C’est (aussi) à l’arrière des voitures, tout à côté de la plaque minéralogique, que s’affirme l’identité catalane. Son symbole ? Un âne noir sur fond de drapeau “sang et or” qui s’est imposé en quelques années. Cette race d’ânes, très ancienne est pourtant encore en danger d’extinction. Et un dossier de reconnaissance officielle a été lancé pour sauver la race.
“Afin de faire reconnaître l’âne catalan au niveau national, un recensement des ânesses et des reproducteurs a été entamé et un recueil historique de cette race, dont on retrouve la trace depuis Pline l’Ancien (1er siècle avant JC), est en cours de constitution”, explique l’association #AgriDemain qui définit la race :
“Avec un pelage ras et noir, l’âne catalan ou El Guara Catala est d’un caractère très facile, de grande taille (entre 1,45 m et 1,65 m au garrot) et peut peser jusqu’à 500 kg. Il est également très puissant. C’est une race endémique de la Catalogne, qui a été exportée dans de nombreux pays et qui est l’ancêtre des fameux ânes du Kentucky, aux USA.”
Un auxiliaire de qualité pour l’agriculture
La France compte aujourd’hui officiellement huit races d’ânes : l’âne du Bourbonnais, de Provence, des Pyrénées, du Cotentin, l’âne grand noir du Berry, l’âne normand, le Baudet du Poitou et depuis juin 2020, l’âne corse. Le dossier de reconnaissance de l’âne catalan constitue une démarche indispensable pour tenter de sauver la race, considérée comme en danger d’extinction.
Elle a été le fleuron de la Catalogne et comptait environ 50 000 têtes. Charles IV d’Espagne en offrit même quelques spécimens en cadeau à George Washington. Mais, de nos jours, ne restent que 500 exemplaires de race pure (dont une centaine seulement, en France). Et seulement deux élevages exclusifs : l’Asinerie Kuleni, à Ponteilla, dans les Pyrénées-Orientales, et celui de Joan Gasso, un éleveur de Fuïves, près de Barcelone. Ces deux élevages participent ensemble, grâce à des échanges génétiques entre eux, à maintenir la race.
C’est Delphine Danat, ingénieure écologue de formation, qui est aux manettes de l’Asinerie Kuleni. “Reconnaître cette race, dit-elle, c’est reconnaître son apport essentiel à l’histoire de la Catalogne, au patrimoine régional, de par sa contribution au façonnage du paysage et au maintien de la biodiversité notamment. Mais l’âne catalan ne pourra être véritablement sauvegardé que si son utilité en agriculture est mise en avant” expliquait-elle récemment.
Puissant et travailleur, l’âne catalan peut être un auxiliaire essentiel dans le cadre d’une agriculture écologique. Un sujet qui devrait lui être favorable.
Mobilisation des deux côtés des Pyrénées
Des deux côtés des pyrénées on s’engage donc pour la préservation de cet âne exceptionel. Le Centre d’Etudes Régionales de Banyoles (Catalogne) a publié en 2010 “La récupération de l’âne catalan. Aspects culturels et biologiques”, dans lequel on trouve ce rappel historique : “En 1978 et dans le cadre des événements de la Foire de Sant Martirià de Banyoles, deux vétérinaires, Pere Comas et Esteve Bosch, ont organisé un concours spécial de guarans et someras dans le but ultime d’attirer les éventuels animaux restés dans la région (…) le livre des records de race a été rouvert et, le même jour, ils ont fondé l’AFRAC, l’Associació del Foment de la Raça Asinina Catalana (basé à Ponteilla en Catalogne Nord, NDLR), dans le but de la protéger,”
Chaque année, au mois de septembre, la petite commune de Baillestavy (Pyrénées-Orientales) a sa fête de l’âne. l’animal est par ailleurs l’emblême de la ville de Pia, dans le même département. On espére donc que l’âne catalan va être rapidemet reconnu et pas seulement sur des autocollants à l’arrière des voitures !
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Philippe MOURET
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