ex-start-up, Aquafadas, à Montpellier. À ses heures de loisir, elle pratiquait le canoë-kayak “dans un club juste en amont de l’Hôtel de Région, où, déjà, on ramenait plein de déchets à chaque sortie”. Surtout qu’il y a un gros barrage devant l’institution. À chaque coup de pagaie, se sont canettes, bouteilles plastique, emballages qui s’y accumulaient… En 2009, cette collecte s’effectuait avec “mes amis kayakistes”, au fil de l’eau “de manière amateure. Ponctuellement.”
Embauche de personnes très éloignées de l’emploi
“Fin 2019, à la retraite, j’ai eu le temps de monter le projet, bien aidée par l’Union régionale des Scops.” La jeune pousse, agréée entreprise d’insertion, qui a pu répondre à des appels d’offres publics de la Métropole de Montpellier, commence son activité en juillet 2021. De quoi embaucher également des personnes très éloignées de l’emploi – trois avec des contrats d’un an – qui ont connu des “parcours cahotiques” pour qu’elles trouvent le chemin de la réinsertion. En plus d’avoir été lauréate des budgets participatifs de la Région Occitanie, Sentinelles de Rivières obtient un prêt à taux zéro de France Active. “Nous avons aussi embauché un cadre technique. Et on est en train de former un directeur.”
“Avant, je donnais des coups de poing en soirée et maintenant je travaille !”
La Dreets (Direction régionale de l’économie, l’emploi, travail et des solidarités) leur octroie 10 000 € d’aide au démarrage. La coopérative montpelliéraine encadre aussi, parfois, des Tigistes, personnes condamnées par la justice à des travaux d’intérêt général. “On en a eu un qui est resté un an et quatre mois. Depuis, il a suivi une formation d’électricien-chauffagiste. Et maintenant il est salarié. Je suis ravie, précise Marie-Hélène Cocq. “Avant, nous avait-il dit, je donnais des coups de poing en soirée et maintenant je travaille !” Elle ajoute : “Nous avions aussi un réfugié sénégalais qui travaille désormais dans un restaurant, ce qu’il recherchait ; on a fait entrer un réfugié Afghan à sa place et on a un demandeur d’asile Vénézuélien et un senior avec un parcours de vie difficile et qui vient d’obtenir un prêt pour une voiture et il va pouvoir chercher un emploi pas seulement sur Montpellier.”
Trois remorques de dix mètres cubes par semaine
Le bilan est impressionnant. “Chaque semaine, ce sont environ trois remorques de dix mètres cubes que nous retirons du Lez, de la Mosson ou du Rieutort, un affluent que nous libérons d’embâcles également.” Sentinelles de Rivières débroussaille aussi deux petits parcs. Mais pas question de grossir : “Nous voulons rester une entreprise citoyenne à taille humaine.”
Des emplois non délocalisables qui font du bien à l’environnement et qui ne concurrencent pas les entreprises classiques de nettoyage. La jeune Scoop s’est spécialisée dans un travail méticuleux, au ras de l’eau en s’attachant à ramasser toutes sortes de plastiques, même les billes de polystyrène, par exemple, et “le moindre petit morceau de cellophane qui entoure les paquets de cigarettes”. Ce que ne font pas les autres prestataires davantage pressés par la rentabilité.
Olivier SCHLAMA
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