Animad’Oc (1) : Le Patou des Pyrénées, “outil de travail millénaire”

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Le Patou est un chien de troupeau avant tout, et a besoin de grands espaces. Mis en lumière par la série télévisé des années 60 Belle et Sébastien (puis le film éponyme de 2013) le Chien des Pyrénées vedette de l’écran, au même titre que Lassie ou Rintintin, reste donc avant tout un “outil de travail millénaire” du pastoralisme en Occitanie. Portrait :

L’utilisation traditionnelle de ces chiens avait quasiment disparu avec la raréfaction des grands prédateurs au début du XXe siècle. Mais avec, notamment,  la forte augmentation du nombre de chiens divagants, le renforcement de la population d’ours dans les Pyrénées, la préfecture de la région Occitanie précise dans un dépliant que “le Patou représente à nouveau, pour les éleveurs et les bergers, une aide précieuse pour la protection des troupeaux.”

Comme le rappelle la RACP (lire en note) “célèbre hors de ses Pyrénées dès 1675 pour avoir été adopté à la cour de Louis XIV, il est dès lors apprécié autant pour ses qualités de chien de compagnie que pour son allure altière et ses capacités de garde.” On a forcément envie d’aller plonger les mains dans ce pelage immaculé. Pourtant, si vous le croisez, restez prudent

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Le Patou fait partie intégrante du troupeau

Né en bergerie, le chiot tisse très tôt des liens affectifs très forts avec les moutons : leur relation s’établit jusqu’à une acceptation totale et réciproque. Après quoi le chien vit de manière permanente au sein du troupeau : l’été en montagne et l’hiver en bergerie. Ces liens le conditionnent pour réagir instinctivement à toute agression
contre le troupeau.

Un autre type de chien sert à diriger ou à rassembler le troupeau : c’est le chien de conduite, qui reste en compagnie du berger. Au contraire, le chien de protection est autonome. Comme le précise la direction régionale de l’Environnement (DREAL), “il accompagne son troupeau et veille sur lui sans relâche, nuit et jour. Pour exercer sa vigilance, il crée une zone de protection autour du troupeau, se tenant prêt à éloigner tout intrus : animal sauvage, chiens non tenus en laisse, etc.”

Un chien de protection avant tout

Ces chiens ne sont pas éduqués pour l’attaque mais pour la dissuasion : leur corpulence et leurs aboiements sonores tiennent en respect les prédateurs. “Dès qu’il sent un danger, le chien de protection s’interpose entre l’intrus et le troupeau en aboyant. Il donne ainsi l’alerte aussi bien pour les brebis que pour le berger. Mais c’est surtout une mise en garde qui signale à l’intrus sa présence : si ce dernier n’en tient pas compte, le chien peut alors aller jusqu’à l’affrontement.”

L’irruption de tout élément étranger au troupeau (animal sauvage, chien non tenu en laisse, promeneur, VTT…) peut troubler la quiétude du troupeau, perturber sa
bonne marche et le travail du berger : “elle met donc le chien de protection en alerte. A votre approche, le patou vient alors vous flairer pour vous identifier. Après quoi, il regagne son troupeau. Parfois il peut aussi tenter de vous intimider“, souligne la DREAL.

Pour les éviter, à l’approche d’un troupeau de moutons, quelques conseils : si vous croisez un troupeau, contournez largement l’aire de pâturage ou de repos des brebis. Vous respectez ainsi le travail des bergers sans perturber les animaux. Un conseil  ; attention aux comportements qui vous semblent anodins (tenter de nourrir, caresser, prendre en photo un pastou, un mouton, un agneau…). Les chiens de protection peuvent les interpréter comme une agression.

Adoptez “un comportement calme et passif”

“Face à un chien de protection, conseille la préfecture de la Région Occitanie, adoptez un comportement calme et passif pour le rassurer. Si vous êtes impressionné, faites lentement demi-tour. Et surtout, surtout, ne criez pas, ne jetez pas de pierre, ne menacez pas de votre bâton…”

Si la présence de votre chien de compagnie est autorisée sur l’espace que vous fréquentez, tenez-le en laisse et restez à grande distance du troupeau (150 à 200 mètres). Vous éviterez ainsi qu’il ne déclenche une intervention dissuasive des patous. Si vous êtes à vélo, il est préférable d’en descendre avant d’être à proximité d’un troupeau.

Enfin, sachez que de grands panneaux informent de la présence de ces chiens, il faut juste penser à les repérer afin d’adapter votre attitude à celle des usagers permanents de votre lieu de vacances. Ainsi, chacun sera plus détendu.

Philippe MOURET

Découvrez la Réunion des amateurs de chiens pyrénéens (RACP) : https://www.chiens-des-pyrenees.com/

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