Faune et flore exceptionnelles dans un décor de lagunes, tourbières et prairies d’alpage tout aussi somptueuses… Vautours, Desman des Pyrénées, orchidées… Jusqu’en décembre s’étalent des dizaines de sorties dans un département parmi les plus riches de l’Hexagone en terme de biodiversité ! En route avec Francis Morlon, vice-président du département de l’Aude, coordinateur de ce programme rare.
Les ornithologues et naturalistes s’accordent là-dessus : l’Aude est l’un des départements les plus riches tant sur le plan des espèces, des paysages naturels, de la flore, la faune… Vice-président EELV du conseil départemental délégué à la transition écologique, Francis Morlon confirme cette cote d’amour : “C’est d’une richesse assez exceptionnelle en France, y compris d’espaces naturels sensibles. Du coup, il y a maintenant 12 ans le département a initié un programme pour amener les habitants et les visiteurs dans la nature à découvrir les pépites de notre territoire. Je suis, personnellement, arrivé dans ce merveilleux département par cette découverte-là.”
Parc naturel de la narbonnaise et Gée-Aude
Celui qui est aussi chargé de mission (et ex-directeur départemental) à la LPO ajoute : “Pour se faire, nous nous sommes tournés naturellement vers des acteurs de ce territoire, comme le parc naturel régional de la narbonnaise et son réseau d’associations qui accueillent sur leur territoire des visiteurs tout au long de l’année. Il y a aussi le réseau Gée-Aude, une association d’éducation à l’environnement, qui regroupe une soixantaine d’associations qui oeuvrent dans l’éducation populaire et à l’éducation à l’environnement et au développement durable. Chacun propose, ainsi, en fonction de leurs thématiques, leurs affinités, leur territoire de prédilection, une approche de la nature.”
Bivouaquer, observer étoiles et chauves-souris
Au fur et à mesure des éditions et des années, le programme, baptisé Découvrons ensemble les espaces naturels sensibles de l’Aude, s’est étoffé pour atteindre cette année pas moins de 160 animations ICI ! Débutées ce mois-ci, elles s’étalent jusqu’en décembre prochain. C’est un programme de 160 sorties gratuites pour découvrir la richesse naturelle audoise. De jour et parfois de nuit ! Comme la possibilité de bivouaquer et d’observer des étoiles et des chauves-souris. Le programme est éclectique et propose des sorties sur des plages audoises jusqu’aux plus hautes cimes de l’Aude ; de la découverte du scorpion fluorescent à celle des oiseaux colorés.
Canal du Midi, senteurs de la garrigue…
On ne peut pas oublier “l’exceptionnelle flore du territoire”, des plantes du sel aux aromatiques des garrigues, en passant par un échantillon des 90 espèces d’orchidées ! C’est aussi l’exploration originale des paysages au moyen d’une balade à vélo sur la voie verte Canal du Midi-Montségur ou en kayak sur une lagune.
Après les oiseaux migrateurs, le 16 avril ou Montolieu, village du livre, point de départ idéal pour une splendide promenade au rythme des senteurs de la garrigue, vous pouvez, par exemple, participer à la chasse aux couleurs du printemps, mardi 2 mai, de 14 heures à 16 h 30, rendez- vous au parking de la mairie, à Nébias…
“On peut jouer avec d’autres sens : toucher, goûter de la végétation, celle qui se mange…”
Vautours à admirer à partir d’un observatoire à Bugarach ; le calotriton des Pyrénées à débusquer ; le rare Desman des Pyrénées à observer avant que cette espèce ne disparaisse dont Dis-Leur vous a parlé ICI ; le lézard ocellé mais aussi des paysages somptueux comme les lumineuses lagunes et étangs audois ; des sites rares comme le Roc de Cornillac, à Gruissan ; l’observatoire des oiseaux au Grand Castellou, à Narbonne… Les prairies d’alpage, tourbières… “On peut, aussi, partir en compagnie d’un ornithologue à quatre heure du mat’ ! Parmi mes préférées, il y a bien sûr la sortie où l’on fait un bivouac ; de partir jouer avec les sens : toucher, goûter de la végétation, celle qui se mange, bien entendu… Nous avons aussi des sorties accessibles aux personnes qui ont un handicap lourd. A noter que nos partenaires proposent souvent de belles amplitudes horaires.”
La plupart des sorties sur réservation
“C’est tout un travail de réseau pour parvenir à ce programme cohérent qui réponde à l’ensemble des thématiques.” Et qui intéresse largement : “En moyenne, on compte quinze à vingt personnes à chaque sortie. La plupart de ces sorties naturalistes se font sur réservation. Établir une jauge, c’est aussi une façon de ne pas trop déranger certains milieux fragiles ou qui ont besoin d’une certaine quiétude et garantir une certaines sécurité dans un environnement parfois changeant avec des risques d’orages, d’incendies, etc. Tout cela ne s’improvise pas. Ça se travaille en parlant de cette notion de comment on entre dans la nature ; quels sont les points de vigilance à observer ; le fait d’expliquer comment on va sur des sentiers pour qu’ensuite, aussi, quand les gens y retournent de leurs propres moyens, ils connaissent la manière d’appréhender un site. Idem pour un observatoire pour vautours ; pour aller admirer les orchidées…”
L’idée, c’est peut-être, à moyen terme de proposer des sorties sur l’ensemble de l’année. C’est, aussi, une question de moyens”
Francis Morlon, vice-président du département de l’Aude
C’est une action “ultra-positive” qui ne coûte pas des mille et des cents. Parfois-même, les associations qui participent à ce programme soutenu par le département de l’Aude, proposent en plus d’autres activités qui leur sont propres comme avec l’agglo de Carcassonne, du syndicat de Rivages vers Leucate, etc. Francis Morlon ajoute : “Nous ne visons pas seulement le public de saison. Nous travaillons bien sur l’ensemble de cette grande période. L’idée, c’est peut-être, à moyen terme de proposer des sorties sur l’ensemble de l’année. C’est, aussi, une question de moyens.”
Olivier SCHLAMA
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