JO 2024 : Sète, Millau et Montpellier se la jouent en équipe

L'équipe des USA de natation artistique. Ph. Olivier SCHLAMA

Une vraie dynamique semble animer les trois territoires qui accueilleront la flamme olympique le 13 mai 2024. Des équipes nationales visitent et testent les installations pour éventuellement s’y préparer, comme celle de natation artistique des USA qui prépare depuis Sète les Championnats du monde à Montpellier début mai.

“Oui, il y a un intérêt de plus en plus grand pour la population, encore davantage depuis que l’on a annoncé le passage de la flamme olympique chez nous (1)”, confie Emmanuelle Gazel, la maire de Millau (Aveyron), qui la joue en équipe avec la métropole de Montpellier et l’Agglopôle de Sète pour être – elles sont toutes trois labellisées Terres de Jeux – terres d’accueil des équipes nationales françaises ou étrangères qui se préparent en vue des JO de 2024. “Beaucoup de clubs et d’individuels participent d’un vrai engouement”, précise-t-elle.

Actions de sensibilisation tous azimuts

Sa commune organise, comme d’autres, des actions de sensibilisation tous azimuts, comme, prochainement, les mini-olympiades, les 15 et 16 mai, avec des scolaires de Sète et Montpellier. Il y a aussi eu une semaine olympique et para-olympique sur le thème de l’inclusion. En 2022, c’était l’environnement qui en était le thème. Il y a ce partenariat mais, aussi, parallèlement des actions envers les écoliers de primaire, les centres de loisirs ou le lycée Jugot labellisé Génération 2024.

“Samedis sport” pour faire vivre les JO

Ph. Agglopôle de Sète

À l’Agglopôle de Sète, ce terreau, on appelle cela les Samedis Sports. Le concept : ce sont des journées festives animées notamment par de grands clubs professionnels destinées à faire vivre et donner de l’épaisseur à ces Jeux Olympiques dans l’année qui les précède. Et qui font le plein, là aussi.

Chaque mois, une ville-étape

Jeux gonflables, filet de volley… À Vic-La-Gardiole (3 500 habitants), près de Sète, on a même été surpris samedi dernier par la fréquentation : “Plus de 1 000 personnes sont venues !”, s’enthousiasme Magali Ferrier. La maire, par ailleurs vice-présidente chargée des Sports de l’Agglopôle, rappelle que ce sont des demi-journées avec la venue de sportifs de haut niveau. En l’occurrence, les volleyeurs sétois de l’Arago, dans l’élite nationale, et des boulistes de la Boule d’Azur, club de Balaruc-les-Bains, là aussi de haut niveau, mais en pétanque. Chaque mois, une ville-étape.

L’équipe des USA de natation synchronisée à Sète

François Commeinhes et Magali Ferrier reçoivent l’équipe des USA de natation artistique. Ph. Olivier SCHLAMA

À Sète, ce vendredi 28 avril au matin, c’était l’équipe nationale des USA de natation synchronisée, atterrissant de Los-Angeles, qui faisait l’animation malgré elles, faisant crépiter les flashes. The place to be. Ces Ricaines qui ont appris en même temps à sourire continûment et à exceller dans leur discipline (elles jouent leur qualification olympique contre le Mexique, en novembre) ont choisi le complexe aquatique Raoul-Fonquerne pour ses installations. Toujours en représentation, elles testent le lieu avant de participer aux championnats du Monde de nat’ synchro à Montpellier, du 5 au 7 mai prochains. Elles sont allées faire un footing sur le Saint-Clair avant de s’entraîner dans le chlore.

“C’est une ancienne nageuse qui nous a parlé de Sète, ville faite pour le sport”

“Nous n’avons que quelques jours pour nous adapter au climat et aux neuf heures de décalage horaire”, indique la coach, mi-espagnole mi-française par “ma mère”. Andréa Fuentès ajoute, sans se départir de sa bonne humeur toute californienne : “C’est Christina Marmet, ancienne nageuse française, originaire de Montpellier, qui s’occupe de l’un des sites les plus importants sur la natation artistique, Inside Synchro, qui nous a parlé de Sète, une ville faite pour le sport. Du coup, on vient tester. On ne dit pas non pour ensuite préparer les Jeux Olympiques, à Paris.” A confirmer. Mais, déjà, quand les USA s’intéressent à un site, ça dope l’image d’une ville.

