Malgré l’action de l’EID, une météo de sud et les orages ont favorisé l’éclosion des moustiques communs et des tigres.
Canicule et moustiques, combo de l’été ? Selon plusieurs sources météo, dont Météo France, c’est la première alerte – jaune – canicule de l’été. Pendant plus de trois jours et trois nuits, les températures minimales, dans le bassin de Thau ne fléchiront pas en-dessous de 25 degrés, la nuit, et pourront atteindre les 37 degrés la journée. Quant au corollaire de cette première grosse chaleur – l’été, avec l’élévation des températures et une lumière du jour davantage présente, les larves mettent quatre à cinq jours pour devenir moustiques piquants au lieu de trois semaines – le moustique trouve des conditions très favorables en Languedoc à son développement.
“L’éclosion de tous ces œufs en même temps, en raison de leur submersion, génère des densités larvaires très importantes”
Les larves sont très réactives à la présence de l’eau et éclosent vite dans ce contexte. C’est ce qu’explique Jean-Claude Mouret, coordinateur opérationnel de l’Entente interdépartementale de démoustication (EID). Et comme le précise l’EID : “Accumulés sur des sols secs de zones humides, de grandes quantités d’œufs de moustiques nuisants ont éclos sous l’effet des coups de mer. L’éclosion de tous ces œufs en même temps, en raison de leur submersion, génère des densités larvaires très importantes.” Et des piqûres d’ici les quinze prochains jours.
Avec des nuisances pouvant être importantes localement comme à l’ouest de l’étang de Leucate et de Salses, au nord des P.-O. et au sud de l’Aude, le littoral audois autour du Grau de la Vieille Nouvelle, le littoral héraultais sud, l’embouchure du Grand-Rhône, ou encore autour de l’étang de Berre.
Mise en eau de zones temporairement submersibles
Serait-ce les prémices d’un été à moustiques ? “C’est difficile de le prévoir ; à cause d’autres paramètres comme le vent du Nord : s’il souffle, cela atténuera la gène ressentie…” En tout cas, la première condition est remplie : la mise en eau, comme disent les spécialistes, des bords d’étangs ; des bords de mer, etc. ; par des coups de mer répétées aidées par des vents de Sud le niveau de la Méditerranée et des étangs est remonté.
Ces petites zones humides, temporairement submersibles du littoral ou tout proche, favorisent l’éclosion du moustique commun, rural, qui pond à même le sol. C’est, accessoirement, pour lutter contre le moustique traditionnel que l’EID a été créée il y a 60 ans. C’est pour cela que l’organisme a relancé tous les moyens, aériens et terrestres, à sa disposition pour en limiter la portée.
Le moustique-tigre lui aussi favorisé
Sommes-nous dans une configuration identique à l’été dernier où les nuées de moustiques avaient infesté la région ? “Effectivement, nous pourrions nous situer dans cette même configuration mais ce n’est pas sûr. Il y a d’autres éléments à prendre en compte pour savoir si la gène sera ou non importante.”
Quant au moustique tigre, le moustique des villes et de l’apéro, qui ne sait pas voyager seul au-delà des 150 mètres – il vole très mal – lui aussi est favorisé mais par les orages précédents. “Il suffit d’un pneu qui traine, d’un récipient dans un jardin, etc., et les oeufs éclosent là aussi rapidement. Et les femelles y pondent aussi immédiatement. Attention aussi, la gêne peut être occasionnée par d’autres insectes que le moustique comme les naissains de chironome, un diptère qui ne pique pas, ou les moucherons qui, eux piquent et contre lesquels il n’y a pas de lutte engagée…”
L’EID a traité plus de 1 000 ha au BTI ces derniers jours
Les traitements réalisés par l’EID Méditerranée ces derniers jours (près de 1 050 hectares au cours de la semaine du 19 juin, y compris le week-end dans certains secteurs), à l’aide de moyens terrestres et aériens, sont opérés avec un insecticide biologique, le BTI, seul autorisé qui n’agit que sur les larves des moustiques. “Du fait de plusieurs facteurs, comme la force du vent, l’efficacité n’est pas de 100 % en toutes circonstances. Ramené aux densités initiales, le pourcentage manquant, même faible, génère parfois des émergences résiduelles de moustiques adultes (aedes caspius), pouvant susciter durant une quinzaine de jours des nuisances localisées d’intensité variable”, explique-t-on encore à l’EID.
Olivier SCHLAMA
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