L’Unesco vient d’inscrire la transhumance au patrimoine culturel immatériel de l’humanité et le pastoralisme à l’ancienne redevient une solution appréciée pour l’entretien des terres ou la prévention des risques d’incendie. Chaque année en Occitanie, première région ovine de France, plusieurs transhumances sont organisées, principalement dans les Pyrénées (Ariège, Hautes-Pyrénées) et vers le plateau de l’Aubrac (Lot, Aveyron, Lozère). Et la filière ovine s’organise pour susciter des vocations…
Si l’on questionne les Français sur ce qui peut motiver un jeune à exercer le “plus vieux métier du monde“, ils pensent à 75% que c’est le lien avec la nature, 66% pour la relation avec les animaux, 57% pour la vie à la campagne et 48% pour le fait d’être autonome (*)… Et c’est effectivement pour toutes ces raisons, que des jeunes choisissent ce métier.
Les 15e Ovinpiades au Salon de l’Agriculture, à Paris
“Mais également, souligne-t-on à l’Interbev Ovins, parce que, pour s’installer, les investissements nécessaires sont modérés et le retour sur investissement est rapide. Et aussi parce que la filière ovine permet une bonne rentabilité (politique agricole commune favorable, bon maintien des prix, demande supérieure à l’offre) et un choix varié de débouchés (nombreuses possibilités de conduites d’élevage, démarches de qualité, etc).”
Dans les prochaines années, plus d’un éleveur de brebis sur deux partira à la retraite. On peut s’en inquiéter, ou voir là une opportunité pour dynamiser la filière. Ainsi, à l’occasion du Salon international de l’Agriculture, à Paris (du 22 février au 1er mars), dans le cadre du programme Inn’Ovin (**), Interbev Ovins et l’ensemble de la filière ovine organisent les 15es Ovinpiades des Jeunes Bergers. Lors de ce concours qui s’adresse aux jeunes de 16 à 24 ans, élèves dans un établissement agricole, “le métier d’éleveur de brebis dévoile ses atouts pour susciter des vocations.”
Une finale nationale le 22 février pour 40 sélectionnés
Des sélections territoriales ont permis de sélectionner les meilleurs candidats de chaque région. Les deux candidats arrivés en tête du classement de la finale territoriale auront la chance de conquérir le titre de Meilleur Jeune Berger de France 2020, lors de la finale nationale, le samedi 22 février, au Salon de l’Agriculture.
Pour remporter le titre et gagner une brebis de race afin de débuter un élevage, les candidats devront réussir une série d’épreuves inspirées des gestes quotidiens de l’éleveur, comme trier des brebis à l’aide d’un lecteur électronique, apprécier la santé d’une brebis, évaluer son état corporel, lui parer ses onglons (sabots des ruminants, NDLR) ou encore choisir le bélier le plus qualifié… A l’occasion de cette 15e édition, les anciens meilleurs jeunes bergers seront membres du jury.
Rencontre entre bergers et numérique
Le hackathon pastoral réunira 75 personnes d’horizons différents lors du Salon International de l’Agriculture de Paris. Durant tout un week-end de travail et de partage, les mondes du pastoralisme et du numérique se rencontreront pour penser et produire des outils novateurs.
Le hackathon aura lieu du vendredi 21 février à 19 h au dimanche 23 février à 21 h au cœur du Salon (Paris Expo, Porte de Versailles) avec pour objectif de développer les outils numériques dont le pastoralisme a besoin en mettant en relation un groupe de développeurs, de spécialistes des réseaux sociaux et des outils numériques, réunis pour faire de la programmation informatique collaborative. Seront également abordées les problématiques de chaque pays de pastoralisme avec la présence des associations d’éleveurs et de bergers européens.
Alimentation, biodiversité, réglementations
Autour des quatre thématiques majeures de la transhumance : l’alimentation (lien entre la demande croissante de produits sains, issus d’élevage en plein air et la capacité des élevages pastoraux à répondre à ses besoins et à le faire savoir); le volet social et culturel du pastoralisme : transmission des savoirs, mais aussi conditions de travail et innovation. Sans oublier la biodiversité et les répercussions des régimes de protection de l’environnement sur les activités pastorales (y compris en ce qui concerne les prédateurs). Enfin, la prise en compte du pastoralisme dans les politiques nationales et régionales de soutien à l’élevage.
Philippe MOURET
(*) Enquête d’opinion sur le métier d’éleveur de brebis, réalisée par Opionionway pour la CNE (Confédération Nationale des Eleveurs), en novembre 2019, sur un échantillon de 1000 répondants.
(**) Avec le programme Inn’ovin, la filière se mobilise pour relever les défis de demain. L’objectif est de créer plus d’emplois sur l’ensemble du territoire pour satisfaire la demande en agneaux et en lait de brebis, de rendre ce métier plus attractif en permettant à l’éleveur de dégager un meilleur revenu et de travailler dans de meilleures conditions. 4 axes de travail prioritaires sont définis, sur le terrain : favoriser les installations, accroître les performances techniques et économiques des exploitations, améliorer les conditions de travail et produire durable.
Les chiffres en Occitanie (*)
L’élevage ovin occupe une place de choix dans la production agricole en Occitanie. Avec ses 2,25 millions de brebis, soit le tiers du cheptel national, et ses 11 000 éleveurs dont 8 800 allaitants et 2 200 laitiers, l’Occitanie est en effet la première région ovine de France. Plus de 70 % des élevages sont situés en zone de montagne.
L’activité ovine permet de valoriser les territoires variés de cette grande région. Les éleveurs ont su tirer profit de la diversité des territoires pour façonner des systèmes adaptés à leur environnement : pastoraux dans les causses du Lot ou de Lozère, transhumants dans les Pyrénées ou les Cévennes, intensifs dans les ségalas du Tarn et de l’Aveyron…
L’Aveyron est d’ailleurs le premier département ovin de France avec plus 531 000 brebis laitières et 100 000 brebis allaitantes. Le bassin de Roquefort réunit la majorité des éleveurs laitiers de la région. D’autres petites laiteries se sont développées en marge de la zone de Roquefort, en plus d’une montée en puissance du bio. Le reste de la production est valorisé en transformation fermière, notamment dans les Pyrénées-Orientales. Le cheptel allaitant est concentré principalement sur les quatre départements du nord de la région : Lot, Aveyron, Tarn, Lozère. Il est également présent en Ariège et dans les Hautes-Pyrénées. Le Lot possède à lui seul le quart des effectifs régionaux..
La filière régionale se caractérise par la place importante accordée aux signes officiels de qualité. Un grand nombre de labels a en effet été mis en place : Label Rouge avec l’Agneau fermier des pays d’Oc, l’Agneau Lou Pailhol, l’Agneau fermier “Sélection des bergers”, l’Agneau laiton, El Xaï, l’Agneau fermier du Quercy, l’Agneau de l’Aveyron, AOC avec le Mouton Barèges-Gavarnie, et enfin, IGP avec l’agneau de Lozère Elovel.
(*) Source : le site Les éleveurs face au loup. et Chambre d’agriculture d’Occitanie.
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