Et le bouche-à-oreille fait le reste ! Sète, comme Millau et Montpellier sont accompagnées quand même par un cabinet spécialisé. “On fait visiter nos installations et ensuite les équipes choisissent”, confirme Emmanuelle Gazel. À Millau, davantage spécialisée dans les sports dits nature, une délégation d’Afrique du Sud est ainsi venue “voir de près nos installations indoor et outdoor”.

Millau : nouvelle halle sportive, réhabilitation d’un complexe sportif, salle d’escalade “d’envergure nationale”

Inauguration de la halle sportive de Millau, avec Marie-Amelie le Fur. DR.

Ce ne sont pas à chaque fois les JO qui font réaliser des équipements qui étaient “insuffisants” mais cela leur a donné “un bon coup d’accélérateur” qui, de toute façon, aurait été donné. C’est le cas, signale Emmanuelle Gazel, “d’une nouvelle halle sportive inaugurée il y a moins d’un mois par Marie-Amélie Le Fur”, athlète handisport détentrice de neuf médailles lors de JO paralympiques. Et aussi : la réhabilitation d’un complexe sportif doté d’un bassin nordique de 50 mètres et d’un 25 mètres et d’une “salle d’escalade d’envergure nationale”, la rénovation d’un gymnase Paul-Tort qui ouvrira le 9 mai ; etc.

“Nous sentons les gens de plus en plus concernés”

Ph. Olivier SCHLAMA

De la même manière, à l’Agglopôle de Sète, qui met en avant les sports d’eau, Magali Ferrier explique que “nous sentons les gens de plus en plus concernés”. Ce territoire, tourné vers les sports d’eau, finit de se doter de piscines. Il existe déjà le centre Raoul-Fonquerne, à Sète, dont la fréquentation explose avec 131 200 entrées en 2022 (+ 30 % par rapport à 2021) ; celle de Gigean, ouverte en janvier, part aussi sur de bonnes bases, autour de 45 000 entrées sur l’année, au-delà des prévisions ; il va y avoir, en 2026, espère-t-elle, enfin une piscine digne de ce nom à Frontignan (20 000 habitants) qui devait faire avec sa vieille piscine tournesol. “Dans tous les cas, aucune ne dépassera les 10 M€ et nous avons en tête en permanence la sobriété énergétique“, promet Magali Ferrier.

Panneaux solaires à Sète et peut-être à Frontignan

Et puis, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI, il faut gérer le fonctionnement et limiter son déficit chronique, un fait commun à toute piscine en France. C’est pour cela que l’Agglopôle de Sète a équipé Fonquerne de panneaux photovoltaïques et ne s’interdit pas de le faire pour Frontignan. La température de l’eau a été abaissée d’un degré comme celle des douches. Et souhaite que la vidange annuelle de ses bassins n’aille pas aux égouts mais de plus en plus utilisée pour l’arrosage des espaces verts. “Et puis, nous avons été précurseurs en signant un contrat de performance avec Dalkia qui nous fait faire des économies, avec récupération de chaleur, etc. Le célèbre Cercle des Nageurs de Marseille est d’ailleurs venu voir ce que nous avions mis en place.”

Nouvelle-Zélande, Cuba, BMX…

Peut-être est-ce un argument supplémentaire pour faire définitivement craquer l’équipe nationale de triathlon d’Afrique du Sud… Montpellier aura leurs équipes de natation. “La Suisse est déjà venue s’entraîner à Fonquerne et nous sommes en pourparlers avec l’équipe de triathlon de Nouvelles-Zélande et l’équipe nationale de volley de Cuba”, la plus spectaculaire à voir avec la France. L’équipe nationale de judo du Kazakhstan sera en stage à Mèze en juillet. Il n’est pas impossible que des délégations de BMX échoient à Montpellier.

“Tous les territoires qui se sont montrés préposés à agir, sont mobilisés”

Les mini-olympiades, à Millau. DR.

Christian Assaf, l’élu chargé du dossier à la Métropole, dit : “On sent un frémissement d’intérêt de la population. Tous les acteurs commencent à se mobiliser. Des délégations nous appellent et les demandes de renseignement sont de plus importantes autour de l’arrivée de la flamme. Ce n’est pas l’euphorie des grands jours, soyons honnêtes, m’enfin, on commence à y entrer.”

