Entreprises : Postes à responsabilités, mais “où sont les femmes !?”

L'image de la femme d'affaires fait-elle peur aux hommes ? En tout cas, l'Insee constate que les femmes restent peu nombreuses aux postes à respônsabilité. Photo DR

En Occitanie, dans le secteur privé, les femmes ne représentaient en 2019 que 39 % des chefs d’entreprise (dirigeants salariés et non-salariés). Aux niveaux hiérarchiques juste inférieurs (directeurs et cadres), la place des femmes est encore moindre (23 %). Et dans le secteur public, où elles sont pourtant majoritaires, la parité n’est pas non plus atteinte dans le haut de la hiérarchie, puisque 41 % des emplois de direction sont occupés par une femme…

Pas de quoi rougir plus qu’ailleurs, puisque ces résultats sont similaires à ceux de la France (hors Ile-de-France). Mais pas de quoi plastronner non plus ! Ainsi, pour l’année 2019 sur laquelle se base l’étude de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), 346 810 personnes étaient à la tête d’une entreprise, dont 39% de femmes

Entreprises : seul un dirigeant sur quatre est une femme

La féminisation peine à investir le monde de l’entreprise… Photo DR

Encore faut-il s’entendre sur ce que signifie chef d’entreprise. En effet, il s’agit ici  aussi bien “du micro-entrepreneur qui exerce une activité de complament, que du dirigeant salarié qui gère une grande entreprise.” Au sein des entreprises individuelles (dont font partie les micro-entreprises), la parité “est quasiment atteinte” (44 %) précise l’Insee.

Alors qu’à la tête de sociétés (quel que soit le statut juridique de l’entreprise) les femmes “ne représentent par contre qu’un dirigeant sur quatre.” Et l’Insee de souligner que “à mesure que l’entreprise se complexifie (en taille, en statut juridique), leur présence s’amenuise…” Et elle est même “particulièrement faible” à la tête des SA et SAS, structures adaptées à des grandes entreprises, “où seule une société sur cinq est dirigée par une femme.”

Les cheffes d’entreprise de la région sont également moins bien rémunérées que leurs homologues masculins. L’Insee précise : “Les disparités sont plus faibles chez les gérants minoritaires de SARL.  Les femmes y perçoivent 84% du salaire” d’un homme au même poste. Mais “les écarts sont plus forts du côté des SA et SAS, avec des dirigeantes rémunérées à hauteur de 75% du revenu des hommes;”

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La législation se dote pourtant depuis plusieurs années de mesures favorisant l’accès des femmes aux postes à responsabilité (en particulier dans les entreprises de plus de 250 salariés). Ce qui permet à l’Insse de souligner que “la féminisation des hautes fonctions d’encadrement s’acropit avec la taille de l’entreprise.”

Un léger mieux dans le public… mais avec des nuances

En Occitanie, les femmes représentent 17% des directeurs et cadres des entreprises de 250 à 499 salariés. ET 25% de celles comptant plus de 1000 salariés. Malheureusement, “cette féminisation ne s’accompagne pas d’une réduction des inégalités salariales. Les écarts de rémunération restent très importants dans les grandes entreprises (où) une directrice ou une cadre touche en moyenne 66 % du salaire de son égal masculin…”

A un haut niveau, le secteur public est un peu plus féminisé que le privé. Les femmes occupent 41 % des 696 emplois de direction. Il faut cependant tempérer de résultat, car l’Insee expliqie : “Les femmes représentent qeulement 30% des emplois des fonctions publiques d’Etat et territoriales. A l’inverse, elles sont majoritaires dans la fonction publique hospitalière (54 %).”

La parité n’est donc pas acquise dans le secteur public, “alors même qu’il est très féminisé : 60% de femmes dans la ficntion publique territoriale, 63% dans la fcntion publique d’Etat et 77% dans l’hospitalière.” Avec toujours des inégalités de rémunération, cependant beaucoup moins marquées que dans le privé.

Plus de parité chez les jeunes… mais rien n’est acquis

Il existe cependant de bonnes raisons d’espérer que les choses évoluent. Ainsi, l’Insee constate que “la féminisation des postes à responsabilité est plus forte pour les jeunes générations que pour les plus âgées. Dans les SA ou SAS, les femmes représentent 24% des dirigeants de moins de 30 ans, contre 20% des 50 ans ou plus. Et chez les entrepreneurs individuels, 62 % des moins de 30 ans” sont des femmes, contre 40% des 50 ans ou plus.

Les femmes assument encore plus des deux tiers des tâches domestiques et parentales… Photo DR

Mais attention ! Rien décidément n’est jamais définitivement acquis dans ce domaine. Selon une étude du Céreq (Centre d’études et de recherches sur les qualifications) de 2020, alors que la part des femmes devenues cadres au cours de leurs premières années de vie active s’avère équivalente à celle des hommes, “elles continuent d’accuser un retard sensible dès qu’il s’agit d’accèder à un poste à responsabilités…”

Car on en revient bien vite aux vieux préjugés. Toujours selon ette étude : “La prépondérance des hommes sur ces postes et le présupposé d’un rapport au travail plus discontinu chez les femmes, du fait de leur implication dans la sphère domestique et familiale (…) peuvent susciter des comportements discriminatoires à leur égard.”

En bref, il y a encore du travail !

Philippe MOURET

“Une situation très structurelle…”

Hervé Le Grand est responsable du service études et diffusion de l’Insee Occitanie.

Sur quoi vous vous êtes basés pour faire cette étude ?

Hervé Le Grand, Insee Occitanie. DR.

Sur les déclarations sociales des entreprises et leurs données administratives. Ce sont des données assez stables partout en France. Les résultats en Occitanie sont quasiment les mêmes qu’en métropole, hors Île-de-France : par exemple, les femmes sont 21,6 % à être dirigeantes d’une SA ou d’une SAS en Occitanie et 20,8 % à être dirigeantes en moyenne en France. Et même quand on compare l’Occitanie à ses 13 départements, c’est à peu près partout le même ordre de grandeur.

Nous avons réalisé cette étude avec la Région Occitanie. Elle s’inscrit dans un partenariat plus large sur les indicateurs de développement durable. Le 8 mars dernier, nous avons sorti une première partie sur la parité chez les élus.

Pourquoi cette situation ?

La parité est d’abord étroitement liée à la répartition des tâches au sein des ménages et qui rejaillit ensuite sur leur carrière professionnelle. C’est une situation très structurelle qui évolue très lentement dans la société. Selon les dernières études, 71 % des femmes assurent la plupart des tâches ménagères et 65 % s’occupent principalement de leurs enfants.

Les jeunes générations iront-elles vers plus de parité réelle ?

Nous remarquons un progrès mais il faut attendre une confirmation. Comment vont-elles entamer leurs carrières professionnelles ; comment les enfants seront-ils gérés dans le ménage, etc.

Après le mouvement #Mettoo, l’obligation de parité dans la vie politique, notamment aux législatives ; dans les instances du cinéma ; dans le monde sportif ces dernières années, on sent une vraie volonté politique qui se heurte à un mur invisible…

C’est vrai. Il y a aussi eu la mise en place d’un index de l’égalité dans le secteur privé pour les entreprises de plus de 250 salariés où il existe davantage de parité et d’égalité salariale que dans les petites structures. Encore une fois, c’est une situation qui évolue très lentement de part sa situation structurelle.

Propos recueillis par Olivier SCHLAMA

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