L’élu de la Métropole de Montpellier détaille : “Tous les territoires qui se sont montrés, qui se sont signalés comme prédisposés à agir, sont aujourd’hui mobilisés. C’est vrai. On le voit dans les écoles, les clubs de sport, amateurs ou pros. Le MHB est par exemple très actif pour que des équipes de rugby d’Argentine, du Brésil puissent venir faire leur stage de préparation à Montpellier. Tous les acteurs sont mobilisés pour que nous ayons notre part de JO. Il y a même des artistes qui veulent participer, à la cérémonie de la flamme par exemple. On n’en est pas encore là mais la question de la fan zone, à Montpellier, se posera d’ici les JO, dans un an.”

Ce partenariat a beaucoup apporté à chacune des trois collectivités. Il y a une dynamique commune…”

Christian Assaf  ajoute : “Hier, à Vendargues, par exemple, des mini-olympiades étaient organisées avec des gamins de la métropole ; il y a également des écoles primaires de la ville inscrites dans un dispositif de sensibilisation, le mercredi. Il commence à y avoir un engouement. On a eu l’équipe nationale de natation artistique d’Ukraine qui n’a, certes pas déchaîné les foules, mais bon. L’équipe nationale de handball du Brésil présente cette semaine à Montpellier, elle, vient de confirmer qu’elle viendrait s’entraîner à Montpellier en cas de qualification aux JO ; il s’agit quand même d’une centaine de personnes à chaque fois.”

Christian Assaf ajoute :Ce partenariat a beaucoup apporté à chacune des trois collectivités. Il y a une dynamique commune. Montpellier a une image sportive mais urbaine ; Millau, ce sont les grands espaces et Sète, la façade maritime. Et, pour Sète et Millau, Montpellier est une formidable locomotive. Quand nous recevons une délégation, on leur montre nos installations et, ensuite, on leur parle de nos copains Sétois et Millavois. On déroule la bobine comme avec l’Afrique du Sud.”

A Millau, ph. DR.

Certaines nations ne viendront sans doute pas dans la région parce que s’installer à Paris, c’est l’acmé, y compris au niveau de la sécurité. Et aussi : “Pour certaines nations, c’est tout ou rien. Israël, la Chine ou les USA, par exemple, toutes les disciplines viennent ensemble ou ne viennent pas.” L’équipe nationale de handball du Brésil ne s’installera pas forcément au même endroit que son homologue du foot.

L’Agglopôle aide clubs et sportifs de haut de niveau

Et ce partenariat original entre Millau, Montpellier et Sète se prolonge delà du sportif : “Cela va jusqu’à la santé avec le CHU de Montpellier…” Justement, Christian Assaf confirme que des médecins et professeurs du CHU, en effet, assument des permanences de spécialités, à Millau. Qui pourraient se pérenniser comme les Samedis Sport sur l’Agglopôle de Sète. La collectivité a aussi obtenu la compétence sport de haut niveau. À ce titre, elle aide quatre clubs : l’Arago de Sète, la Boule d’Azur, Frontignan handball et le water polo sétois moyennant un enveloppe globale de 1,3 M€ cette année.

Et aide aussi des sportifs de haut niveau, avec une enveloppe totale de 15 000 €. “Quatorze dossiers ont été déposés cette année, contre 9 en 2022.” Avec une possibilité de médailles dès les prochains JO. Probable pour la Frontignanaise Marianne Beltrando, en BMX ; espérée pourle Poussanais Tom Sanfilippo qui excelle en course à pied ou encore pour la Mirevalaise Mathilde Descoux, championne de France junior du 400 mètres. Et qui sait si le prochain parcours de 66 km pour VTT balisé dans la Gardiole avec trois niveaux de difficulté et avec six entrées (Sète, Frontignan, Fabrègues, Balaruc-les-Bains, Gigean et Mireval), inauguré en juin ne produira pas un jour ses champions…

Olivier SCHLAMA

(1) La flamme olympique bénéficie d’un énorme capital sympathie. Arrivant des Bouches-du-Rhône, elle devrait illuminer le Saint-Clair, à Sète. « On aimerait la faire passer par le littoral, l’étang de Thau », confie Magali Ferrier. Chaque commune retenue en aura la présence sur un kilomètre maximum avec des porteurs qui se relaieront tous les deux cents mètres. « L’idée c’est qu’elle soit portée à Sète, Millau et Montpellier dans la même journée, à priori le 13 mai 2024 ». Pour choisir les relayeurs locaux, les communes pourront proposer des noms mais le Cojo aussi et procéder à un tirage au sort. Compliqué !